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« J’ai l’impression d’avoir perdu ma vie » – une victime de vol à main armée

Depuis le 16 septembre dernier, la vie de Gabrielle (nom fictif) n’est plus la même. Alors qu’elle s’apprêtait à finir son quart de travail dans un dépanneur de Pointe-aux-Trembles, un homme a braqué une arme sur elle en lui ordonnant de vider le contenu de sa caisse.

« Il est venu me voir pour me demander si on était ouverts. Je lui ai répondu que oui, mais que bientôt, on allait fermer, raconte la victime. J’étais en train de me dire qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas chez lui, et c’est à ce moment précis qu’il a sorti une arme de son sac à dos. »

L’homme se serait excusé auprès d’elle avant de la menacer avec un pistolet et de lui exiger de lui remettre le contenu de la caisse enregistreuse.

« Quand je l’ai vu braquer son arme sur moi, je pensais à une seule chose : que j’allais mourir, se souvient Gabrielle. Je me suis dépêchée à lui remettre l’argent et une fois qu’il est parti, je me suis précipitée pour aller verrouiller la porte. J’avais très peur qu’il revienne. »

Selon l’agente Patricia Drouin du poste de quartier 49, qui a validé ces informations, le suspect aurait aussi commis un vol dans un autre dépanneur du quartier.

« Un autre vol nous a été signalé la même nuit. Cette fois-ci, le méfait a eu lieu dans un autre dépanneur de Pointe-aux-Trembles », affirme l’agente Drouin.

Le suspect dans la vingtaine a été arrêté à Repentigny et fait maintenant face à deux chefs d’accusation pour vol qualifié. Il n’a pas été possible d’avoir plus de détails puisque l’incident est toujours sous enquête policière.

Hausse des cas dans le secteur

Les cas de vol qualifiés dans les secteurs de Pointe-aux-Trembles et Montréal-Est ont augmenté depuis les quatre dernières années.

En 2013, 90 cas ont été rapportés, soit 60 % de plus qu’en 2010 où 56 l’ont été.

« Il faut faire attention, car au sens de la loi, les vols qualifiés ne sont pas exclusivement associés aux vols dans les dépanneurs, explique l’agente Drouin. Tous les vols impliquant des actes de violence contre la victime, avant, pendant et après le vol sont considérés des vols qualifiés. »

Des séquelles

Gabrielle, qui a travaillé toute sa vie en tant que caissière pour des dépanneurs, indique que depuis l’incident, elle a l’impression d’avoir perdu sa vie.

« J’avais déjà subi deux autres agressions dans des dépanneurs, mais jamais avec une arme, dit-elle. Je suis devenue paranoïaque, j’ai peur de sortir de chez nous et j’ai tout le temps des flashbacks des événements survenus la nuit du vol. »

De symptômes tout à fait normaux selon Jenny Charest, directrice général du Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) de Montréal.

« Les gens ont tendance à sous-estimer les conséquences d’un acte criminel, explique Mme Charest. Ces personnes peuvent avoir des problèmes d’ordre physique et psychologique et parfois avoir des symptômes du trouble de stress post-traumatique. »

Selon une étude réalisée par André Marchand, professeur au département de psychologie de l’Université du Québec à Montréal, les répercussions psychologiques d’un vol à main armée sur les travailleurs qui en sont victimes peuvent prendre la forme d’une réaction de stress post-traumatique.

Dans certains cas ce type de réaction entraîne une détresse importante ou une détérioration du fonctionnement social et professionnel comme des absences du travail, une diminution du rendement, la consommation de médicaments, l’utilisation de services de santé et le versement d’indemnisations.

« Je sais que je ne pourrais plus jamais travailler dans un dépanneur, même si j’ai toujours aimé ça, explique Gabrielle. Chaque jour qui passe, je réalise que ma vie aurait pu se terminer dans une fraction de seconde et ça me perturbe chaque fois. J’ai vraiment peur de ne pas pouvoir reprendre ma vie en main. »

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