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Nette amélioration de la qualité de l’air dans l’Est de Montréal

Des cheminées d'usines émettent des gaz.
Photo: Archives/Métro media

En raison de son passé industriel et pétrochimique, l’est de Montréal fait figure de négligé depuis des décennies en matière de qualité de l’air. Mais selon un bilan récent produit par le service de l’environnement de la ville-centre, l’air dans l’Est n’est ni meilleur ni pire que celui que l’on respire dans les autres secteurs de la métropole.

«Les principaux polluants émis par les activités industrielles, le chauffage au bois et le transport sont en forte baisse» dans l’Est, indique le bilan 2019 du Réseau de surveillance de la qualité de l’air (RSQA), présenté la semaine dernière aux élus du comité exécutif de la Ville de Montréal.

Par exemple, les données collectées par la station 3 située sur le boulevard Saint-Jean-Baptiste (Pointe-aux-Trembles), montrent une diminution de 21% de particules fines depuis 2000.

Le dioxyde de soufre, causé entre autres par les émanations des industries pétrolières, a chuté de 81%. La concentration de ce polluant est 300% plus élevée dans l’est que sur le reste de l’île, selon le bilan, mais « les niveaux sont très bas (traces) et se situent près de la limite de détection de l’appareil ».

«La qualité de l’air s’améliore grandement dans l’Est», insiste Jean-François Parenteau responsable de l’environnement au comité exécutif de la ville de Montréal.

Du bruit pour rien ?

Début 2019, la qualité de l’air dans l’est de Montréal avait fait grand bruit, malgré une amélioration constante montrée par les rapports du RSQA.

Ensemble Montréal, l’opposition officielle à l’hôtel de ville, avait sommé la Direction régionale de la santé publique de mettre à jour ses études sur les maladies respiratoires en y intégrant les données sur les émanations produites par les industries.

Cela en réaction, entre autres, aux révélations du Journal de Montréal concernant les émanations d’arsenic produites par l’affinerie CCR, dont le niveau mesuré était le double de la limite permise par le ministère.

S’en sont suivi de nombreuses soirées d’informations publiques, de pétitions portées à Québec et de remises en question de projets dans le cadre de la redynamisation de l’est de Montréal.

Pour Caroline Bourgeois, mairesse de Rivière-des-Prairies – Pointe-aux-Trembles, «cette image de l’Est pollué nous colle à la peau, même si depuis 20 ans, il y a eu une amélioration de la qualité de l’air. La fermeture de beaucoup de raffineries a eu un impact», pense-t-elle.

Pour Dimitri Tsingakis, directeur général de l’Association des industries de l’est de Montréal (AIEM), ces données «prouvent que des efforts ont été faits par les industries pour améliorer la qualité de l’air».

À l’image de l’affinerie CCR qui a installé en novembre 2018 un dépoussiéreur voué à limiter ses émanations d’arsenic.

Selon M. Parenteau, « les résultats de cette installation sont plutôt positifs » et seront dévoilés « au courant de l’été ».

Des efforts restent à faire

Malgré les données dévoilées par le RSQA, «il reste beaucoup de place à l’amélioration», martèle Emmanuel Rondia, directeur général par intérim du Conseil régional de l’environnement de Montréal (CRE).

Pour lui, il faudrait «poursuivre les efforts visant à réduire les polluants émis par les industries, les transports et l’habitation». Il souhaite aussi «du verdissement massif et la protection des rares espaces verts afin d’atténuer les effets sur la santé de la population».

Ronald Daignault, membre du collectif en environnement Mercier-Est, souhaite, pour sa part de nouvelles installations de stations d’échantillonnage. Cela donnerait un portrait plus juste des polluants présents dans l’air montréalais.

« Aucune station n’est implantée, par exemple, entre le port de Montréal et l’autoroute 25 pour mesurer les particules fines, alors que le trafic est dense», note-t-il.

Plus de stations d’échantillonnage, mais aussi plus de transparence. Selon Ruba Ghazal, députée de Mercier et porte-parole de Québec solidaire en matière d’environnement, «la qualité de l’air est un bien commun, les citoyens ont le droit de savoir, il faut un portrait juste avant de dire que ça va bien », plaide-t-elle.

Rapport de la DRSP

Le très attendu rapport sur la qualité de l’air dans l’Est et les maladies respiratoires promis par la Direction régionale de la santé publique a pris un peu de retard à cause de la COVID-19. « L’avis est en train de se finaliser », explique Marie Pinard responsable du dossier à la DRSP.

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