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Vingt ans au service de la communauté itinérante

Photo: Coralie Hodgson, Métro Média

Dave Turner et sa mère, Marie-Paulette Shink, dédient leur vie depuis une vingtaine d’années à la communauté itinérante montréalaise. Ces deux Pointeliers ont trouvé leur bonheur en semant un peu de réconfort sur leur chemin, un repas et un sucre à la crème à la fois.

Trois fois par semaine, Dave et Marie-Paulette partent de Pointe-aux-Trembles vers le centre-ville en voiture – ou en «bicycle à bras» pour Dave –, trimbalant des repas pour près d’une centaine de personnes.

Sur Sainte-Catherine, des personnes en situation d’itinérance les arrêtent «à tous les 20 pieds» pour recevoir de la nourriture – dont les célèbres sucres à la crème de Marie-Paulette, qu’on surnomme «Mom» – qu’ils ont eux-mêmes cuisinée et emballée, raconte Dave. Les deux complices distribuent aussi des repas deux fois par semaine à la Maison Wolfe, la Maison Jacqueline, et au «Bloc Rose» à Pointe-aux-Trembles, un coup de pouce pour aider les locataires à conserver leur logement.

Cette œuvre charitable, c’est aujourd’hui le projet d’une vie pour Dave et Marie-Paulette. Ils indiquent y investir leur temps, leur énergie, mais aussi près de 2000 $ de leur poche chaque mois. «On se garde en vie en faisant des bonnes choses comme ça, explique Dave. Après ça, on se sent tellement bien.»

L’impact positif du duo dans la communauté itinérante est évident pour le président-directeur général de la Maison du Père, François Boissy. L’organisme fait d’ailleurs partie de ceux qui se sont greffés au projet en offrant les denrées qu’ils ont en surplus, afin d’aider à la confection des repas.

[Dave] est un être extraordinaire. Sa famille est incroyable, ils sont hyper impliqués. C’est un cadeau du ciel pour toutes les personnes en itinérance.

François Boissy, président-directeur général de la Maison du Père

Au service de la communauté

Tout a commencé un peu «par hasard», il y a 20 ans, quand Dave Turner a reçu un diagnostic de sclérose en plaques et s’est retrouvé momentanément en fauteuil roulant.

«Quand on est assis, on arrive plus en face avec ceux qui sont sur le trottoir. Je me suis mis à jaser avec des amis qui quêtaient sur Mont-Royal et me suis aperçu que ce sont des êtres humains, pas des fous.»

Celui qui raconte avoir lui-même frôlé l’itinérance dans le passé s’est mis à offrir quelques sous et à accompagner ceux dans le besoin «au Tim Hortons». Lorsque Marie-Paulette est partie de Toronto il y a une quinzaine d’années pour rejoindre Dave, qui vivait à LaSalle, les deux ont uni leurs forces et leurs ressources pour confectionner des sandwichs, puis des pâtes qu’ils se sont mis à distribuer lors de leurs «runs».

«Chaque jour est différent», souligne, Marie-Paulette, 82 ans. Si elle retire un bien-être de ce projet, elle concède que les histoires difficiles qu’on lui raconte dans la rue «viennent [lui] chercher le cœur».

Ayant de leur propre aveu laissé le jugement derrière eux depuis longtemps, les deux soulignent surtout la force de ces amis et connaissances qui survivent à des choses «incroyables». «À travers tous ceux que j’ai croisés, j’ai vu comment on peut être fait fort», soutient Dave.

Musique

Depuis quelques semaines, Marie-Paulette a dû mettre sur pause ses activités en raison d’ennuis de santé. Continuant pour l’instant le projet en solo, Dave indique prendre un jour à la fois.

Entre les chaudrons et les livraisons de nourriture, il espère d’ailleurs que la situation sanitaire permettra bientôt de reprendre les prestations de chansonnier qu’il offre dans plusieurs organismes tels la Maison du Père et l’ALPHA, histoire d’égayer les usagers.

«On aime la vie, et on veut que les gens aiment la vie. Surtout dans ces temps-ci, ce n’est pas le fun pour bien du monde.»

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