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Marie-Madeleine a connu une lente réhabilitation

Andrew Medichini / The Associated Press Photo: Andrew Medichini / The Associated Press
Alon Bernstein et Isaac Scharf - The Associated Press

MAGDALA, Israël — S’il existe dans la Bible une figure féministe pouvant convenir à cette époque du #MoiAussi, c’est bien Marie-Madeleine.

Personnage important de la vie de Jésus, Marie-Madeleine a longtemps été calomniée en Occident et présentée comme une ancienne prostituée. Mais les spécialistes ont récemment adopté une approche différente à son égard, la décrivant maintenant comme une femme forte et indépendante ayant accordé un soutien tant financier que spirituel à la figure de proue du christianisme.

Le Nouveau Testament raconte comment Jésus l’a débarrassée des démons qui la hantaient. Elle l’a ensuite accompagné dans son ministère à travers la Galilée avant d’être témoin de sa crucifixion, de son enterrement et de sa résurrection à Jérusalem, événements qui sont commémorés par les catholiques cette semaine et par les orthodoxes la semaine suivante à l’occasion des célébrations de Pâques.

Le pape François est sans doute celui qui en a fait le plus jusqu’à maintenant pour réhabiliter Marie-Madeleine en élevant le 22 juillet, journée consacrée à la mémoire de la femme, au rang de fête liturgique. Son décret de 2016 a mis celle qui a été la première à proclamer la résurrection de Jésus sur un pied d’égalité avec les apôtres.

«En faisant cela, il a clairement établi que Marie-Madeleine était l’égale des apôtres, quelque chose qui n’avait jamais été fait auparavant et qui constitue aussi un point tournant pour les femmes au sein de l’Église», a commenté Lucetta Scarrifia, la rédactrice en chef de «Donne, Chiesa, Mondo» («Femmes, Église, Monde»), un magazine publié par le Vatican.

Pendant des siècles, les chrétiens occidentaux ont dépeint Marie-Madeleine comme une ex-prostituée, une histoire qui trouve sa source au VIe siècle, moment où le pape Grégoire le Grand a assimilé Marie-Madeleine à une pécheresse anonyme apparaissant dans le chapitre précédent sa présentation dans l’Évangile selon saint Luc.

Ce n’est qu’en 1969 que l’Église catholique a mis fin à des siècles de mauvaise réputation pour Marie-Madeleine en affirmant qu’elle n’était pas la pécheresse mentionnée par saint Luc. Les orthodoxes ne l’ont, pour leur part, jamais décrite comme une prostituée.

Marie-Madeleine était originaire de Magdala, un prospère village de pêcheurs situé sur le bord de la mer de Galilée.

Le site a fait l’objet de fouilles archéologiques poussées au cours des dernières décennies. Il abrite la plus vieille synagogue connue en Galilée de même qu’un marché, des bains rituels et un port. Marcela Zapata-Meza, l’archéologue en chef du site, l’a qualifié de «Pompéi israélienne».

Aujourd’hui, de nombreux experts considèrent Marie-Madeleine comme une disciple importante de Jésus, une femme qui lui est restée fidèle jusqu’à la fin contrairement à ses apôtres les plus dévoués.

«La tradition soutient qu’elle était une prostituée de Magdala, a indiqué Jennifer Ristine, directrice de l’Institut Madeleine à Magdala. Lorsqu’on analyse de nouveau les faits, on peut voir qu’elle avait probablement un statut social plus élevé, qu’elle était une femme riche qui a accompagné Jésus, comme on le voit dans Luc 8,2, qui a aidé Jésus et ses disciples avec ses propres ressources.»

Malgré tout, l’image de femme dissolue ou sexualisée de Marie-Madeleine n’a pas disparu de la culture populaire, comme en témoignent la comédie musicale «Jesus Christ Superstar» et le roman «The Da Vinci Code».

Un nouveau film sur la vie de Marie-Madeleine mettant en vedette Rooney Mara dans le rôle-titre, Joaquin Phoenix dans celui de Jésus et Chiwetel Ejiofor dans celui de Pierre vise toutefois à renverser la vapeur en sortant le personnage du moule déshonorant dans lequel il a été trop longtemps confiné.

Sorti en Europe et en Australie, le long métrage du réalisateur australien Garth Davis attend toujours de faire son apparition sur les écrans nord-américains en raison de la faillite de son premier distributeur, Weinstein Co., ruiné par les allégations d’agressions sexuelles contre son fondateur, Harvey Weinstein, qui ont donné naissance, justement, au mouvement #MoiAussi.

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