Soutenez

Des poules en ville, un projet porteur?

Les poules seront permises à RDP-PAT dès cet été. Photo: Mikhail Chmir/123RF

Dans la foulée du déploiement de sa Politique d’agriculture urbaine, l’arrondissement RDP-PAT permettra dès cet été la garde de poules pondeuses en milieu urbain. Mais ces expériences ont-elles du succès sur les territoires avoisinants où c’est permis?

En encadrant un projet pilote d’une durée de deux ans permettant un maximum de 50 poulaillers sur son territoire pouvant chacun accueillir de 2 à 4 poules, RDP-PAT se joint au mouvement d’agriculture de proximité entamé sur certains territoires de la région.

Pourtant, le nombre de permis délivrés permettant les poules en milieu urbain y est dans plusieurs cas très bas.

À titre d’exemple, Montréal-Est n’a délivré aucun permis permettant la possession de poule depuis l’entrée en vigueur de son règlement en mars 2020.

Dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, seuls 2 des 13 jardins communautaires, où la garde de poule est permise depuis 2015, en ont reçu l’autorisation. Dans les arrondissements de Longueuil le permettant, 36 permis pour la construction de poulailler ont été émis depuis le mois d’août 2020.

Pour sa part, Rosemont–La-Petite Patrie n’a jamais eu plus de 15 poulaillers enregistrés sur son territoire durant le projet pilote encadré par le Laboratoire sur l’agriculture urbaine (AU/LAB) de 2017 à 2020. Pourtant, un maximum de 50 poulaillers était permis.

«Ça fait beaucoup de journalistes et beaucoup d’argent public pour très peu de ménages, concède Jean-Philippe Vermette, directeur intervention et politiques publiques au AU/LAB. Mais ça fait partie de la question plus large de l’agriculture en ville. Pour moi, c’est très important de parler de quelle place a l’alimentation dans nos vies.»

Réglementation: trouver l’équilibre

M. Vermette indique qu’il y avait un engouement pour les poules lors du projet pilote: quelques centaines de demandes ont été acheminées à cet effet chaque année à Au/Lab.

À son avis, le travail qu’implique de posséder une poule en a découragé plusieurs. « (Dans le formulaire) on demande, est-ce que vous allez être là tout l’été pour prendre soin de la poule? Est-ce que vous savez que la poule va peut-être être vivante durant 10 ans et que sa ponte va peut-être décroître d’année en année? »

Les prérequis contraignants du projet, tel fournir un plan du poulailler avant sa construction, en auraient aussi découragé certains.

Il s’agit d’ailleurs d’un des grands défis de ce type de projet : trouver un juste équilibre entre une règlementation sévère, « qui ferait en sorte de respecter le bien-être animal, la santé publique et une cohabitation harmonieuse » avec une règlementation moins sévère, qui se ferait au détriment sur ces aspects, soutient M. Vermette.

L’arrondissement Rosemont–Petite-Patrie a d’ailleurs décidé d’assouplir l’encadrement de la possession de poules le 6 avril dernier. L’obligation de fournir un plan de construction du poulailler sera entre autres abolie.

Des poulaillers sans permis

Certains citoyens décident également d’avoir des poules sans avoir de permis. Leur nombre est cependant difficile à évaluer, soutient M. Vermette.

C’est le cas de Julie*, une citoyenne de Montréal-Est, qui assure faire des démarches pour tenter de régler sa situation. Elle déplore que le formulaire pour obtenir un permis demande des précisions sur l’entrepreneur qui a construit son poulailler. Or, elle l’a construit par ses propres moyens.

«J’ai quand même fait mon cours avec Poules en ville. On n’a pas construit ça n’importe comment, mes poules sont en sécurité.»

Avoir des poules: y a-t-il des risques?

Posséder des poules en milieu urbain n’est par ailleurs pas exempt de risque. Les Salmonelles et Campylobacter (qui cause la Campylobactériose) sont les principaux agents infectieux pouvant préoccuper au Québec, indique Jean-Pierre Vaillancourt, professeur titulaire à la Faculté de médecine vétérinaire au département de sciences cliniques de l’Université de Montréal.

Le risque reste toutefois en général très faible pour ces deux pathogènes. Il y a cependant un certain risque de contamination en mangeant des œufs « moins bien préparés ou crus » et de contamination « directement des poules aux humains ». Celles-ci peuvent être à son avis plus graves chez des personnes plus affaiblies, avertit-il.

Sans être contre le concept de poules en ville, sa plus grande préoccupation réside plutôt sur le bien-être de l’animal. « (On) risque de voir bien des poules abandonnées le 1er juillet; surtout qu’il est impossible de produire des œufs de cette façon à un coût moindre que les producteurs professionnels. »

Une perspective qui ne semble toutefois pas toucher Julie, qui a un grand attachement pour ses poules. «C’est super affectueux une poule. Ça te reconnait. Je peux les prendre, je peux les flatter, c’est un animal vraiment incroyable.»


*nom fictif

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.