Soutenez

Arsenic dans l’air: les autorités se veulent rassurantes

L’analyse, réalisée par la firme Hatch dans le cadre d’une demande de permis de CCR à la Ville de Montréal, révèle que deux substances dépassent les normes gouvernementales de qualité de l'air: l’arsenic et le dioxyde de soufre. Photo: Capture d'écran Google Maps

Le maire de Montréal-Est Robert Coutu s’est déclaré « très satisfait » de la rencontre d’urgence tenue avec le directeur général de l’affinerie CCR, suite aux révélations du bureau d’enquête de TVA à l’effet que le taux d’arsenic dans certains secteurs de la ville dépasse les normes du ministère de l’Environnement du Québec.

Selon un avis émis par la Direction régionale de santé publique de Montréal (DRSPM), et déposé sur le site web de l’organisme le 4 septembre, la concentration d’arsenic aux alentours de l’usine de transformation de cuivre de la rue Durocher atteindra en 2018 le double de la limite permise par le ministère.

La situation s’améliore toutefois : en 2011, les émanations se situaient à 4X le seuil maximal.

Le Dr. David Kaiser, médecin spécialiste à la DRSPM, souligne que le rapport précise clairement que le risque pour la population est très faible. « Ce que cela veut dire, c’est que l’on ne peut même pas, avec le niveau actuel, estimer un risque pour les problèmes de santé à long terme tant il est faible. »

La DRSP considère toutefois que des actions concrètes doivent être mises en place afin que la population ne soit pas exposée de façon chronique à des concentrations plus élevées que la norme et que les concentrations n’augmentent pas au fil du temps.

Un manque de communication

Robert Coutu, qui déplorait avoir été tenu dans l’ignorance quant à l’existence même de l’avis de la santé publique qui lui a été révélée par les médias, affirme avoir fait avec l’entreprise un mea culpa à cet effet. « Nous aurions dû avoir été au courant depuis des années », souligne-t-il.

« Comme le dit le maire, on aurait dû mieux communiquer, certainement », admet Bob Leclair, directeur général de l’Affinerie CCR, joint par téléphone après sa rencontre avec M. Coutu, et qui assure « travailler sur ce projet en toute transparence, avec le ministère de l’Environnement et avec la Ville de Montréal. »

Le maire montréalestois assure qu’il a « créé une filière », et qu’il assurera à partir de maintenant un suivi mensuel avec l’affinerie.

Les réponses obtenues, selon Robert Coutu

Le maire s’est déclaré « très rassuré au niveau de la santé publique. Il y a toujours place à l’amélioration, souligne-t-il, mais des efforts sont entamés depuis 2010. Un plan est en place. »

Coutu affirme avoir demandé à ce que les normes soient respectées, ainsi que « que tout ce à quoi elles sont reliées, que ce soit en tant qu’acceptabilité sociale ou de compte-rendu qui doivent être faits. »

Des investissements d’une valeur de 28 millions auraient déjà été engagés pour atteindre les objectifs environnementaux.

Le dirigeant de CCR souligne qu’un dépoussiéreur sera mis en place cette année, suite à un projet pilote de 2 millions de dollars. « Nous devrons maintenant l’opérer dans des conditions d’hiver comme d’été, donc presque 1 an, avant de pouvoir démontrer son efficacité dans toutes les conditions. »

L’avis du DRSPM prenait cependant déjà en compte cet ajout pour son calcul des émissions 2018. « Bien sûr qu’on ne peut faire de miracle pour 2018, estime Robert Coutu. Mais après notre rencontre, nous sommes convaincus que les normes seront atteintes rapidement, et que si ce n’est pas le cas après la mise en place du dépoussiéreur, l’entreprise continuera d’investir pour y arriver. »

Dimitri Tsingakis, directeur général de l’Association Industrielle de l’Est de Montréal, qui était également présent à la réunion, s’est également déclaré rassuré. « Je n’avais pas de doute cependant, parce que je connais bien CCR. Mais je suis content que l’on puisse partager l’information et rassurer les gens. »

De nouvelles stations de mesure

L’avis de la santé publique recommande également la mise en place de deux nouvelles stations de mesure des concentrations ambiantes des métaux, principalement l’arsenic, afin de mieux caractériser l’exposition de la population.

Le maire Robert Coutu affirme qu’il suivra de près l’installation de ces deux nouvelles stations. « CCR nous ont assurés qu’ils en installeraient une en aval, et une en amont de l’usine, et je vais m’assurer que ce soit fait. » Les endroits restent toutefois à déterminer.

La station existante, située au Centre Récréatif Édouard-Rivet, qui avait été retirée le temps des rénovations, sera également replacée.

Et les travailleurs de l’usine?

L’avis de la DRSPM ne contient pas de données concernant les taux d’arsenic à l’intérieur de l’usine.

Le Dr Kaiser, explique que le rapport répondait à une demande du ministère de l’Environnement, qui portait sur la situation à l’extérieur. « Je ne pourrais donc répondre à la situation précise par rapport à l’intérieur de l’usine. »

Le directeur général de l’Affinerie, Bob Leclerc, assure toutefois que leurs « normes sont 10X plus sévères que ce qui est imposé par la Santé et Sécurité au Travail ».

Il affirme qu’il n’y a jamais eu de cas de maladies causées par l’exposition à l’arsenic dans l’usine, bien qu’elle soit en opération depuis 1931.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.