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La crise du logement s’aggrave dans Rosemont–La Petite-Patrie

Photo d'un immeuble à logements.
L’accès à un logement abordable est un défi pour un bon nombre de Montréalais. Photo: Naomie Gelper / Métro Média

Évictions massives, loyers de plus en plus élevés, locataires harcelés: les comités logement de Rosemont et de la Petite-Patrie s’inquiètent de voir que la crise du logement ne cesse de s’intensifier dans l’arrondissement.

En effet, trouver un logement locatif à un prix abordable dans l’arrondissement semble être devenu un défi de plus en plus ardu au cours de la dernière année. Selon les chiffres de la Société canadienne d’hypothèque et de logement (SCHL), la hausse moyenne des loyers de 2019 à 2020 était de 8,6%.

Cette hausse est bien supérieure à la moyenne montréalaise, déjà élevée, de 4,6%. Elle est également supérieure à l’inflation comme le souligne le responsable au Comité logement de la Petite Patrie, Martin Blanchard.

«L’augmentation des hausses de loyers est beaucoup plus forte que celle de l’inflation, constate-t-il. J’ai fait le calcul et si les hausses de loyers suivaient la courbe de l’inflation, un 3 ½ dans la Petite-Patrie se louerait à 623 $ par mois. Aujourd’hui, un 3 ½ se loue autour de 1100-1200$. C’est presque le double.»

De ce fait, l’enjeu ne touche plus seulement les personnes à revenu modeste, mais aussi la classe moyenne et en particulier les familles, souligne M. Blanchard.

«Même avec deux salaires, les 4 ½, 5 ½ et 6 ½ sont devenus difficilement accessibles», dit-il.

Évictions abusives

Dans La Petite-Patrie comme à Rosemont, les comités de logement constatent aussi une augmentation des cas d’évictions pour des reprises de logements et des travaux majeurs.

Ce phénomène, qui entraîne presque toujours une hausse des loyers, a pris une ampleur jamais vue dans Rosemont au cours des 7 derniers mois.

«Depuis cet été, on a compté pas moins de 17 immeubles visés par des évictions pour travaux. Ces 10 dernières années, la moyenne était plutôt autour de 2 à 3 immeubles par an», précise l’organisateur communautaire du Comité logement Rosemont, Jean-Claude Laporte.

«Plusieurs locataires sont actuellement devant le Tribunal administratif du logement pour défendre leur cause, mais l’avantage est souvent au propriétaire puisqu’il n’y a pas de suivi après les travaux», ajoute-t-il.

D’après lui, sur 108 cas d’augmentation de loyer à Rosemont, 97 se sont avérés être des cas abusifs, soit près de 90%. Il rapporte aussi de nombreux cas d’évictions abusives dans lesquels les propriétaires n’hésitent pas à harceler les locataires pour les inciter à quitter rapidement les lieux.

Une méthode qui avait également été documentée par le Comité logement de la Petite Patrie dans son rapport sur les évictions abusives paru à l’hiver 2020. Ce rapport recensait aussi que sur plus de 300 cas d’évictions étudiés entre 2015 et 2020, 85% étaient frauduleux.

Agir vite

Pour enrayer la crise, les deux comités de logement pressent le gouvernement à prendre des mesures concrètes.

Dans le but de rééquilibrer le rapport de force entre locataires et propriétaires, ils demandent la mise en place de plusieurs mesures: le contrôle obligatoire des loyers, un registre des loyers pour garder une trace des augmentations et un suivi en cas d’éviction pour travaux majeurs et reprise de logement.

«Il y a un mouvement social très fort et une conscience publique qui émergent autour de ces enjeux. Il faut que les locataires se fassent entendre», souligne aussi M. Blanchard.

«Je crois que les propriétaires sont allés trop loin et les locataires ne peuvent plus suivre. Ils attendent un rendement financier qui est tout simplement au-delà des capacités financières des locataires.»

Une manifestation aura lieu le 24 avril, au départ du métro Beaubien, pour dénoncer les conséquences de la crise du logement et réclamer des solutions.

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