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Qu'est-ce qui rend les gens de l'Est plus malades?

Bousquet-Richard Simon - TC Media
« Le territoire du CSSS de la Pointe-de-l’Île se distingue du reste de l’île de Montréal par un taux de prévalence élevé de maladies respiratoires », d’après une récente étude de l’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal. Plusieurs citoyens pointent du doigt l’industrie. Cette dernière ne serait pas la principale responsable de ce fléau, selon les membres du panel réunis lors de la conférence La qualité de l’air, c’est votre santé de l’éco-quartier de la Pointe-aux-Prairies.

« Il n’existe pas vraiment de meilleur ou de pire endroit pour habiter sur l’île de Montréal, en ce qui concerne la qualité de l’air », estime Diane Boulet, chimiste au Réseau de surveillance de la qualité de l’air. « La pollution de l’air se mesure à trois échelles : la pollution locale est celle que l’on retrouve autour des grands axes par exemple; la pollution régionale est visible lors d’épisode de smog; et la pollution globale est celle qui est à l’origine de l’augmentation de la fréquence, de la durée et de l’intensité de phénomène météorologique », explique Karine Price, toxicologue à la Direction de santé publique. La qualité de l’air a une incidence directe sur la santé. « On estime que sur l’île de Montréal, la pollution de l’air causerait 400 décès prématurés par année liée aux pics de pollution », ajoute-t-elle. Pour vérifier les niveaux et les prévisions de pollution de l’air, les citoyens peuvent se rendre au rsqa.qc.ca

La pollution industrielle

Alors que la Ville de Montréal impose des restrictions plus élevées que la majorité des municipalités et que les industries font de gros efforts pour réduire leurs émissions polluantes, juge Dimitri Tsingakis, directeur de l’Association industrielle de l’est de Montréal (AIEM), une grande partie des polluants proviendrait du Nord-est américain et de l’Ontario. Cette pollution serait poussée par les vents dominants vers le secteur de Montréal, raconte Mme Boulet.

Rappelons que le Canada arrive au troisième rang mondial en ce qui concerne la qualité de l’air; Montréal est au deuxième rang des villes canadiennes où la pollution de l’air est la plus dense, selon une étude sur les particules fines de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). La qualité de l’air est toutefois bien supérieure à d’autres grandes villes du globe. Mme Boulet met toutefois un bémol, « Montréal utilise de nouvelles technologies plus efficaces que celles utilisées par d’autres villes pour mesurer la qualité de l’air. Par exemple, les outils utilisés à Montréal mesurent aussi les particules fines volatiles. De plus, nos stations de mesure sont placées à des endroits stratégiques afin d’obtenir de meilleures données. À Sarnia, la ville ontarienne qui en première position canadienne de la mauvaise qualité de l’air, les stations de mesure sont situées en plein champ alors que les nôtres sont près des usines. »

Pas de feu sans fumée

Sur l’ensemble de la pollution de l’air, l’apport du chauffage au bois est le plus important (47 %), suivi par l’industrie (36 %) et les transports (17 %), selon Mme Boulet. Neuf heures de chauffage au bois produisent, en moyenne, autant de pollution qu’une voiture qui roule 18 000 km, d’après l’évaluation du ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP), qui a mis sur pied un programme incitatif de remplacement des systèmes de chauffage au bois. C’est aussi pourquoi la Ville de Montréal a interdit l’installation de nouveaux appareils de combustion au bois, à l’exception poêle aux granules.

Se déplacer sans s’empoisonner

Plusieurs citoyens ont souligné un manque d’actions politiques pour la diminution de la pollution liée au transport. C’est le cas notamment de la citoyenne Ghislaine Boisvert, qui ne comprend pas pourquoi il n’y a pas de transport en commun adéquat pour desservir la population de Pointe-aux-Trembles. Celle-ci fait valoir que la parcelle de terrain où était située l’ancienne voie ferrée aurait dû être utilisée pour implanter un système de transport bordé d’une piste cyclable. « Ce n’est pas normal que les gens qui habitent Longueuil prennent moins de temps pour se rendre au centre-ville que les gens de Pointe-aux-Trembles. Il ne faut pas se surprendre que les jeunes quittent la région et que les gens s’achètent tous des voitures », soutient-elle.

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