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Logements sociaux: insuffisance de l’offre par rapport à la demande

Photo: Nafi Alibert / TC Media

Le directeur de la santé publique de Montréal (DSP) dresse un portrait peu flatteur de l’état du logement dans la métropole, notamment dans Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension (VSMPE). L’arrondissement est toujours marqué par la pénurie de logements sociaux et abordables, et ce, malgré l’inauguration récente d’un immeuble de 21 appartements communautaires sur l’avenue d’Outremont.

Si VSMPE est l’arrondissement affichant le plus haut de taux de foyers sous le seuil de faible revenu (33,8 %), il n’est pas pour autant celui qui offre le plus de logements sociaux. Les logements sociaux et communautaires n’y représentent que 6,6 % du parc locatif, soit la moitié de ceux disponibles dans Ville-Marie, un secteur qui recense pourtant 3060 ménages sous le seuil de faible revenu de moins que Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension.

Des familles sur liste d’attente
Comme l’indique le dernier rapport du DSP, les logements locatifs de taille adéquate et à un coût abordable pour une famille avec enfants sont de plus en plus rares à Montréal.

Selon les chiffres communiqués par la Ville, dans VSMPE, plus d’un ménage sur dix vit dans un logement de taille insuffisante (14 %), un chiffre qui grimpe à trois foyers sur dix pour les couples avec enfants (30 %), ou les familles monoparentales (28,7 %).
«Il y a plus de 200 personnes en attente d’un logement avec plusieurs chambres. Chez nous, la plupart de ces gens ne peuvent pas se permettre d’accéder à un logement sans subvention», déplore Bruno Dion, directeur d’Habitations populaires de Parc-Extension (HAPOPEX).

HAPOPEX est un organisme à but non lucratif qui développe des logements communautaires dans le quartier depuis 1995. C’est grâce à lui que l’ancien presbytère abandonné de la rue Saint-Roch a récemment laissé place à 14 logements communautaires de deux chambres, six de trois chambres et un de quatre chambres.

«J’ai pris ce logement avec fierté», annonce d’entrée de jeu Aïssatou Bah, une mère monoparentale de six enfants. «Avant je vivais de la discrimination, je devais cacher que j’avais des enfants pour pouvoir louer un logement. HAPOPEX sait que j’ai six enfants. Maintenant je vis tranquille dans un 5 et demi», dit celle dont la famille s’est entassée pendant de trop longues années dans des «petits logements» qui lui «coutaient une fortune».

Si on fait un immeuble tous les 10 ans, c’est sûr que l’on ne va pas répondre à la demande des familles de Parc-Extension- Bruno Dion, directeur d’HAPOPEX.

Un chemin de croix
C’est grâce à la bonne volonté des Frères de la paroisse des Franciscains, qui souhaitaient que leur terrain abrite un projet à vocation sociale, que ces logements communautaires ont pu voir le jour… au bout d’une dizaine d’années.

M. Dion reconnaît que «c’est très long de faire aboutir ce type de projet», qui n’aurait jamais existé sans l’appui du gouvernement du Québec (programme AccèsLogis) et des quelques 159 000 $ octroyés par l’arrondissement.

Selon lui, la seule manière de faire sortir certains terrains du marché spéculatif du logement serait que chaque arrondissement adopte une politique de réserve foncière.

Sans argent, pas de logement
Alors que la crise du logement continue de laisser ses stigmates, le gouvernement s’est progressivement désengagé du financement à long terme de certains projets de logements sociaux.

«La convention entre le gouvernement fédéral et la coopération « Nos rêves » arrivera à échéance en 2019. Si Ottawa ne change pas de position, cela se traduira par une augmentation de loyer de 100 à 300 $ pour les ménages qui y habitent», prévient André Trépannier, responsable des droits des locataires au Comité d’action de Parc-Extension (CAPE).

Une augmentation qui frapperait de plein fouet des ménages vivant sous le seuil de faible revenu et qui consacrent une part disproportionnée de leur budget pour se nourrir, se loger et se vêtir.


 

Logements sociaux, un enjeu électoral

Afin de sensibiliser les candidats fédéraux à la problématique latente de la crise du logement, la Coopérative « Nos rêves », le CAPE et la Fédération des coopératives d’habitation intermunicipale du Montréal métropolitain (FÉCHIMM) ont remis, le 22 septembre dernier, 204 «demandes d’engagements pour l’avenir du logement social» signées par les citoyens à Anne Lagacé Dowson et Justin Trudeau.

 

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