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La nouvelle réalité des soins intensifs à l’Hôpital du Sacré-Cœur

Mylène Arsenault
Mylène Arsenault supervise un maximum de deux patients à la fois aux soins intensifs de l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal. Photo: Métro Média - Laurent Lavoie

Mylène Arsenault connaît bien l’unité des soins intensifs de l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal, y travaillant depuis 21 ans. Enseignante en soins infirmiers au cégep de Saint-Laurent, elle est normalement à temps partiel, mais la femme de 46 ans a tenu à venir en renfort en offrant son entière disponibilité en cette période de pandémie.

En quoi l’admission de cas de COVID-19 a-t-elle chamboulé votre environnement de travail ?

On a dû rapidement mettre en place des chambres à pression négative, alors il y a eu de la construction. Les 16 lits de l’unité des soins intermédiaires du deuxième étage ont aussi été convertis en chambres à pression négative.

Tout le personnel des soins intermédiaires travaille maintenant avec nous aux soins intensifs. Ç’a créé beaucoup d’anxiété et nécessité de l’adaptation parce que la plupart, on se connaît moins. On doit travailler en équipe maintenant. Tout le monde est mis à contribution.

Concrètement, comment votre travail a changé au cours des dernières semaines ?

La direction nous a demandé de faire des 12 heures sur une base volontaire. Habituellement, c’est des quarts de 8 heures. Ils ont vraiment besoin de personnel supplémentaire. Ils ont aussi demandé si on voulait faire des nuits, c’est vraiment là que c’est problématique. Je ne l’ai pas fait parce que ce serait vraiment trop pour moi.

Aux soins intensifs, ce sont les cas critiques. Les protocoles doivent être suivis à la lettre. On est stressé parce qu’on ne veut pas se contaminer. S’il y a des bris d’équipement, on doit aller prendre une douche et se changer.

Quel équipement vous protège ?

On doit porter un masque de procédure en permanence dès qu’on rentre dans l’hôpital. En tout temps, il faut porter des lunettes protectrices ou mettre une visière par-dessus celles qu’on a déjà. Dernièrement, même avec les patients «non-COVID», on doit porter une jaquette jaune avec des gants tout le temps.

Ça fait qu’on a de la difficulté à respirer, on a mal en arrière des oreilles. Pendant 12 heures, avoir le visage couvert, en plus des masques N95, c’est quand même quelque chose. C’est vraiment tout un changement.

Comment vivez-vous avec le fait qu’il y a eu une éclosion dans plusieurs unités?

Je trouve ça triste. Je ne pensais pas que ça se produirait autant. C’est sûr qu’à l’Hôpital du Sacré-Cœur, ce sont des infrastructures plus vieilles. Ce ne sont pas toutes des chambres uniques. Il y en a avec plusieurs patients séparés par des rideaux. Aux dernières nouvelles, on est censé avoir l’équipement nécessaire pour les protéger, et nous aussi. Le virus est tellement virulent que, malgré tout, on ne réussit pas à le contenir.

Comment cette expérience va-t-elle profiter à votre enseignement?

La collaboration et le travail d’équipe, comment être soudé dans le milieu hospitalier, c’est déjà quelque chose qu’on inculquait aux étudiants. La contagion par les virus et les bactéries, aussi. Quand on allait en stage, c’était toujours de faire la police, d’enseigner les techniques d’isolement aux familles, aux visiteurs, aux patients.

Je vais pouvoir parler de mon expérience aux étudiants, c’est certain. Pour l’instant ce n’est pas quelque chose de négatif, parce que c’est sur une base volontaire et les supérieurs nous respectent beaucoup dans ça.

Pour faciliter la lecture de l’entrevue, certaines réponses peuvent avoir été éditées.

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