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Centre d’intégration scolaire: «on n’est pas une école de bout de ligne»

Photo: Stéphanie Maunay/TC Media

Le Centre d’intégration scolaire (CIS), installé depuis 17 ans dans Rosemont, accueille quelque 150 élèves de 6 à 17 ans, qui présentent des troubles sévères du comportement. La direction et l’équipe enseignante se battent pour lutter contre la mauvaise image qui colle à l’établissement.

Violence, délinquance, opposition et refus de l’autorité font partie du lot quotidien de l’administration du CIS. Sa directrice ne le cache pas. «On le sait que c’est comme ça. Les élèves qui arrivent ici ont été promenés d’école en école et n’ont pas réussi à trouver leur place dans le système scolaire régulier», explique Ysabelle Chouinard, directrice de l’établissement.

«Au primaire, les enfants crachent, donnent des coups de pied, mordent, font des crises. Ils sont plus physiques, car ils n’ont pas les mots pour exprimer ce qu’ils ressentent. Au secondaire, c’est plus verbal; des insultes, des actes de violence ou de délinquance. Il y a un rejet total», ajoute Véronique Fortin, éducatrice spécialisée.

Gérer la violence au quotidien
Ysabelle Chouinard travaille au CIS depuis 17 ans. Directrice depuis septembre dernier, elle se souvient d’un cas en particulier qui l’a profondément touchée. «Le pire que j’ai vécu, c’est quand j’ai su que l’un de mes jeunes avaient pris part à un viol collectif. J’ai demandé à faire une pause de trois semaines. Je n’étais plus capable. J’avais une fille du même âge que la victime. Je voulais être certaine de revenir de façon professionnelle», lâche-t-elle.

Les policiers du poste de quartier 44 collaborent régulièrement avec la direction. «L’an dernier, un de nos jeunes a attaqué l’un de ses camarades avec un couteau. C’est sûr que ça fout les jetons quand la police nous dit que certains de nos élèves ont peut-être des armes sur eux, mais on vit avec» note la directrice.

Le personnel organise de temps en temps des fouilles et doit parfois intervenir physiquement. «Je voudrais avoir des caméras de surveillance dans l’établissement. Cela aurait un effet de dissuasion pour certains et ça nous permettrait de nous protéger en cas d’accusation. Avec les téléphones intelligents, il est facile de filmer une scène en partie et de la mettre sur Internet», confie Mme Chouinard.

Donner une deuxième chance
Pour autant, chacun refuse la mauvaise image qui colle à la peau de l’école. «Je suis entrée au CIS en 2006, lors de mon stage collégial. On m’a dit que c’était un gros défi, qu’il s’agissait d’une école de bout de ligne. Mais, je ne suis pas d’accord. Chaque élève est particulier. Il faut leur donner de l’écoute et du cœur, prendre le temps de s’asseoir avec eux et de discuter. Ce sont des choses que l’on ne peut pas faire dans le système scolaire traditionnel. Je suis contente d’avoir relevé ce défi», indique Mme Fortin.

L’établissement essaie également de garder de bonnes relations avec le voisinage. Un travail compliqué puisque les élèves commettent régulièrement des méfaits aux alentours. «On met en place des initiatives comme le ramassage de feuilles à la résidence ukrainienne de Montréal, certains élèves font des stages en garderie, d’autres s’occupent de servir le déjeuner, le matin, dans l’école. On part de loin avec eux. Ils ont une faible estime d’eux et ça se comprend, mais quand on les valorise, ils sont excellents», clame Mme Chouinard.

«Ils ont droit à une deuxième chance, sinon ils vont se retrouver dans la rue» – Ysabelle Chouinard, directrice du CIS.

L’administration vient d’obtenir du financement pour ouvrir un laboratoire de sciences dans les prochaines semaines.

Elle veut également organiser des rencontres entre anciens et nouveaux élèves. «Il y a tellement de belles histoires à raconter. Une ancienne élève qui s’en est sortie m’envoie une carte chaque année pour la fête des Mères. C’est ça qui nous fait tenir», conclut-elle.

À lire également: Le Centre d’intégration scolaire craint pour son avenir

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