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Ouragan en Haïti: des Canadiens en état d’alerte

Josianne Desjardins, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

PORT-AU-PRINCE, Haïti — Les étalages vides des supermarchés de Port-au-Prince témoignent de l’état d’urgence qui commence à se faire sentir depuis dimanche soir, en Haïti, à quelques heures de l’arrivée de l’ouragan Matthew.

Avec plus de 3000 personnes déployées sur le terrain, la Croix-Rouge haïtienne travaille actuellement à sensibiliser les populations les plus vulnérables face au réel danger que représente l’ouragan. Les habitants se trouvant à proximité de la mer ou dans les zones montagneuses sont les premiers ciblés en raison des risques accrus d’inondations, de glissements de terrain et d’éboulements.

«Ce n’est pas facile, car la population résiste et il faut arriver à les persuader de la nécessité de se déplacer vers les abris provisoires», fait valoir la docteure Marie Marcelle Cauvin, directrice exécutive de la Croix-Rouge haïtienne.

Quelque 1300 abris de fortune ont été aménagés à travers le pays pour accueillir 340 000 personnes qui pourraient être touchées par le passage de l’ouragan. Déjà, dans le département de Grand’Anse, situé dans le nord-ouest du pays, plus de 400 personnes ont trouvé refuge dans ces abris.

Lundi après-midi, la Croix-Rouge canadienne n’avait toujours pas reçu de demande officielle afin d’appuyer l’équipe locale. «Tout le monde est en « stand-by » et nous sommes prêts à intervenir, a assuré Brigitte Gaillis, porte-parole de l’organisme en Haïti. Nous avons un système de réponse aux urgences si nos collègues haïtiens n’ont pas la capacité de répondre. (Si la tempête prend de l’ampleur), des équipes spécialisées travailleront en rotation pour évaluer la situation en fonction des zones affectées», a-t-elle expliqué.

Des provisions alimentaires, des couvertures et du matériel pour effectuer le traitement des eaux en cas de besoin ont été acheminés, principalement aux Cayes, dans le sud du pays et à Jérémie, dans le nord-ouest. Selon Mme Gaillis, un hôpital mobile comportant une unité de chirurgie pourrait rapidement être déployé par avion si le pire survenait.

Dimanche, le président intérimaire d’Haïti, Jocelerme Privert, a appelé la population à la vigilance lors d’une allocution au Centre d’opération d’urgence nationale (COUN). «Mes compatriotes, ne soyez pas têtus, ne dites pas « Dieu est bon » et prendra soin de vous: il faudra évacuer les zones qui représentent un danger. Nous n’avons aucun intérêt à risquer notre vie», a-t-il prévenu.

Afin de rejoindre un maximum de gens, le Conseil national des télécommunications (CONATEL) a diffusé un texto en créole invitant les citoyens susceptibles de se retrouver dans des zones d’éboulement ou de glissement de terrain à se déplacer au plus vite chez des membres de leur famille ou des amis. Un article en créole a également été publié sur le site du quotidien francophone haïtien «Le Nouvelliste» visant à rappeler les principales consignes de sécurité et l’importance de faire ses provisions avant l’arrivée de l’ouragan Matthew.

Se préparer devant l’inconnu

«Je pensais me réveiller avec un cauchemar ce matin (lundi), mais finalement, il y avait seulement une fine pluie», s’étonne Camélia Dion, conseillère en égalité femme-homme et communication pour Développement international Desjardins, devant les prévisions météorologiques changeantes des derniers jours.

Dès vendredi, ses collègues et elle ont dû se rendre à l’épicerie pour faire leurs provisions: 20 litres d’eau par personne et des denrées non périssables en grande quantité. «C’était une obligation pour nous d’aller faire nos courses», souligne celle qui est confrontée pour la première fois à cet état d’alerte depuis son arrivée dans le pays, il y a un an.

Logée à Pétion-Ville dans une résidence munie d’une génératrice et de plusieurs piles de secours, Mme Dion dit se sentir en sécurité. Tout comme Christiane Bruyère, qui habite à Port-au-Prince depuis quatre ans. En tant que coordonnatrice régionale pour le Programme de coopération volontaire canadien (PCV-Haïti), elle veille tout de même à ce que tous les coopérants demeurent à la maison jusqu’à ce que la tempête soit passée.

Alors que le pays se prépare à affronter le pire, les Canadiens en Haïti sont invités à s’inscrire sur le site du gouvernement du Canada avec leurs coordonnées complètes afin d’être rejoints plus facilement en cas de désastre.

Actuellement, environ 2000 Canadiens se sont inscrits sur le site. «Malheureusement, ce n’est pas représentatif, car on estime qu’il y aurait 4000 Canadiens au pays», déplore Richard Le Bars, responsable des affaires publiques pour l’ambassade du Canada en Haïti. Ce dernier a toutefois constaté une trentaine de nouvelles inscriptions depuis lundi matin.

Deux avis ont été envoyés par courriel aux personnes inscrites en début d’après-midi, lundi, pour rappeler les principales consignes de sécurité et pour les informer des différents abris disponibles par région.

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