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L’essoufflement d’une intervenante de travailler en zone rouge 

L’ancienne journaliste Delphine Bergeron a prêté main-forte pendant un mois en CHSLD. Photo: Gracieuseté

Intervenante en déficience intellectuelle dans un établissement de santé mentale, Delphine Bergeron est épuisée de travailler en zone rouge. Elle est présentement en isolement pour 14 jours afin d’être transférée en zone verte, à sa demande. 

Le port de l’équipement de protection et les séquences pour se changer sont plutôt anodins au départ, souligne l’ancienne journaliste pour le Magazinie Île-des-Soeurs et Le Flambeau. Mais la routine, exécutée une dizaine de fois par quart de travail, finit par être un cumulatif d’environ deux heures et demie dans une journée.

«Ce sont des mouvements répétitifs, indique Mme Bergeron. L’attention mise sur ces mesures de sécurité, c’est comme un automatisme. Ça m’a aliéné.»

Zone rouge: zone où des patients sont atteints de la COVID-19. 

Zone verte: zone où il n’y a pas de gens testés positifs à la COVID-19 

Enlever l’équipement est beaucoup plus compliqué que de l’enfiler puisqu’il faut se désinfecter les mains entre chaque étape.

La visière doit être lavée deux fois, de l’intérieur vers l’extérieur, en prenant le soin de changer de lingette. Elle doit finalement porter un nouveau masque pour sortir de la zone tampon.

La Verdunoise est tout à fait consciente que ces mesures sont nécessaires et que cela lui permet de travailler tout en étant protégée.

Charge émotive

Mme Bergeron a aussi été prêter main-forte pendant un mois en centre d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD) avant de revenir, il y a quelques semaines, à son poste. 

«Je suis persuadée que les conditions en CHSLD n’ont pas changé, déplore-t-elle. J’ai beaucoup d’inquiétude pour leur avenir et ç’a été l’un des signes qui me montraient que j’étais fatiguée.» 

En tant qu’intervenante, elle doit avoir une distance émotive professionnelle, ce qu’elle arrive à avoir en temps normal. Mais elle s’est attachée aux résidents alors qu’elle a appris à les connaître, et vice-versa.

Et récemment, Mme Bergeron s’est aperçue qu’elle n’avait plus de place pour de l’empathie. «Ça me tentait plus, pas parce que je suis une mauvaise intervenante, mais parce que j’en avais fait trop dans les dernières semaines», raconte-t-elle.

«Il faut prendre soin de soi pour pouvoir prendre soin des autres. Il faut que les gens s’écoutent. Mais en même temps, on vit tellement dans un monde de performance que c’est difficile de s’avouer vaincue. Au final, on gagne au bataille.» — Delphine Bergeron.

Cette condition se nomme épuisement empathique et se voit beaucoup en santé mentale selon l’intervenante. Elle était ravie que ses préoccupations aient été prises au sérieux par ses pairs, ce qui n’est pas le cas partout. 

Craintes 

Attraper la COVID-19 a aussi été une préoccupation. «Mais cette crainte, je ne l’ai plus. Je pense que, si j’avais eu à l’attraper, ça serait déjà fait», dit-elle, tout en nuançant qu’elle pourrait transmettre le virus sans avoir de symptômes.

À cause de la nature de son travail et avec les règles sanitaires de mise pour l’ensemble de la population, ses activités sociales ont été restreintes depuis le début du confinement.

Elle se réjouit du déconfinement, qui arrive avec les beaux jours, en plus du fait qu’elle travaillera bientôt en zone verte. La jeune femme pourra alors desserrer un peu l’extrême vigilance qu’elle s’était imposée. 

Mme Bergeron devra tout de même attendre la fin de sa quarantaine, un protocole prescrit pour passer de la zone rouge à verte.

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