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La langue italienne en perte de terrain à Montréal

Photo: Audrey Gauthier/TC Media

Bien que l’italien soit la troisième langue immigrante la plus parlée à Montréal, elle est en perte de vitesse. Les changements générationnels font en sorte que de moins en moins de personnes l’utilisent dans la métropole.

Selon des données de Statistiques Canada, le nombre de personnes ayant l’italien comme langue maternelle à Montréal a diminué de 11%, de 2011 à 2016. La situation est plus préoccupante dans l’utilisation de l’italien comme langue la plus parlée à la maison, alors que la chute est de l’ordre de 35%, de 2006 à 2016.

Une situation qui ne surprend pas l’enseignant d’italien, Fabrizio Marullo.

«Aujourd’hui, nous avons en moyenne 1500 élèves annuellement au cours du samedi. Il y a une vingtaine d’années, il y en avait beaucoup plus», déplore le membre de l’Association des professeurs d’italien du Québec.

Nouvelles générations
La diminution de cette langue serait due aux nouvelles générations d’immigrants qui ne parlent plus leur langue d’origine, mais davantage les langues de leur pays d’accueil.

«C’est normal que les immigrants de quatrième ou cinquième générations parlent de moins en moins l’italien. Ce sont des gens intégrés qui ont oublié la langue que parlaient leurs grands-parents», indique Matteo Soranzo, professeur associé au département des langues, de la littérature et des cultures à l’Université McGill.

La difficulté de parler en italien avec leurs petits enfants, Franco et Bruno connaissent cela. Ces deux immigrants venus d’Italie, il y a plusieurs dizaines d’années, parlent davantage en anglais et en français avec eux qu’en italien.

«Si la deuxième génération n’a pas appris l’italien, la troisième et quatrième ne le parleront pas. Mes petits enfants parlent peut-être 60% d’italien. D’ici 50 ans, quand notre génération ne sera plus là, nos enfants seront tous intégrés et parleront seulement le français ou l’anglais», indique Bruno Iacobo, résident de Saint-Léonard.

«Mes petits enfants mélangent les trois langues. Je les force à parler italien, mais rapidement, ils tombent dans une autre langue. Nous pouvons arriver à nous comprendre en italien, mais c’est difficile d’avoir une discussion, car ils ignorent le vocabulaire», souligne Franco Arcuri, résident d’Anjou.

«Il n’y a plus la nécessité d’apprendre l’italien pour parler à son grand-père, car celui-ci parle aussi le français ou l’anglais. On l’apprend pour lui faire plaisir. C’est dommage, car lorsqu’un enfant apprend une autre langue, c’est prouvé que ça augmente l’étendue de sa vision et son point de vue sur le monde», poursuit Fabrizio Marullo.

Optimistes
Malgré la baisse de l’utilisation de l’italien dans les foyers, les deux enseignants restent positifs et ne croient pas que cette langue va disparaître complètement du visage montréalais.

Ils citent notamment le Programme d’enseignement des langues d’origine offert dans plusieurs écoles de la Commission scolaire de Montréal où l’on organise des cours d’italien dans le cursus scolaire quand une quinzaine d’élèves démontrent leur intérêt pour cette langue.

«Le défi est de présenter la langue italienne de façon nouvelle. Attirer les nouvelles générations, n’ont pas pour des raisons liées à ses ancêtres, mais liées à la culture», affirme Matteo Soranzo.

«Il y a peut-être moins d’Italo-canadiens qui parlent italien, mais de plus en plus de Québécois apprennent cette langue, notamment pour le travail ou par passion pour la culture italienne», ajoute Fabrizio Marullo.

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