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Îlots de chaleur: comment reverdir Saint-Léonard ?

Remplacer l'asphalte par des espaces verts contribue à rafraichir les îlots de chaleurs. Photo: Caroline Lefer-Palos / Métro Média

Saint-Léonard est l’un des points chauds de Montréal. L’été les températures sont plus hautes que dans d’autres secteurs. Cela est dû à la densité urbaine de l’arrondissement et au peu d’espaces verts.

«Si on veut avoir un gros impact sur les îlots de chaleurs, il faut désasphalter pour reverdir, mais cela a un coût très important. C’est souvent un frein au projet. Pour réussir à le faire, il faut soit la volonté d’une entreprise qui décide d’investir, soit un projet en mesure de financer de gros travaux de désalphatage et de reverdissement» explique Marie-Ange Selosse, chargée de projets à l’écoquartier de Saint-Léonard.

Dans ce sens, la mairie a mis sur pied un projet de déminéralisation des trottoirs du quartier. D’ici la fin de l’année, elle promet la création de 63 saillies de trottoirs végétales, ce sont des prolongements du trottoir aux intersections afin de créer une sorte de zone «tampon» entre les voitures et les piétons pour les rendre plus sécuritaires. De plus, la mairie prévoit le retrait de trottoirs en béton ou d’asphaltes pour créer 75 espaces de plantations d’arbres. Elle a également indiqué avoir planté 2000 arbres dans l’arrondissement ces cinq dernières années et prévoit d’en planter 1 000 de plus d’ici la fin 2021. Ces aménagements font partie du Plan d’action canopée 2012-2021. Un programme mis en place à la suite d’une étude qui classait l’arrondissement au dernier rang, avec un indice de canopée de 9 %, soit 11 points de pourcentage sous la moyenne montréalaise.

Un enjeu de santé majeur

Au sein des villes, la bétonisation des sols fait augmenter la température de 2ºC à 8ºC par rapport à la campagne, selon les chiffres du Conseil régional de l’environnement de Montréal (CRE-Montréal).

«À Saint-Léonard comme ailleurs dans l’est de Montréal, les citoyens sont vraiment en proie aux effets des îlots de chaleur. Les conséquences sont particulièrement néfastes pour les individus vulnérables: personnes âgées, enfants en bas âge, personnes atteintes de maladies chroniques, etc», explique Béatrice Viens Côté, chargée des communications du CRE-Montréal. Il existe aussi des variations importantes de températures d’un quartier à l’autre et même à l’intérieur d’un même quartier. Ces variations sont liées à la présence ou l’absence de végétation. Celle-ci agit comme un climatiseur urbain et vient rafraîchir l’air ambiant qui l’entoure.

«Les recommandations sont multiples, mais dans notre cas, la première consiste à sensibiliser les citoyens, les organisations, les entreprises et les élus aux bienfaits du verdissement en milieu urbain et à l’importance de préserver (et bonifier!) les espaces verts et milieux naturels déjà existants», ajoute Béatrice Viens Côté. Une gestion efficace de la végétation et de l’eau en milieu urbain, créer des zones de fraîcheur urbaines, ou îlots de fraîcheur.

Agir en tant que citoyen

Les citoyens peuvent contribuer à augmenter l’indice de canopée en plantant un arbre dans leur jardin. Le programme Un arbre pour mon quartier, mis en place par la Ville, permet d’acquérir un arbre à prix réduit. Il vise à aider les résidents à augmenter sa canopée.

La campagne 2021 vient de s’ouvrir. Il faut s’adresser à l’écoquartier de Saint-Léonard pour en profiter.

«L’année dernière a été notre année record. C’est sûr que par rapport à d’autres arrondissements c’est peu d’arbres, mais on continue de sensibiliser les résidents sur leur importance en ville. Je pense que la Covid a eu comme un effet positif, les gens ont eu l’envie d’aménager leur jardin, de profiter de leur extérieur», s’enthousiasme Marie-Ange Selosse. En 2020, l’écoquartier a vendu 84 arbres aux Léonardois contre 35 il y a cinq ans.

S’il leur est impossible de planter un arbre, les résidents peuvent contribuer à leur bien-être en plantant des végétaux sur les balconnières ou dans la cour. Une étude publiée en 2019 par des chercheurs de l’Université de Boston démontre que les arbres poussent plus vite en milieu urbain, mais qu’ils y meurent beaucoup plus jeunes. Cela est dû au fait que seuls, ils sont moins résistants aux attaques de la vie en ville. Être entourés de végétations contribuerait à la longévité des arbres urbains, car dans le monde végétal, c’est l’union qui fait la force. Dans ce sens, l’écoquartier de Saint-Léonard distribue régulièrement des végétaux gratuits pour inciter les habitants à verdir leurs résidences.

Si l’augmentation de l’indice de canopée, un indice qui mesure la part d’ombre offerte par les arbres, est l’une des solutions clés pour rafraîchir l’arrondissement, réduire ses déplacements en voiture en est une autre. «Il y a deux enjeux qui se confrontent. La lutte contre les îlots de chaleurs et les déplacements actifs, c’est-à-dire tous modes de transport qui utilisent notre énergie physique. C’est certain que pour avoir le goût de se déplacer à pied ou à vélo, il faut que ce soit agréable, il faut plus de verdissement et des aménagements. On travaille avec l’arrondissement pour l’ajout de pistes cyclables pour créer des aménagements agréables et sécuritaires» explique Marie-Ange Selosse de l’Écoquartier Saint-Léonard.

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