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Ces grands sauveurs méconnus

Chaque année dans le monde, 475 000 personnes sont tuées, d’après les données de l’Organisation mondiale de la santé. Heureusement, il existe aussi un certain nombre de sauveurs de l’humanité. Métro vous en présente quelques héros plus ou moins connus, dont le moins prolifique a sauvé «seulement» deux millions de vies.

WASHINGTON - JULY 17:  Agricultural scientist Norman E. Borlaug speaks as U.S. Senate Majority Leader Sen. Harry Reid (D-NV) looks on during a Congressional Gold Medal presentation ceremony July 17, 2007 on Capitol Hill in Washington, DC. Borlaug, a 1970 Nobel Peace Prize recipient, was awarded the medal for his work on developing a strand of disease-resistant wheat, in turn increasing food supply throughout the world.  (Photo by Alex Wong/Getty Images)

1-Agriculture

Entre 1960 et 1990, l’Américain d’origine norvégienne Norman Borlaug a contribué à sauver un milliard de vies. Pas avec un vaccin miracle, mais plutôt grâce à ses recherches en agriculture. «Avec son équipe, il a contribué à créer des variétés de blé, de riz et de maïs plus résistantes et quatre fois plus productives qui ont permis d’éloigner les famines dans des dizaines de pays (Mexique, Inde, Pakistan, Chine, Indonésie, Philippines, etc.) tout en faisant évoluer ceux-ci vers l‘autosuffisance alimentaire», explique Pierre Desrochers, professeur de géographie à l’Université de Toronto.

Cela lui vaudra le Prix Nobel de la paix en 1970. Malgré tout, il reste peu connu, installant sa famille sur des terres arides mais prometteuses et fuyant la gloire, les projecteurs et les billets verts de l’industrie.

SCARBOROUGH, ENGLAND - JULY 30: A WWII Enigma coding machine on display in the museum at GCHQ Scarborough during a visit by Prince Charles, Prince of Wales on July 30, 2014 in Scarborough, England. The Prince of Wales is patron of the Intelligence Services and visited Government Communications Headquarters (GCHQ) Scarborough to commemorate the centenary of the oldest existing intercept station in the world. The Prince met staff and also viewed the stations museum. (Photo by Christopher Furlong - WPA Pool /Getty Images)2-Mathématiques
En trouvant le code contribuant à décrypter les messages des nazis, Alan Turing aurait permis d’écourter la Seconde Guerre mondiale d’environ 2 ans, sauvant ainsi la vie d’environ 14 millions de personnes. Pour y arriver, le mathématicien britannique a créé plusieurs prototypes de calculateurs qui préfiguraient ce qu’allaient devenir les ordinateurs, même si son côté excentrique le poussait à porter un masque à gaz pour éviter d’attraper des rhumes.

Malgré tout, l’homme ne sera reconnu comme un héros qu’après cinq décennies. «C’est probablement la persécution qu’il a subie après la guerre qui a été à l’origine de son suicide», clame régulièrement l’historien Christopher Andrew. Il rappelle que l’homosexualité de Turing lui avait valu d’être accusé de perversion sexuelle. En 1952, Turing avait alors dû choisir entre la prison et la castration chimique. C’était deux ans avant son suicide.


james-harrison3-Transfusion
Depuis plus de 60 ans, l’Australien James Harrison donne son sang toutes les 3 semaines, pour un total de 1100 fois. Son plasma très rare contient un anticorps qui est utilisé dans un sérum pour prévenir l’anémie hémolytique périnatale, qui cause des fausses couches et des morts prématurées. En 60 ans, on estime qu’il a permis de sauver plus de 2 millions de nourrissons. À 80 ans, la carrière de donneur de l’Homme au bras d’or touche à sa fin.

Pourquoi une telle abnégation: il a lui-même été sauvé par des transfusions de sang à la suite d’une infection pulmonaire alors qu’il avait 14 ans. «Certains disent que je suis un héros, mais je donne mon sang dans une salle tranquille. On me donne une tasse de café et de quoi grignoter et je m’en vais… pas de problème, pas de difficultés», a-t-il déclaré au réseau NPR à quelques mois de sa retraite comme donneur de sang. Le Québec compte sept donneurs prolifiques dont Laureen Corcoran qui a donné son sang a plus de 1000 reprises.

screen-shot-2017-01-16-at-11-47-244-Nucléaire
Septembre 1983, en plein cœur de la guerre froide. Il est passé minuit au bunker secret Serpoukhov 15 quand tous les voyants s’allument devant le lieutenant-colonel Stanislav Petrov. Un missile américain a décollé et se dirigerait vers la Russie. Rapidement, le nombre de missiles passe à cinq, selon les satellites soviétiques. Y aura-t-il escalade vers la première guerre nucléaire.

«C’était une fausse alerte. Le satellite russe récemment installé avait pris des reflets du soleil dans les nuages pour le décollage d’un missile. Heureusement que Petrov a eu du sang-froid, un bon sens de l’analyse et qu’il a su convaincre ses supérieurs, même si c’était un officier de rang moyen. Sans cela, on ne serait même plus là pour en parler», souligne Stephen Schwartz, spécialiste des armes nucléaires et coauteur du livre Atomic Audit. Stanislav Petrov n’a jamais été reconnu comme un héros par les Russes, qui ont même tenté de lui faire porter le chapeau des dysfonctionnements.

Où sont les femmes?

En écartant les physiciens découvreurs de vaccins, on a éliminé de facto Marie Curie, la seule femme semblant compétitionner dans cette catégorie. N’y a t-il donc aucune «sauveuse de masse» dans l’histoire?

«Les femmes ont longtemps eu peu de possibilité de participer à la sphère publique. En science, par exemple, elles ont très longtemps été écartées des chaires de recherche, voire refusées dans les universités».¨ Ç’a notamment été le cas de Lucille Teasdale. «Lorsque les contraintes institutionnelles sont tombées, il demeure que, pour plusieurs types d’emplois, le sexisme systémique a limité (et limite encore dans certains domaines) l’accès à des formations et à des subventions», explique Marie-Hélène Brunet, professeur à l’Université d’Ottawa, qui a consacré sa thèse de doctorat à la représentation des femmes dans les manuels scolaires.

Mme Brunet souligne en outre que «l’histoire a longtemps été écrite par des hommes, qui, sans nécessairement le faire de façon consciente ou volontaire, ont plutôt relaté les exploits d’autres hommes plutôt que de femmes puisque ce type d’acte héroïque est plus souvent associé à un aspect de la masculinité ou de la virilité».

Une constatation qui coïncide avec celle du Conseil du statut de la femme dans un avis intitulé L’égalité entre les sexes en milieu scolaire et présenté en décembre dernier. «Dans les programmes d’histoire, malgré l’ajout de notions concernant le féminisme au Québec, les femmes et les inégalités entre les sexes sont absentes de la trame historique générale enseignée aux enfants», concluent notamment les auteures.

«L’Histoire insiste sur les individus, mais des groupes de femmes ont aussi eu une influence importante, pensons aux femmes ayant travaillé dans l’industrie de guerre, aux infirmières sur les champs de combat», conclut Mme Brunet.

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