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COVID-19: les Laurentiens convergent vers les épiceries

Photo: Métro Média - Laurent Lavoie

Il était difficile de se trouver une place de stationnement en allant à l’épicerie à Saint-Laurent, vendredi après-midi. Comme dans plusieurs secteurs à Montréal, les citoyens ont décidé de faire leurs emplettes devant la propagation de la COVID-19.

À la Fruiterie AMR, sur le boulevard Décarie, on constate une congestion de clients qui se sont rués à l’épicerie pour faire des réserves.

C’est le cas de la Laurentienne Marie qui fréquente régulièrement le détaillant.

«Le fait qu’on a demandé aux gens de rester à la maison, ça les a influencés mentalement», estime-t-elle.

Aux études et mère de quatre enfants, elle a été forcée d’aller faire le plein de nourriture devant rester à la maison pour les prochaines semaines.

Un peu plus loin, au département de boucherie, deux employés ont été appelés en renfort pour répondre au fort achalandage.

«On a déjà eu beaucoup de monde durant la période des Fêtes, mais pas comme ça», décrit la gérante Maria Orban. Elle travaille à cette épicerie depuis cinq ans.

D’origine roumaine, elle dit avoir vécu déjà une crise sociétale semblable lorsqu’il y a eu la chute du communisme dans son pays en 1989.

«Ce n’était pas comme une pandémie, convient-elle, mais je sens cette tension […] parce que les gens ne savaient pas à quoi s’attendre.»

Elle ne craint toutefois pas de vivre une pénurie, malgré les plus grosses commandes passées par les clients.

Tablettes vides

Ailleurs au Provigo des Galeries Norgate et au IGA Extra du boulevard Henri-Bourassa Ouest, les tablettes de papier de toilette et d’essuie-tout continuaient de se vider et les rangées de se remplir de clients.

En plus d’une hausse des livraisons, «on rentre beaucoup plus de marchandises qu’à la normale. Ça va prendre du monde aussi pour remplir les tablettes, déjà qu’on en est en pénurie de personnel», souligne le propriétaire du IGA Extra, Daniel Duchemin.

Aucune pénurie

Vendredi midi, François Legault a confirmé lors d’une conférence de presse qu’il n’y aurait «aucune pénurie de nourriture au Québec» et que les livraisons de denrées se poursuivront normalement à travers la province.

Le Conseil canadien du commerce de détail abonde dans le même sens.  «Les chaines ont commandé en fonction d’un achalandage normal, ce qui explique les tablettes vides. Elles seront remplies bientôt», assure le directeur des relations gouvernementales, Jean-François Belleau.

Des comportements de consommation normaux doivent être maintenus. «On comprend que les gens veulent faire des réserves, mais il ne faut pas oublier que les quarantaines sont d’un maximum de 14 jours. On demande aux clients de différer leurs heures de visite des épiceries», mentionne-t-il.

Angoisse

Le fait que le coronavirus soit imperceptible peut expliquer le vent de panique qui pousse les gens vers les magasins d’alimentation, selon le psychologue Pierre Faubert.

«C’est du jamais vu. Le verglas était visible alors qu’un virus, c’est sournois et invisible. Cela contribue à l’augmentation du sentiment d’angoisse chez les gens», mentionne-t-il.

M. Faubert déplore ce phénomène. «Ce n’est pas comme s’il y avait un missile nucléaire qui allait nous tomber sur la tête, indique-t-il. Les gens s’attendent à vivre isolés et par instinct de survie, ils vont s’acheter de la nourriture et papier de toilette. Cela répond à un besoin fondamental de se sentir en sécurité.»

Le psychologue recommande de prendre une pause pour retrouver ses repères. «Il faut prendre conscience que parfois comme être humain, on se comporte comme des moutons. Il faut prendre du recul », suggère Pierre Faubert.

Avec la collaboration de Annie Bourque et Éric Martel

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