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Garage Pam’m : Quand l’union fait la force

Le gérant du garage Pam'm.
Wilson Jean Paul est l’un des fondateurs du garage Pam’m. Les matins, il conduit toujours ses taxis, avant de venir faire de la mécanique, un domaine dans lequel il compte également une dizaine d’années d’expérience. Photo: Félix Lacerte-Gauthier

Devant la chute de la valeur de leur permis, plus d’une trentaine de propriétaires de taxis ont choisi d’investir les indemnisations reçues du gouvernement provincial pour ouvrir leur propre garage automobile.

L’union fait la force. C’est la devise officielle d’Haïti. L’adage pourrait tout aussi bien décrire le garage Pam’m.

« Je crois que la richesse provient de la collectivité, souligne Gilbert St-Jean, chauffeur de taxi et l’un des initiateurs du projet.

Signifiant « mon garage » en créole, Pam’m est d’abord l’initiative de membres de la communauté haïtienne. Depuis l’hiver, le commerce accueille ses clients sur le boulevard Pie-IX, à l’intersection de la 42e rue.

Ce projet, c’est une réponse inusitée à la crise importante qui secoue l’industrie du taxi depuis quelques années. L’arrivée d’Uber et la déréglementation qui s’ensuit ont remis en cause les façons d’opérer. La valeur de permis de taxi, achetés à coups de dizaines de milliers de dollars, a chuté drastiquement.

C’est dans ce contexte que 35 chauffeurs de taxi, ainsi qu’une vingtaine d’autres investisseurs, se sont unis afin d’amasser près de 1 M$, notamment en utilisant des montants obtenus dans le cadre du programme d’indemnisation des titulaires d’un permis de propriétaire de taxi.

« Nous voulions investir dans un domaine avec lequel on avait une certaine relation. D’où l’idée d’ouvrir un garage », résume Wilson Jean Paul, le gérant de l’endroit et l’un des initiateurs du projet.

Pour l’instant, les chauffeurs poursuivent leurs activités de taxi. Ils espèrent néanmoins que le garage leur donnera une certaine certitude monétaire.

Un garage pour la communauté

Conscient de l’évolution rapide du milieu, M. Jean Paul veut que Pam’m se tienne à l’avant-garde du virage technologique. « On veut être en mesure de réparer des voitures hybrides, électriques, et éventuellement autonomes », explique-t-il. Dans la cour, une voiture chinoise de marque BYD permet d’ailleurs aux mécaniciens de se familiariser avec un moteur électrique.

« On veut permettre aux jeunes d’origine haïtienne d’avoir un exemple positif, et peut-être aussi d’y faire leur premier pas s’ils veulent travailler dans le domaine », souligne M. St-Jean. Il rappelle néanmoins que le garage est ouvert aux clients issus de toutes les communautés.

Vétéran du groupe de mécanicien, alors qu’il travaille dans le milieu depuis 45 ans, Joël-Daniel Lops voit l’initiative d’un bon œil. Il avait d’abord entendu parler de Pam’m à travers un ami. « Il y a beaucoup d’Haïtiens à Montréal. C’est bien qu’on puisse travailler avec la communauté. C’est inspirant ! »

Également mécanicien, et présentement le seul membre de l’équipe qui n’est pas d’origine haïtienne, Pierre-Paul Métivier a vu l’ouverture de l’endroit alors qu’il habite à proximité, et il a décidé d’offrir ses services. « J’amène une diversité, blague-t-il. Je n’avais jamais autant d’investisseurs dans un garage. Habituellement, c’est toujours un seul propriétaire. »

Un investissement important

Le garage Pam'm est situé sur le boulevard Pie-IX.
À peine ouvert, le garage doit composer avec les aléas des travaux sur Pie-IX. M. Jean Paul préfère néanmoins y voir une occasion.

Actuellement, Pam’m loue son emplacement. Un point que M. Jean Paul aimerait bien changer prochainement, alors qu’il s’affaire à rassembler les 1,3 M$ supplémentaires qui seront nécessaires pour l’achat de l’immeuble.

« Louer est un passage obligé, croit-il. Ça nous apprend à bâtir une clientèle, à former une équipe de mécanicien, et à bien comprendre les normes de fiscalité du Québec. Ça nous permet d’apprivoiser ces choses tranquillement. »

Une difficulté supplémentaire s’ajoute alors que le boulevard Pie-IX est toujours en travaux, rendant le garage plus difficilement accessible. Néanmoins, M. Jean Paul préfère y voir un bon côté. « C’est un endroit moins convoité actuellement, donc on en profite pour pouvoir l’avoir maintenant. Il aurait été difficile d’avoir cet emplacement une fois les travaux terminés. »

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