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Une intégration bouleversée pour les immigrants en temps de pandémie

Monya Salha
Monya Salha suit des cours au CARI Saint-Laurent Photo: Métro Média/Laurent Lavoie

Comme pour plusieurs organismes, le Centre d’accueil et de référence sociale et économique pour les immigrants (CARI) de Saint-Laurent a dû revoir la façon dont il allait soutenir une clientèle en quête de réponses.

Monya Salha est atterrie au Canada en 2017. Jusqu’à tout récemment, elle travaillait dans un organisme communautaire à Gatineau. C’est par le bouche-à-oreille que la femme de 40 ans a découvert le CARI.

Celle qui a immigré d’Algérie a son statut de résidente permanente, mais elle vise un autre objectif depuis plusieurs mois: sa citoyenneté. La pandémie lui a rendu la tâche plutôt ardue.

«C’est toujours compliqué pour l’instant parce que pour aller voir un organisme, une école, une commission scolaire, il faut passer par internet pour lancer un message, demander de l’aide. Ça prend des jours et des jours», témoigne Mme Salha.

Ses démarches auprès de Services Canada ont aussi été ralenties par le confinement.

Elle ne serait pas la seule à avoir été secouée par la pandémie, selon la coordonnatrice du département éducation populaire et vie communautaire au CARI. «Il y a eu des personnes qui sont arrivées au mois de mars. Deux semaines après, c’était la fermeture totale. Ces personnes-là étaient vraiment très désorientées, indique Loubna Regragui. On le sentait à travers leurs questionnements.»

«C’est un peu difficile pour les personnes qui n’ont pas de famille ici, qui ne sont pas encore arrivées à tisser des liens avec la communauté.» -Loubna Regragui

Adaptation

Le CARI a été forcé de se tourner vers la visioconférence en quelques jours. «Il a fallu tout repenser différemment», dit Mme Regragui.

L’organisme s’est mobilisé pour donner un coup de main aux usagers qui étaient moins familiers avec les technologies et pour assurer une communication par les réseaux sociaux ou par téléphone.

Le contenu des différents cours a été revu. D’ailleurs, un atelier nommé «Québec je connais» a été mis sur pied. «On a parlé de l’histoire, des expressions et de la cuisine québécoise», raconte Mme Regragui.

«L’intégration passe par le présentiel. Le travail à distance comporte des limites. Le réseautage et les activités collectives, facteurs d’ouverture sur l’autre, d’intégration et de participation citoyenne s’en trouvent réduits dans leur portée.» -Aïcha Guendafa, directrice du CARI

Jusqu’à tout récemment, les activités étaient en format hybride, soit en visioconférence et en présentiel. Tout se fait maintenant à distance en raison des cas de COVID-19 dans la région montréalaise.

Le programme «Femmes du monde» est l’exception à la règle, réunissant une quinzaine de participantes pour des pratiques de français, des ateliers de couture ou de cuisine, notamment.

La langue peut être une barrière lors des activités en ligne.

«C’est un espace pour briser l’isolement. En ce moment, il y en a beaucoup, surtout chez les personnes âgées, fait savoir Aïcha Farhat, conseillère en intégration sociale au CARI. C’est très important pour elles de venir sur place, de voir d’autres femmes.»

À la maison

La halte-garderie du CARI Saint-Laurent est actuellement fermée, puisqu’elle accueille les parents qui assistent à des cours de français, qui sont désormais à distance.

Ce changement est loin de plaire à tous. «J’ai eu des échos de certains parents où les enfants font des crises en plein milieu de la nuit. Ils parlent beaucoup de nos éducateurs et éducatrices, de ce lien qui n’est plus là», raconte Sujata Gill, chef d’équipe des services jeunesse.

Au début de la pandémie, des activités par visioconférence avaient lieu. L’équipe est toutefois au chômage, la garderie étant inoccupée.

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