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Commerce: de nouvelles règles qui ne font pas l’affaire de tous

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Paul Micheletti, président de la SDC Jean-Talon. Photo: Félix Lacerte-Gauthier/Métro

À l’approche de la période des fêtes, le gouvernement resserre les règles pour limiter la cohue dans les commerces. La mesure entre en vigueur au début de la période de vente la plus importante de l’année.

Au Carrefour Langelier, Franca s’inquiète. Après avoir lu un mémo du centre d’achat au sujet des nouvelles mesures, la gérante de la boutique Empire Linen attend les instructions que lui donnera le propriétaire du commerce.

«Je suis toute seule, je n’ai pas quelqu’un pour m’aider. Je dois faire la caisse, les clients et le stock. Ça va être stressant, mais a-t-on le choix ?»

Pour tenter d’éteindre la flambée du nombre de cas de COVID-19 en zone rouge, le gouvernement a annoncé que la capacité d’accueil des commerces se limitera désormais à un client par 20m2. Les boutiques dont la superficie en est inférieure ne pourront recevoir qu’une personne à la fois.

La distance entre les clients devra être de 2 mètres, à l’intérieur et dans les files d’attente. Les récalcitrants s’exposent à des amendes pouvant aller jusqu’à 6000$.

Franca croit qu’à terme, les mesures imposées signifieront la fin de nombreuses petites boutiques, et un déplacement accentué des achats à travers le Web.

Un peu plus loin dans le Carrefour, Sissi, gérante de Ma’ Beauté, croit également que l’annonce est un coup dur.

«Ça complique les choses, mais au moins, le centre d’achat nous aide un peu. Les gens sont impatients. S’ils voient que des clients attendent déjà à l’extérieur, ils partent. Ça diminue l’achalandage.»

Liliane, copropriétaire de la boutique Tapage, se voit mal gérer les éventuelles files d’attente.

«Ce n’est pas facile de dire à notre monde de rester dehors. On est habitué à ce que notre monde essaie les vêtements et prenne son temps. Je crois que les mesures vont nous faire plus mal», explique-t-elle. Elle ajoute cependant respecter les mesures imposées, ne voulant pas aller à leur encontre.

Préparés

Président de la SDC Jean-Talon, Paul Micheletti estime que les commerçants indépendants seront moins affectés par la mesure.

«Ce sont les grandes surfaces le problème, pas nous autres. Je crois que les petits appliquaient déjà les règles. Il n’y a aucun commerçant de quartier qui veut voir son commerce fermer de nouveau. On est plus proactif et on fait tout dans la mesure du possible pour être sécuritaire.» – Paul Micheletti, président de la SDC Jean-Talon

«Je pense que nos commerçants sont déjà très, très responsables. Plusieurs avaient déjà pris des actions en ce sens», explique-t-il.

Dans sa propre boutique, M. Micheletti avait imposé une limite au nombre de clients qui pouvaient s’y retrouver en même temps. Celle-ci reste sensiblement la même après l’imposition des nouvelles mesures.

«Depuis le début, je dis la même chose : les petits commerçants ne sont pas le problème, ce sont les [magasins grandes surfaces] où c’est n’importe quoi.»

Un constat que partage Nick, propriétaire de Chaussures Bari, sur la rue Jean-Talon. Il explique qu’il appliquait déjà ces règles depuis la réouverture de son commerce. «Pour nous, ce n’est pas un problème. On faisait déjà attention. Par exemple, on ne laissait pas rentrer plus que cinq personnes à la fois.»

Un peu plus loin sur la rue, Suzie, propriétaire de Beauté Africa, s’inquiète pour sa part de la façon dont elle devra composer avec cela, estimant que les petits commerçants écopent davantage depuis le début de la crise.

«C’est l’hiver qui arrive. Les gens vont devoir rester dehors à attendre, s’interroge-t-elle. C’est choquant, ça fait très mal, mais je comprends que c’est pour protéger la santé.»

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