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Haine sur les réseaux sociaux: une menace pour la démocratie?

Facebook, espace sans nouvelles? Australie
Photo: Chesnot/Getty Images

Plusieurs élus ne se représenteront pas aux prochaines élections municipales à cause de la haine sur les réseaux sociaux, qui est plus en plus fréquente. C’est le cas de l’ex-conseillère Marie-Eve Brunet Kitchen, qui était pressentie comme candidate à la course à la mairie de Verdun. Ce climat toxique qui règne sur les réseaux sociaux décourage-t-il la relève politique?

Le maire de Verdun, Jean François Parenteau, a annoncé il y a un mois qu’il ne sollicitera pas un troisième mandat. Il évoquait parmi les raisons de son départ les interactions sur les réseaux sociaux qui sont désormais sur un ton négatif.

Après l’annonce de M. Parenteau, Marie-Eve Brunet Kitchen a reçu plusieurs demandes citoyennes pour qu’elle revienne en politique municipale – un appui qui l’a émue.

Mais après réflexion, elle a décidé de ne pas se lancer dans l’aventure. En entrevue avec Métro IDS/Verdun, elle admet avoir été tentée de mener campagne, puis d’avoir mis une croix sur cette option, par crainte de revivre des situations toxiques. «Cela a pesé très lourd dans ma décision finale», dit-elle.

Les insultes et les menaces qu’elle a reçues par le passé en tant que conseillère avaient aussi touché sa famille. «Je peux prendre des risques pour moi, mais pas pour mes enfants. Et il existe peu d’outils pour protéger les élus et leurs proches», se désole-t-elle.

La Verdunoise remarque que l’agressivité sur les réseaux sociaux s’est amplifiée avec la crise sanitaire. Elle craint que si les conditions de la profession ne s’améliorent pas, il y ait peu de relève politique compétente. «Il faut se demander quels genres d’élus on veut. Selon moi, les meilleurs [politiciens] sont ceux qui sont sensibles et connectés aux citoyens, et non ceux qui ont une grosse carapace», soutient-elle.

Interactions

La professeure au département de science politique à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), Michèle Rioux, estime que la haine sur les réseaux sociaux peut décourager certains candidats à se présenter en politique. «Les gens se permettent de dire des choses sur les réseaux sociaux qu’ils ne diraient jamais devant la personne», soulève-t-elle. Elle ajoute que plusieurs enjeux affectent la vie d’une personnalité publique, dont le manque de vie privée et les commentaires désobligeants des internautes.

M. Parenteau avait témoigné en ce sens sur sa page Facebook. «Les attaques personnelles et les commentaires gratuits de plus en plus présents ont fini par m’atteindre», avait-il expliqué.

«La haine sur les réseaux sociaux est une problématique qui risque d’avoir un impact majeur sur notre démocratie. Les élus exercent une fonction qu’il faut protéger.» -Michèle Rioux, professeure à l’UQAM.

Mme Rioux affirme que cette agressivité s’explique en partie par la rapidité des messages sur les réseaux sociaux, qui nous empêche de prendre un pas de recul. «Ça vient un peu bousiller la démocratie délibérative […], parce que maintenant, tout est instantané. On n’a pas le temps de réfléchir et d’avoir un débat de société que déjà, on s’emballe.» Avant la popularité des réseaux sociaux, il y avait une meilleure courtoise dans les interactions, souligne la professeure.

Elle croit que des solutions pourraient émerger dans le futur pour protéger les élus et les internautes en général, puisque le problème de la haine sur les réseaux sociaux est de plus en plus documenté.

Pour le moment, les plateformes comme Facebook ne sont pas responsables des échanges qui se déroulent sur leur site. Michèle Rioux a toutefois espoir qu’il y aura un jour une régulation et des codes à respecter sur ces plateformes.

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