Soutenez

Un nouveau départ pour la famille Rosas Cabrera

La famille Rosas Cabrera. Photo: Coralie Hodgson/Métro Média

Après près de deux ans d’attente, les membres de la famille Rosas Cabrera ont finalement obtenu le statut de personnes protégées. Un immense soulagement pour le couple et ses trois enfants, qui pourront finalement s’intégrer sans peur d’être renvoyés au Mexique.

«De l’extérieur, on pourrait dire que rien n’a changé. Mais c’est un changement énorme, un soulagement», souffle Osvaldo Rosas Guerrero. 

Arrivée en catastrophe au Canada en août 2019, la famille a dû s’intégrer à Pointe-aux-Trembles en pleine pandémie. Dans une entrevue accordée à Métro en novembre dernier, Osvaldo et sa femme Dulce Rocio Cabrera Rumbo expliquaient suivre difficilement leurs cours de français en ligne, qu’ils ont depuis abandonnés.

La donne change maintenant: leur nouveau statut leur donnera accès aux garderies subventionnées, un privilège refusé aux demandeurs d’asile. Sans avoir à s’occuper constamment des trois enfants, Osvaldo souhaite suivre des cours de langue en présentiel dès l’hiver prochain.

Une place en garderie sera d’ailleurs indispensable au développement de sa fille de cinq ans, ébranlée par la migration au Canada. «Elle ne parle toujours pas, ni le français ni l’espagnol. Avec la pandémie, elle a été affectée de ne pas vivre avec d’autres enfants, de ne pas avoir droit à la garderie», s’inquiète-t-il.

Laisser la peur derrière

Évoquant à demi-mot les raisons qui ont poussé sa famille à fuir le pays, M. Rosas Guerrero soutient que ce nouveau statut, une étape vers la résidence permanente, leur permet aussi de laisser derrière eux  la peur d’être renvoyés au Mexique. «Là-bas, seulement d’aller travailler, tu vis avec la peur de ne pas retourner à ta maison. Ou qu’on te dise qu’on a fait quelque chose à ta femme ou à tes enfants.»

Pour Dulce Rocio Cabrera Rumbo, ce nouveau statut est non seulement une chance de donner «une nouvelle vie» à ses deux filles et à son fils, né il y a 8 mois, mais aussi de reprendre éventuellement ses études pour être avocate, la profession quelle exerçait au Mexique. «En travaillant comme avocate, je prenais un risque. J’avais peur, alors j’avais décidé d’arrêter complètement.»

Osvaldo rêve pour sa part de se lancer en affaires dans le domaine de l’automobile, comme il le faisait au Mexique, ou en aménagement paysager, un milieu dans lequel il travaille depuis maintenant deux mois. Il souhaite aussi continuer de faire du bénévolat au Centre d’Aide et de Développement de la Famille de l’Est de Montréal (CADFEM), l’organisme qui vient en aide à sa famille depuis son arrivée.

Le Mexique, pays sécuritaire?

Jesus Cancino, directeur général du CADFEM, se réjouit pour la famille Rosas Cabrera, qui sera «transformée» par ce nouveau départ.  Cependant, tous les ressortissants mexicains passant au CADFEM n’ont pas la même chance. «C’est un long processus. On a deux familles (à CADFEM) qui ont été rejetées, mais elles s’étaient intégrées à la société entre temps».

Selon des données de la Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada portant sur les dossiers de demande d’asile réglés en 2020, une proportion de 32% des requêtes en provenance du Mexique a été acceptée. La moyenne de tous pays s’élevait à 62%.

Me Sophie Demers, avocate chez Avocats Semperlex, explique que règle générale, le Canada considère le Mexique comme une démocratie où l’État a le contrôle sur son territoire. «Beaucoup de gens viennent du Mexique car ils ont des problèmes avec la criminalité. Les cartels y sont très puissants. Et à ce moment-là, c’est plus difficile, car il faut qu’ils prouvent le risque au retour, qu’ils ne peuvent pas aller vivre ailleurs au pays.»

Selon des données de la Banque mondiale, les homicides sont en hausse au Mexique depuis 2007. Ils ont atteint et maintenu un sommet depuis 2018, avec un taux de 29 meurtres par 100 000 habitants, selon l’Institut national des statistiques du Mexique.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.