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Un nouvel organisme pour les femmes musulmanes est né

Solidarité et Action des femmes immigrantes regroupées (SAFIR) est un nouveau venu dans le monde associatif léonardois. Sa fondatrice, Najet Ferjani, ancienne directrice du Bureau associatif diversité réinsertion (BADR), souhaite venir en aide aux femmes de confession musulmane de la communauté.

Lors de son passage à la direction du BADR, Mme Ferjani dit avoir été témoin de plusieurs situations malheureuses vécues par des femmes de la communauté; des incidents qui l’ont profondément touchée.

« J’ai vu plusieurs cas de conflits impliquant des femmes, que ce soit dans le cadre d’un couple ou d’une relation parent-enfant. J’ai constaté des situations qui ont conduit à des séparations. J’ai également assisté à plusieurs cas de violence conjugale. Dans le cas d’altercations entre parents et enfants, j’ai su que certaines filles fuyaient le domicile familial pour aller se réfugier dans la mosquée. Dans la plupart de ces cas, les femmes refusent d’avoir recours aux services d’aide qui sont disponibles. ».

Selon elle, il arrive que des hommes nouvellement arrivés peinent à s’adapter au contexte culturel de la société d’accueil. Mal à l’aise vis-à-vis l’autonomie des femmes au Québec, certains d’entre eux imposent des contraintes excessives à leur conjointe. Par exemple, elle souligne avoir appris que certains maris interdisaient à leur épouse de se rendre à des ateliers d’intégration au marché du travail.

Confrontée à ces situations, Mme Ferjani affirme avoir ressenti le besoin d’agir, d’aider les femmes à briser leur isolement. Or, dans le contexte de son travail, le défi était trop grand.

« C’est un centre d’accueil pour toute la famille. Un lieu de vie ou hommes, femmes et enfants viennent pour des activités. Dans ce contexte, on ne peut pas créer un mouvement de libération de la femme. Ça prend un organisme créé par et pour les femmes », plaide-t-elle.

C’est de ce constat que lui est venue l’idée de fonder SAFIR, un groupe dont la mission est d’orienter les femmes musulmanes vers les ressources d’aide en matière de santé, d’emploi et d’éducation.

« J’aime bien que la femme immigrante s’habitue à ses droits et qu’elle réclame, elle aussi, sa liberté au sein de son foyer. Je veux qu’elles revendiquent l’égalité homme-femme et qu’elles s’intègrent davantage aux normes québécoises. »

Son premier mandat : se rendre auprès des femmes, là où elles se trouvent, pour bâtir un lien de confiance.

« Récemment, je suis alléE à la Mosquée pour parler aux femmes. Une dizaine d’entre elles ont accepté de monter avec moi pour aller discuter avec les imams. J’ai été agréablement surprise. Ils les ont encouragées à être autonomes et libres. Ils les ont aussi invitées à revenir les voir pour échanger. C’était une rencontre extraordinaire dans le sens où ils ont évoqué que c’est un pêché de priver les femmes de leurs droits. »

Du nouveau dans le milieu communautaire

Catherine Simard, directrice générale du Carrefour des femmes de Saint-Léonard (CFSL), estime que SAFIR pourrait avoir son utilité.

« Plus nous arrivons à aller auprès des femmes, mieux c’est. L’organisme pourrait peut-être nous aider à rejoindre les quelques femmes que nous ne pouvons pas rejoindre. »

Elle ajoute toutefois que le CFSL existe depuis 20 ans et qu’il est déjà très bien implanté dans le milieu communautaire. Il arrive donc à rejoindre la majeure partie des femmes vivant à Saint-Léonard. Elle souligne notamment le succès du programme Femmes-relais, offert par une équipe de traductrices culturelles. Issues elles-mêmes de l’immigration, elles servent de pont entre les familles nouvellement arrivées et leur société d’accueil.

Un contexte houleux

Mme Ferjani fonde son organisme au moment même où le Québec est confronté à un débat de société portant, entre autres, sur la place de la religion dans la sphère publique; un contexte houleux où le voile est pointé du doigt.

« La charte provoque beaucoup de panique, clame-t-elle. C’est vraiment un débat qui s’ajoute aux autres problèmes que vivent les femmes musulmanes. Elles sont parfois isolées et elles vivent déjà des préjugés. Maintenant, la voilà politiquement ciblée. Ça, c’est grave. Ça crée de la haine au sein de notre société. »

Selon elle, le projet de charte des valeurs du Parti québécois ajoute un fardeau supplémentaire sur les épaules des femmes, qu’elles soient pratiquantes ou non.

« Ils nous offrent un choix déchirant : soit on agit comme tout le monde, soit on quitte. La femme musulmane vit donc deux pressions, dans son foyer et à l’extérieur de son domicile. Elle doit toujours être à la volonté de quelqu’un. »

Safir est situé au 4270 rue Jean-Talon Est. On se renseigne par téléphone en composant le 438 764-5909 ou par courriel en écrivant au safirstleonard@gmail.com.

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