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La culture happée par la pandémie

Photo: Chorpakar Intaphun/123RF

C’est bien connu, la pandémie a frappé de plein fouet le milieu de la culture. Retour sur la date fatidique du 12 mars 2020 et sur les semaines et les mois qui ont suivi avec des acteurs du milieu de la culture de Villeray.

Chez Les ateliers C, école d’arts visuels située à l’intersection de l’avenue Henri-Julien et la rue Gounod, au début, on était prudent par rapport à l’ampleur de la crise.

«Le vendredi [13 mars 2020], on avait des cours à l’atelier, on était un peu sceptique à l’idée de devoir fermer, se rappelle la fondatrice et directrice de l’école, Manon Lévesque. On voulait continuer à opérer. Pendant le week-end on a continué à donner nos cours et c’est le lundi matin, quand on s’est réveillé, qu’on s’est dit que c’était impossible de continuer.»

L’école en était à sa première semaine de la session de printemps. La directrice annonce alors que les cours allaient être reportés jusqu’à ce qu’on puisse les donner en présence. «Ce que notre clientèle veut, c’est l’ambiance de l’atelier, rencontrer des gens et emprunter le matériel! Tout le concept de l’atelier est fait pour être en présence», indique Mme Lévesque.

Voyant que les cours n’allaient pas reprendre avant longtemps, la directrice a décidé, comme beaucoup d’autres, d’offrir ses cours par visioconférence.

«Il y a eu beaucoup d’inscriptions pour janvier et février, ça a quand même bien fonctionné. Il n’y a pas seulement des inconvénients», assure-t-elle. Par exemple, Mme Lévesque constate aussi que sa clientèle provient d’un peu partout. «J’ai des gens qui viennent de Toronto, d’Ottawa, de Québec, j’en ai même qui viennent des États-Unis!», s’étonne-t-elle.

Pour Simon Boudreault, directeur artistique du Théâtre de l’Œil, une entreprise culturelle spécialisée dans l’art de la marionnette, la pandémie a signifié l’annulation de plusieurs spectacles. Malgré tout, une des premières décisions du théâtre a été de payer 75% du salaire des artistes, dans le but de les soutenir.

Puis, au cours de l’été, l’équipe a poursuivi la confection de marionnettes pour les spectacles prévus en octobre, en dépit de l’incertitude qui régnait.

Les spectacles de l’automne ont finalement été annulés, eux aussi. Les répétitions ont quand même été maintenues, afin de garder l’équipe prête à reprendre le flambeau à tout moment.

«Il y avait une belle ambiance, chaque jour c’est comme si on volait à la pandémie une journée de répétition et de travail, se souvient l’homme de théâtre. Pour les marionnettistes qui venaient de passer plusieurs mois confinés, il y avait quelque chose d’assez libérateur.»

Réorientation

Pour d’autres, la pandémie les aura forcés à revoir leur modèle d’affaires. C’est le cas la Coop les ViVaces, un collectif d’artiste se spécialisant dans la création d’œuvres donnant voix à des enjeux sociaux.

La coopérative crée normalement une foule de types de projets artistiques, allant de prestations dans des festivals et en salles à du théâtre de rue ou des ateliers de création culturelle.

«Après le premier confinement et la reconduite des mesures, on a eu des appels pour l’annulation de divers événements. On nous disait qu’on ne savait pas si ça allait être remis, raconte avec dépit la codirectrice de la coopérative, Véronique Lamarre-Tremblay. On fait beaucoup d’événementiels et les gens ont tous annulé leurs événements.»

Malgré tout, certaines entreprises privées, sensibles au milieu des arts et de la culture fragilisée par la crise sanitaire ont généreusement donné des sommes d’argent à la coop, ce qui les a aidées énormément.

Justement, l’avenir de l’organisme culturel doit être axé sur des ateliers de création artistique en entreprises privées croit Mme Lamarre-Tremblay.

«On sent la nécessité de faire les choses avec une approche beaucoup plus calculatrice. Rendre l’art rentable au lieu de faire de l’art pour l’art», reconnait-elle lucidement.

Un an plus tard, on est à même de constater que, bien qu’amoché, le milieu culturel de Villeray continue de trouver des moyens de se réinventer.

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