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Un combat pour garder leurs clôtures

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De nombreux voisins appuient la cause de quatre citoyens prairivois, notamment à l’aide d’une pétition qui compte plus de 230 signatures en moins d’une semaine. Photo: Clara Loiseau

Quatre voisins de l’Est prairivois ont reçu une mise en demeure de la Ville de Montréal le 31 janvier 2018. Des clôtures installées depuis près de 33 ans causeraient « des problèmes sérieux d’accès aux infrastructures souterraines municipales construites au-dessous ou à proximité de la clôture », selon la Ville.

Peu de temps après avoir acheté leurs résidences en 1985, ces quatre citoyens affirment avoir demandé à la Ville où ils pouvaient installer leur clôture. À l’époque, Montréal leur aurait répondu de les mettre « où cela [leur] convient », selon Raymonde Marquis, une des résidentes ayant reçu la mise en demeure. Une entente verbale qui n’a jamais été mise sur le papier et dont l’arrondissement n’a pas pu confirmer l’existence.clôture vue de la rue

Aujourd’hui les quatre voisins veulent voir cette entente perdurer. Ils sont prêts à signer un acte notarié pour officialiser l’entente au lieu de devoir retirer définitivement leur clôture, affirme Marie-Josée Tardif, qui occupe sa demeure depuis 33 ans.

« On n’a jamais contesté que c’est le terrain de la ville, on a toujours su que s’ils avaient à intervenir, ils nous appellent et on retire nos clôtures », ajoute son voisin depuis 33 ans, Serge Barbeau.

« On leur avait demandé la permission, parce qu’on savait qu’on était sur le domaine public, affirme Mme Tardif. Ils ont dit qu’il n’y avait aucun problème, mais que s’il y avait un bris majeur il faudrait qu’on retire notre panneau. On leur a dit qu’il n’y avait aucun problème ».

Les clôtures en question sont des panneaux de bois qui sont fixés par de simples clous. « Ça nous prendrait moins de deux jours pour les retirer et les remettre après leurs travaux », s’exclame M. Barbeau.

Des souvenirs et de l’investissement perdus

En 1992, Marie-Josée Tardif a reçu un prix de la part de la Ville de Montréal pour l’embellissement qu’elle donnait avec ses plantes. « J’ai étudié en horticulture et j’aime jardiner, mais depuis qu’ils ont envoyé cette lettre, ils m’ont dégoûté », confie-t-elle avec beaucoup d’émotions.

Tous affirment avoir dépensé de milliers de dollars pour entretenir leur jardin. « On entretient aussi le terrain qui appartient à la Ville, car ce ne sont pas eux qui viennent tondre la pelouse, c’est nous! », soutient M. Barbeau.

balançoire et clôtureOutre les plantes, ce sont également des milliers de souvenirs qui ont été partagés. Dans le jardin de Mme Marquis trône une vieille balançoire de bois, que son mari a installé lui-même. Depuis qu’il est décédé il y a trois ans, elle explique s’y installer très souvent pour ressasser ses souvenirs.

Au nouvel emplacement, la clôture se retrouverait au milieu du banc de la balançoire. Mme Marquis sera dans l’obligation de retirer ce souvenir familial.

La Ville reste sur ses positions

La lettre reçue par les citoyens contient une photographie aérienne des différents terrains en question, avec les différents réseaux souterrains. Le document obtenu par L’Informateur montre que les infrastructures se trouveraient actuellement à environ deux mètres des clôtures.

Abdelwahid Bekkouche, chef de division ingénierie à l’arrondissement, explique que les photos aériennes sont des visions approximatives des plans de construction.  « Cela ne veulent pas dire que les câbles souterrains se trouvent exactement là », affirme-t-il.

Dans un courriel, la Ville spécifie avoir reçu « des plaintes provenant des services internes quant à l’inaccessibilité aux infrastructures souterraines ainsi que les occupations dans [leurs] propres parcs ».

Une excuse, selon les quatre résidents, qui assurent ne jamais avoir eu de problèmes avec qui que ce soit depuis l’installation des clôtures ni depuis leur arrivée dans le quartier.

clôtures plantesLes quatre citoyens dénoncent également un manque d’équité de l’administration. En juillet 2018, l’ancienne mairesse et plusieurs élus avaient autorisé « une dérogation mineure pour la construction d’une piscine ». Le propriétaire du terrain a pu la creuser « à 1m de l’emprise d’une voie publique, au lieu des 4,5m prescrits dans le règlement de RDP-PAT » pouvait-on lire dans un article de L’Informateur.

Depuis la réception de la première lettre, les citoyens ont monté un dossier complet. Pour appuyer leur cause, ils ont fait recours à l’Ombudsman. S’agissant du respect d’un règlement (règlement O-0.1 : Règlement sur l’occupation du domaine public de l’arrondissement Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles et le Règlement sur le zonage RCA09-Z01), il ne pouvait rien faire pour aider leur cause.

Après avoir rencontré la conseillère de leur district, Nathalie Pierre-Antoine, ils souhaitent aujourd’hui s’entretenir avec la mairesse de l’arrondissement, Caroline Bourgeois. Mme Pierre-Antoine a d’ailleurs fait la demande pour qu’une rencontre ait lieu.

Récupération du domaine public

L’arrondissement de Rivière-des-Prairies – Pointe-aux-Trembles a commencé dès 2015 à récupérer les parcelles de domaine public occupées par des citoyens ou des commerçants. À l’époque, le chef de division à la direction des travaux publics et de l’ingénierie, Bernard Donato, expliquait prioriser les cas « qui compromettent la sécurité des citoyens ou les opérations de l’arrondissement ».

Selon M. Bekkouche, « une centaine de cas on était déjà traité dans Rivière-des-Prairies – Pointe-aux-Trembles depuis 2015, que l’on traite avec équité ».

Le chef de division de l’ingénierie espère que les citoyens vont se conformer au règlement d’ici la fin août. Les citoyens espèrent de leur côté que les élus soient sensibles à leur cause et à la preuve de soutien de leur voisinage.

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