Des bancs pour l’amitié
Pour la nouvelle année, l’école Dollard-des-Ormeaux dans Ville-Émard proposera un nouveau projet pour contrer l’intimidation et favoriser l’insertion sociale: les bancs de l’amitié. Les deux sièges, fabriqués par des artistes du quartier aussi parents d’une élève, seront installés dans les jours à venir.
Le principe est simple. Des bancs seront disposés à des endroits stratégiques de la cour. Si un élève se sent seul, est plus timide ou a envie de jouer avec d’autres amis, il va prendre place sur un des sièges. De cette manière, les autres enfants sont au courant de sa solitude et peuvent l’inviter à se joindre à eux.
«On l’a fait en premier pour favoriser la création de nouvelles amitiés, car le taux d’intimidation à l’école n’est pas très élevé, mentionne Marie-France Richard, la présidente du Conseil d’établissement et instigatrice du projet. Par contre, comme partout ailleurs, c’est présent.»
Selon la psychoéducatrice, Chantal Bédard, l’intimidation est effectivement peu présente dans l’établissement en raison du travail quotidien fait par les professeurs et les spécialistes sur la manière d’aborder les autres élèves. Toutefois, comme Mme Richard, elle croit que ce sera toujours d’actualité et qu’il faut continuer à travailler en ce sens.
«C’est important d’expliquer aux enfants le principe des bancs de l’amitié pour qu’ils soient utilisés de la bonne manière. L’idée est d’imager par un endroit l’importance de socialiser et de se parler quand quelque chose ne va pas», souligne-t-elle.
Pour elle, les effets bénéfiques sont nombreux s’il y a un apprentissage constant fait par les adultes.
Design
Catherine Ouellet-Cummings et Julien Boisseau, les propriétaires de L’Abricot, un atelier d’impression à domicile, ont accepté de fabriquer les installations bénévolement.
Ces deux résidents de Ville-Émard étaient emballés à l’idée de réaliser ce projet, qui bénéficiera à plusieurs élèves de leur quartier, dont leur fils maintenant en troisième année.
«Nous avions carte blanche sur la confection des bancs. Nous avons voulu confectionner quelque chose de durable, de solide et de sécuritaire, comme ils seront installés à l’extérieur à l’année», précise M. Boisseau.
Les bancs de plus d’un mètre de largeur représentent deux visages qui se rencontrent ou qu’un seul, tout dépendant de la perspective qu’on en fait. L’idée était de concevoir un design intéressant et accueillant pour les enfants.
En tant que parents, ils ont perçu de manière positive cette initiative de l’école. «La cour est très grande, mais aussi très vide. Ces bancs permettent un lieu de rencontre pour les enfants et favorisent les interactions», ajoute M. Boisseau.
La commissaire scolaire du Sud-Ouest, Violaine Cousineau compte parler de cet ajout aux autres établissements de l’arrondissement afin qu’ils implantent un projet similaire chez eux.
L’école Dollard-des-Ormeaux a procédé à l’inauguration officielle des bancs le 28 août. Toutefois, comme leur installation dans la cour doit se faire par des représentants de la Commission scolaire de Montréal, les enfants devront patienter encore quelques jours avant de pouvoir les utiliser.
OrigineL’idée du banc de l’amitié est née en Europe, plus précisément dans les écoles allemandes. En 2013, l’initiative a migré vers l’Amérique du Nord et un projet similaire a vu le jour aux États-Unis. Christian Bucks, un petit garçon soucieux de savoir que des enfants n’avaient personne avec qui jouer, a demandé au directeur de son école de Pennsylvanie d’installer un buddy bench. Enchanté par l’idée, l’établissement s’est joint au projet et le petit Bucks a pu choisir le design. Depuis, plusieurs établissements scolaires du Grand Montréal ont emboîté le pas.
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