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Résidence Bellerive : l’évacuation est « terrible »

L’évacuation de la résidence privée Bellerive a été salutaire, mais source d’anxiété pour les résidents aînés et leurs proches. Ce grand stress était pourtant évitable, selon plusieurs.

L’évacuation de la résidence privée Bellerive, connue aussi sous le nom de Domaine Notre-Dame, a été salutaire, mais source d’anxiété pour les résidents aînés et leurs proches. Ce grand stress était pourtant évitable, selon plusieurs.

« J’ai peur que ma mère qui souffre d’Alzheimer bascule, elle ne sait pas ce qui lui arrive, c’est terrible pour elle », s’effraie Francine Simard.

Sa maman de 86 ans fait partie des résidents qui ont été transférés à l’Hôtel des Gouverneurs à la suite de l’évacuation d’urgence de la Résidence Bellerive.

Le matin du mercredi 29 avril, une équipe du Centre intégré universitaire en santé et services sociaux (CIUSSS) est venu extirper la vingtaine de résidents de l’établissement de la rue Notre-Dame à Pointe-aux-Trembles, où des cas de Covid-19 avaient été décelés.

Des membres du personnel de la résidence, apeuré d’une possible contamination, avaient alors décidé de quitter leur poste.

Incapable d’assurer la santé et la sécurité des résidents, le propriétaire de l’établissement n’a eu d’autres choix que de lancer une alerte au CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal.

La résidence en question faisait l’objet d’une surveillance accrue de la part du CIUSSS. Malgré son permis qui lui donnait le droit d’héberger 150 clients, la résidence ne pouvait plus qu’en accueillir une vingtaine.

Francine Simard ne cache pas sa peur d’un potentiel retour dans la Résidence Bellerive. « Je ne veux pas qu’elle retourne là-bas, ce n’était pas un choix de l’envoyer là-bas », insiste-t-elle.

« Le moment de prendre le taureau par les cornes »

Cette situation semble, comme celle dans le CHSLD Herron, mettre en lumière les difficultés rencontrées dans les ressources pour personnes âgées.

« Le gouvernement a mis un mois avant de décider que les aînés étaient une priorité, il savait que c’était là où les gens mourraient le plus », martèle Paul Brunet, président du Conseil de la protection des malades.

Sans commenter spécifiquement la situation à la résidence Bellerive, M. Brunet affirme que les aînés de la province auraient dû être pris en charge plus tôt. « Maintenant, on paie les pots cassés », regrette-t-il.

C’est en ce sens qu’il a déposé la semaine dernière une plainte auprès de la commission des droits de la personne pour «discrimination et exploitation des personnes âgées». «C’est le moment de prendre le taureau par les cornes», lance-t-il.

Des propos partagés par Sonia Mancier, présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec secteur privé (FIQP), qui n’a pas de membres à la résidence Bellerive. Le secteur des aînés, c’est l’un des parents pauvres du gouvernement, soutient-elle.

Mme Mancier avoue comprendre le personnel de Bellerive d’avoir choisi de quitter leur poste, « obligé de soigner au risque de leur santé, parfois sans matériel de protection ».

Même son de cloche pour Sylvie Nelson, présidente du Syndicat québécois des employées et employés de service.

« Les conditions salariales dans le public et dans le privé sont différentes, le salaire minimum dans le privé est de 13,50$, alors c’est entendable qu’ils ne veuillent pas risquer leur vie. »

Pour elle, « en résidence privée, il y a de quoi se faire du souci pour les aînés », parlant même de « maltraitance organisationnelle » liée à un manque de moyens et de personnel.

La pénurie de main d’œuvre, c’est aussi ce que souligne Yves Desjardins, président du Regroupement québécois des résidences pour aînés. Mais pour lui, ce n’est pas que dans le domaine de la santé que cela se voit, mais dans tous les secteurs d’emploi. Selon lui, « les résidences privées tiennent le cap ».

La ministre responsable des aînés et des proches aidants, Marguerite Blais, a décliné notre demande d’entrevue. Par courriel, son attachée de presse indique que « la situation a été prise en charge à la Résidence Bellerive et les personnes aînées qui y étaient hébergées sont en sécurité. C’est la priorité à l’heure actuelle (…) ».

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