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Le conflit du lac Lacoursière se poursuit

Le lac Lacoursière Photo: Facebook

Le lac Lacoursière situé à L’Île-des-Sœurs manque d’oxygénation, ce qui cause de nombreux problèmes, dont des odeurs nauséabondes, mais aussi la présence de particules en suspension et un risque d’accumulation de matières fertilisantes. Bien que l’arrondissement compte remédier à la situation au meilleur de sa capacité, certaines interventions lui sont interdites.

L’arrondissement a fait état de la problématique lors d’une séance informative publique. Il a identifié la présence grandissante du roseau commun et de la quenouille dans les bassins du parc Lacoursière ainsi qu’une forte croissance de plantes aquatiques. La circulation de l’eau est ralentie par la végétation et les pompes sont obstruées par les algues.

De leur côté, les résidents dénoncent la quantité de l’eau dans le lac qui chute drastiquement. Le maire de Verdun, Jean-François Parenteau, explique que le niveau d’eau du fleuve étant très bas, les pompes n’arrivent pas à combler les besoins des bassins.

«Il y a une évaporation. L’odeur est causée par la décomposition des feuilles mortes. On ne peut pas monter le niveau d’eau aussi haut qu’on le voudrait», indique M. Parenteau, ajoutant qu’une averse importante viendrait temporairement remédier à la situation.

Cette année, l’arrondissement investira un total de 500 000$ pour améliorer l’état du parc Lacoursière et ses bassins. À terme, l’eau qui est pompée dans le lac des Battures transitera vers le lac Lacoursière. Ce circuit d’eau traversera plusieurs milieux humides.

«Il va déjà y avoir un traitement en continu avant que les eaux arrivent dans le lac Lacoursière. Les eaux bénéficieront de ce prétraitement notamment à travers le ruisseau des Hérons», explique le biologiste présent à la soirée informative, Jean-Sébastien Bernier. Les travaux d’approvisionnement en eaux brutes devraient débuter à l’automne 2021.

«L’état du lac se dégrade, mais en même temps la population ne veut pas de bande riveraine. Si elle veut que le lac soit en bonne santé, il faut mettre en place des mesures prouvées par les experts.»

Jean-François Parenteau

Au même moment, il est prévu de planter des végétaux indigènes, des arbustes et des arbres. Ces plantations feront de l’ombre sur la rive et le littoral pour contrôler les espèces envahissantes, telles que le phragmite. De plus, il y aura l’ajout et la réfection de sentiers. Le mobilier urbain sera aussi restauré.

Changer le statut

Ce qui choque le plus les résidents par rapport au lac Lacoursière est la bande riveraine de dix mètres qui sera installée autour du lac. Il y a présentement 3760 m² d’espace gazonnés et cela sera réduit à 1700 m² afin de créer la bande riveraine.

Il n’est pas possible de réduire la grandeur de la bande puisque le lac Lacoursière est assujetti à la Politique de protection des rives, du littoral et des plaines inondables du ministère de l’Environnement.

Changer le statut du lac auprès du ministère de l’Environnement est une solution potentielle au problème de bande riveraine. Or, les ingénieurs de la Ville de Montréal ont statué que le lac Lacoursière était bel et bien un plan d’eau naturel, en raison des cartes historiques qui montrent l’existence d’un cours d’eau avant l’intervention humaine. Si la Ville émet que le lac est «naturel», aucune demande de changement au ministère n’est envisageable.

Lors de la soirée publique, un citoyen a démontré un intérêt d’avoir un recours juridique par une association pour la préservation du lac afin de changer le statut devant les tribunaux. «On a de réelles difficultés de qualification pour quelque chose qui a été un lac et qui n’en est plus un», dénonce ce citoyen. 

Plusieurs abondent en ce sens et s’indignent qu’un lac qui doit être maintenu en vie avec des pompes soit considéré comme un cours d’eau naturel. «L’aménagement du lac dans les années 80 n’a pas été bien fait car il ne s’autosuffit pas, il n’est pas stable et il se dégrade», exprime le biologiste.

Selon lui, en vertu de la Politique de protection des rives et du littoral et des plaines inondables, on a affaire davantage à un étang, par sa profondeur, et à la présence de plantes émergentes.

«Le ministère de l’Environnement ne peut pas accepter que des interventions majeures [comme le dragage] soient effectuées dans le lac Lacoursière tant et aussi longtemps que le problème n’est pas  réglé à la source. C’est ce qu’on est en train de faire [avec la bande riveraine]», explique-t-il. Celle-ci permettra entre autres une meilleure rétention d’eau.

Une fois que l’environnement du lac sera propice à sa survie, il n’est pas exclu que le statut du lac puisse changer. Toutefois, pour les Insulaires, cela n’empêchera pas le parc de perdre une importante partie de l’espace gazonné.

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