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Des gestionnaires d'une clinique lancent un cri du cœur

Bousquet-Richard Simon - TC Media
Les gestionnaires d’une clinique médicale de Rivière-des-Prairies dénoncent le manque d’efficacité des politiques qui devraient assurer le recrutement de nouveaux médecins, alors qu’il en manque une centaine pour répondre au besoin de la population sur le territoire du Centre de santé et de services sociaux (CSSS) de la Pointe-de-l’Île.

Manon et Patrice Phaneuf, de la clinique médicale 8260, fondée par leurs parents en 1985, voient l’accès à la santé décliner dans le quartier depuis 15 ans. Cette pénurie a commencé avec les départs forcés à la retraite des médecins par le gouvernement Bouchard, à la fin des années 1990.

À cette époque, le temps d’attente à la clinique sans rendez-vous, ouverte sept jours par semaine, était de 45 minutes. Aujourd’hui, la clinique qui est ouverte six jours par semaine doit refuser des patients chaque jour. Le nombre annuel de consultations est d’ailleurs passé de 45 280 en 1999 à environ 32 500 en 2013.

« Le vieillissement et le départ de nos médecins ont fait en sorte que nos heures d’ouverture sont en constante diminution. Nos services baissent par manque d’effectifs. C’est frustrant pour nous parce que nous sommes conscients qu’il y a peu de cliniques et pas d’hôpitaux dans le quartier », déplore Mme Phaneuf.

Peu de candidats

Malgré le manque de médecins, peu de candidats se montrent intéressés à s’établir dans le quartier. Selon les gestionnaires de la Clinique 8260, les problèmes de transport en commun et l’absence de services de radiologie à Rivière-des-Prairies seraient à blâmer.

« C’est souvent la première question que les candidats nous posent. Un médecin qui vient établir sa pratique ici s’attend à avoir certains services. S’il n’a pas tous les outils dont il a besoin, il ne viendra pas », affirme M. Phaneuf.

La clinique est devenue un groupe de médecine familiale (GMF) depuis près de deux ans afin de profiter des avantages pour le recrutement des médecins.

Malgré cette décision, les médecins se font toujours rares et les administrateurs se perdent dans les méandres administratifs du secteur public.

Problème d’attribution des permis

Les gestionnaires de la clinique estiment que le système d’attribution des permis de pratique (PREM), qui devrait assurer une bonne répartition des médecins sur le territoire, est déficient. Le ministère de la Santé distribue un certain nombre de ces permis par région.

Chaque année, la Clinique 8260 peut attribuer des permis à deux médecins qui se sont montrés intéressés à travailler dans le quartier. Le hic est que lorsqu’ils ont obtenu leur permis, les médecins sont libres de pratiquer n’importe où à Montréal.

« Quand nous les rencontrons, nous devons d’abord nous demander s’ils ont vraiment l’intention de venir travailler chez nous. Ils ont une entente morale de travailler ici pendant un an, mais ils n’ont pas d’obligation », explique Mme Phaneuf.

Depuis que la Clinique 8260 est devenue un GMF, seulement la moitié des candidats ont effectivement établi leur pratique dans le quartier.

Pénurie de médecins

Selon les données de l’Agence de Santé de Montréal, il manquerait 107 médecins omnipraticiens sur le territoire du Centre de santé et de service sociaux de la Pointe-de-l’Île.

En prenant en considération plusieurs facteurs tels que l’âge et la défavorisation de la population, l’Agence de santé estime qu’il faudrait l’équivalent de 200 médecins à temps plein pour répondre aux besoins. Seulement l’équivalent de 93 médecins sont en poste actuellement sur le territoire.

Cette situation ne risque pas de s’améliorer d’ici peu. Malgré les 852 nouveaux permis de pratique qui ont été délivrés en 2013, seulement 186 médecins omnipraticiens se sont ajoutés aux effectifs québécois en tenant compte des départs à la retraite, selon le Collège des médecins.

Au Québec, on estime que 300 000 patients n’ont pas de médecins de famille.

À lire également : Attirer des médecins

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