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COVID-19: un an après le Diamond Princess

Julien Bergeron Manon Trudel
Le couple marche régulièrement au parc de Pointe-aux-Prairies. Photo: Coralie Hodgson/Métro Média

Les souvenirs sont toujours vifs pour Julien Bergeron et Manon Trudel lorsqu’ils relatent la croisière qui a viré au cauchemar sur le Diamond Princess, il y maintenant un an. Et pour cause: le couple a été parmi les premiers Québécois à connaître les affres de la COVID-19, confinés dans une petite cabine.

«Au niveau psychologique, je pense constamment à ça. Je revis souvent les événements», confie Julien Bergeron.

En effet, difficile d’oublier le confinement de seize jours qu’il a vécu en février 2020 avec sa conjointe Manon Trudel et les quelque 700 passagers infectés à bord du bateau, les décès qui ont suivi ainsi que la peur qu’ils ont vécue en multipliant les appels afin d’être rapatriés du Japon – sans succès.

Manon, pour sa part, se rappelle l’angoisse d’entendre le capitaine annoncer à l’interphone, jour après jour, le nombre de cas monter, sans pouvoir rien n’y faire. «Aujourd’hui, le premier ministre annonce le nombre de nouveaux cas en conférence de presse. Mais imagine, tu es dans une petite pièce, et tu te dis: “il y en a un, dix, soixante…. Ça va être quand mon tour”?»

Le couple n’a d’ailleurs pu échapper au virus et a dû être hospitalisé au Japon après avoir quitté le bateau. Or, bien qu’ils aient guéri, les séquelles physiques se font toujours sentir, un an plus tard.

«On est poqués», affirme Manon Trudel, qui soutient ressentir plus de fatigue qu’avant. «On n’est pas sûr si c’est à cause de la COVID, mais avant d’être confinés […] on avait fait 29 000 pas dans la journée. Là, si on fait 6000 pas, c’est une bonne journée», illustre-t-elle.

«On tourne en rond»

À la lumière de leur expérience sur le Diamond Princess, le couple se questionne cependant aujourd’hui sur la gestion de la pandémie au Québec.

«On tourne en rond au Québec, martèle Julien Bergeron. On dit de porter le masque, de ne pas le porter, de garder un mètre, deux mètres, des masques N-95, ou non finalement».

Pourtant, sur le navire, le couple a bien vite pu constater que le virus était hautement transmissible. En effet, même l’agent de quarantaine, qui se promenait de chambre en chambre affublé d’une «sorte de scaphandre», avait attrapé la COVID. «À ce moment, on a compris à quel point c’ était dangereux», se rappelle Manon Trudel.

Pris entre les quatre murs d’une cabine modeste, sans même un hublot, qu’ils avaient pris pour économiser, le couple a par ailleurs eu un avant-goût avant tous des inégalités inhérentes au confinement.

«Il y a [des croisiéristes] qui ont dit qu’ils ont fait un très beau voyage avec leur balcon. On était à la même place, mais on ne l’a pas vécu pareil. C’est la même chose au Québec. Il y a des premières classes, deuxièmes classes, troisièmes classes», soutient Julien Bergeron.

Apprécier les petites choses

Si les Pointeliers ont été soulagés de revenir au Québec, le retour a aussi comporté sa part de deuil.

«Notre petit fils est né en mars. Mais on n’a pas encore pu le prendre dans nos bras» se désole M. Bergeron. Puis, il y a aussi eu le fait de ne pouvoir visiter sa mère en CHSLD.

Mais le couple prend son mal en patience. Ils se font un devoir de marcher régulièrement au parc-nature de la Pointe-aux-Prairies, même s’ils se fatiguent plus vite. Ils ont ainsi appris à braver le froid pour voir les êtres aimés, à distance.

Et puis, surmonter cette épreuve leur a aussi appris à apprécier «les petites choses de la vie».

«Prendre l’air c’est important, on voit des pics-bois, des cerfs de Virginie. Il faut apprécier ce que la vie nous donne», conclut Julien Bergeron.

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