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Tennis de table : démystifier le sport à coup d’échanges

Vincent Aumoitte a été recruté en France pour qu’il devienne l’entraineur-chef du nouveau Centre national d’entraînement. Avant l’ouverture de l’endroit, il a fait la tournée des clubs du Québec pour se familiariser avec son nouvel environnement. Photo: Félix Lacerte-Gauthier

Depuis le mois d’août, Saint-Léonard abrite le Centre national d’entraînement de la Fédération de tennis de table du Québec (FTTQ). Avec ses nouvelles installations, celle-ci veut amener son sport à un niveau supérieur.

« On voulait créer un sentiment d’appartenance, que les joueurs puissent venir ici et se sentir chez eux, en ayant un esprit commun explique d’entrée Rémi Tremblay, directeur général de la FTTQ. On veut que tout le monde travaille dans la même direction. » Le défi, selon lui, était de convaincre les différents clubs de la province que le centre collaborerait avec eux, plutôt que de leur faire compétition.

« C’est un sport où il y a une forte concurrence, et notre but est d’amener les joueurs à un niveau professionnel, ajoute Vincent Aumoitte, entraineur-chef du Centre. On a moins de moyens qu’ailleurs, mais on veut former des joueurs qui vont représenter le Canada dans les compétitions. » Pour lui, le centre permet aussi d’ajouter une étape intermédiaire dans le développement des joueurs, entre les rangs amateur et professionnel.

Lui-même est arrivé au Québec il y a un an, après avoir été joueur professionnel, puis entraîneur en France. C’est au terme d’un long processus qu’il avait été recruté pour le poste. « Ça faisait plusieurs années qu’on cherchait un entraîneur de ce calibre, révèle Rémi Tremblay, directeur général de la FTTQ. Il n’y avait pas, ou très peu, de personnes avec cette expertise au Canada. »

Au cours du processus, les gestionnaires de la Fédération ont tout de suite su qu’ils voulaient M. Aumoitte. Depuis, ce dernier n’a pas déçu les attentes. Son apport est immense, souligne M. Tremblay. On ne pensait pas avoir autant de résultats en si peu de temps. » Il note que sa contribution permet non seulement d’améliorer le niveau des athlètes, mais également celui des entraîneurs québécois.

Des athlètes bien préparés

Marko Medjugorac et Tommy Xu s’entraînent à temps plein au Centre. Les deux ont participé à des compétitions de haut niveau.

Au moment du passage de Métro Média, les athlètes étaient en pleine séance de préparation mentale. L’exercice : déguster un bonbon, puis décrire les différentes sensations qu’ils ressentaient en le mangeant. Le but étant de leur rappeler l’importance de rester concentré sur le moment présent.

Plus d’une vingtaine de joueurs profitent actuellement du centre. Dépendamment des besoins de chacun, ils peuvent s’entraîner jusqu’à trois fois par jour. Des séances de préparations mentales, l’analyse de vidéos de match, ainsi que du conditionnement physique sont également à l’horaire.

Membre de l’équipe nationale canadienne, Marko Medjugorac s’était expatrié pendant six ans en Europe, où il a évolué dans les ligues professionnelles, avant de revenir au Québec à l’ouverture du centre. « C’est plus dur en Europe d’avoir du suivi. Pour eux, je suis plus là pour faire du “sparring”, ils vont moins travailler avec moi, pense l’athlète. J’y ai beaucoup appris, mais j’avais l’impression d’avoir fait le tour de cette expérience. »

Néanmoins, revenir au Québec lui a demandé une certaine adaptation. « Une fois qu’on a vu le vrai monde du tennis de table, c’est difficile de revenir au Québec, où c’est amateur », ajoute-t-il. L’aspect financier est un autre élément difficile. Malgré les bourses et subventions qui accompagnent son statut de joueur étoile au Canada, il ne peut encore vivre de son sport. « Je suis chanceux, mes parents me financent beaucoup, révèle Marko.

Tommy Xu est pour sa part champion canadien junior, et en est à sa dernière année d’éligibilité, avant de devoir faire le saut chez les seniors. S’entraînant à temps plein au centre, il espère que le soutien dont il bénéficie pourra lui permettre de se classer au niveau mondial. Pour lui également, malgré les subventions, il ne peut suffire à ses besoins. « C’est surtout mon père qui me finance, révèle-t-il. On essaie de trouver des commanditaires pour nous soutenir. »

Un sport à démystifier

Marko Medjugorac est membre de l’équipe nationale canadienne.

« Quand je suis venu ici, l’image qu’à le sport m’avait surpris, s’exclame M. Aumoitte. Certains jeunes bien classés ont même honte que leurs amis à l’école sachent qu’ils font du ping-pong. »

« J’avais gagné le championnat canadien, et les gens dans ma classe trouvaient ça ennuyant et disaient que ce n’est pas un sport, confie Tommy. J’aimerais pouvoir montrer ce qu’est le vrai tennis de table. »

M. Aumoitte croit d’ailleurs que le public devrait se défaire de l’image associée au tennis de table, qui ne serait qu’une activité de loisir pouvant se pratiquer bière en main. « Les Chinois disent que c’est un jeu d’échecs qui se joue en courant le 100 mètres, illustre-t-il. C’est très intense physiquement, mais ça demande aussi de la tactique. »

Selon lui, le tennis de table ne serait pas différent des autres sports. Il donne en exemple le soccer, qui peut être joué tant comme loisir, qu’à un niveau professionnel, les deux n’ayant rien de comparable.

« Je pense que la plupart des gens qui ont des préjugés ne connaissent pas le sport, conclut M. Tremblay. En compétition, il faut vraiment être en forme. Les gens ne sont pas conscients de ce que ça prend. »

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