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Valérie Desroches: déterminée à faire sa place

Valérie Desroches
Valérie Desroches s’entraîne environ cinq jours par semaine, à raison d’une vingtaine d’heures au total. Photo: Nouvelles Saint-Laurent News – Laurent Lavoie

La Laurentienne Valérie Desroches en a vu de toutes les couleurs dans ses nombreuses années de karaté. Ayant le syndrome d’Asperger et étant dyspraxique, une condition compromettant la coordination et le contrôle des gestes, l’orthopédagogue a su faire fi de l’exclusion dont elle a été victime pour faire sa place dans le sport.

C’est au début du mois d’octobre que Valérie Desroches a atteint un objectif qui lui tenait à cœur depuis longtemps.

Elle a remporté la médaille d’or à la Coupe Québec dans la catégorie des 68 kilos.

«Pour certaines personnes, ce n’est pas quelque chose d’énorme, mais pour moi, ce l’était, pour tous les efforts que j’ai mis pour me rendre là», raconte la femme de 35 ans.

Si Mme Desroches a commencé le karaté à l’âge de neuf ans, ce n’est que deux décennies plus tard que tomberont tour à tour les diagnostics du syndrome d’Asperger et de dyspraxie.

À de nombreuses reprises, il a été ardu pour la karatéka de s’intégrer dans les groupes de pratiques.

«Toutes les difficultés que j’ai eues, je ne les comprenais pas et les gens autour de moi ne les comprenaient pas», raconte la Laurentienne.

Il y a quelques années, on lui a refusé de faire du combat en raison de sa condition dans un centre.

Dans cette même période, elle s’était tournée vers le parakaraté pour faire des compétitions. Mais sur la scène canadienne, elle n’était pas éligible puisque son QI était trop élevé.

«J’ai très, très mal réagi, parce que je voyais ça comme de l’exclusion», dit-elle.

Détermination

Valérie Desroches estime que son temps d’apprentissage serait quatre fois plus long que la moyenne.

«J’ai besoin de quelqu’un [comme entraîneur] de très structuré et d’hyper visuel», explique-t-elle.

Après avoir changé à plusieurs reprises de centre, cela fait maintenant un an que le président du Centre d’excellence en karaté du Québec, François Persico, l’a pris sous son aile.

«Ça prend énormément d’efforts [de concentration] pour dissocier certaines choses, dont le punch sans que j’avance la jambe»

– Valérie Desroches, karatéka 

«Valérie a une capacité à travailler fort. C’est quelqu’un qui a une très forte éthique de travail. Elle est capable de prendre quelque chose et de le pousser à sa propre limite», souligne M. Persico, qui entraîne depuis 36 ans.

Les entraînements réguliers de Mme Desroches, bien qu’ils soient éprouvants, l’aident à améliorer son agilité et sa discipline physique.

«Quand j’avais 12 ans, je n’étais pas capable de courir en ligne droite, se rappelle-t-elle. Quand je pensais à aller vite, j’oubliais de rester dans le bon couloir.»

Éducation

Outre sa passion pour le karaté, Valérie Desroches est aussi orthopédagogue.

Après un baccalauréat en chant classique, un cours sur l’enfance en difficulté puis une maîtrise, elle a lancé en 2012 Pédago-mobile, une entreprise offrant de l’aide aux enfants ayant des difficultés d’apprentissage.

Sa concentration étant fragile, elle enseigne individuellement aux élèves. «J’ai passé ma vie avec des bâtons dans les roues, dit-elle. Ça clique énormément avec ces jeunes.»

Elle est également travailleuse autonome à l’école arménienne Alex Manoogian D’armen, à Saint-Laurent.

La karatéka a repris le combat dimanche avec l’objectif de se qualifier au sein de l’équipe québécoise pour le championnat canadien.

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