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Accord nucléaire: «La situation en Iran risque de s’envenimer»

Photo: The Associated Press

Métro s’est entretenu avec Vahid Yücesoy, candidat au doctorat en science politique à l’Université de Mont­réal et chercheur au Centre d’études et de recherches internationales, alors que Donald Trump a annoncé mardi que les États-Unis se retiraient de l’accord sur le nucléaire iranien.

Que reproche le président américain à cette entente?
Donald Trump a évoqué qu’il y avait des problèmes avec «l’esprit de l’accord». Selon lui, deux points n’ont pas été mentionnés dans l’entente: le militarisme iranien au Moyen-Orient et le programme de missiles balistiques. Il aimerait que l’entente englobe ces deux points. Le problème, c’est que ceux-ci n’ont rien à voir avec le nucléaire. Si on regarde ce qui a été diffusé par les Européens et l’Agence internationale de l’énergie atomique, l’Iran s’est conformé aux obligations de l’accord.

En ce qui concerne l’intervention militaire de l’Iran au Moyen-Orient et les missiles balistiques, l’Iran n’a pas été un enfant de cœur. L’Arabie saoudite a déjà fait beaucoup de pression avec Israëel par rapport à l’ingérence iranienne pour restreindre sa puissance dans la région, et ça inclut l’idée de mettre dans l’accord le militarisme et le programme de missiles iraniens.

Comment la nouvelle a-­­t-elle été accueillie en Iran?
Il y a beaucoup de déception en Iran parce que la population trouvait déjà que l’accord nucléaire avait amené des bénéfices insuffisants. Il faut dire que l’économie va très mal en Iran depuis le début de l’année. La monnaie a perdu environ 50% de sa valeur, il y a beaucoup de chômage dans le pays et beaucoup de corruption. Les gens s’attendaient à ce que l’accord nucléaire amène une certaine prospérité. Avec un durcissement des sanctions, la situation est susceptible de s’envenimer. Nous avons déjà des manifestations contre le régime au début de 2018, surtout dans les régions éloignées, pourtant considérées comme des bastions du régime. La situation demeure très précaire et les choses sont susceptibles de s’aggraver. La nouvelle a été très mal reçue par la population.

Cela avivera-t-il la haine contre les Américains?
Le régime exprime beaucoup d’anti-américanisme, mais contrairement aux dirigeants, il y a beaucoup de pro-américanisme parmi la population. Même si une partie de la population est très fâchée contre Donald Trump, parce qu’avec cette décision il va leur rendre la vie très difficile, il y a des Iraniens qui espèrent que les Américains vont les sauver en tenant tête à leurs dirigeants. Les opposants du régime voient en Trump un allié, mais il reste à savoir si ce dernier a vraiment l’intérêt des Iraniens à cœur. Ça ne semble pas être le cas.

Hassan Rohani va-t-il recommencer à enrichir de l’uranium?
Ce que Rohani a dit aujourd’hui, c’est que son administration demeure disposée à négocier avec les pays européens qui ont signé cette entente. Mais il peut y avoir une possibilité que l’Iran relance son enrichissement d’uranium si les choses ne vont pas comme prévu. Rohani garde ça comme levier. Vont-ils réellement relancer l’enrichissement d’uranium? Ça dépend de l’effet des sanctions des États-Unis. Il faut garder en tête que, même si les sanctions internationales à l’endroit de l’Iran étaient censées être levées après la signature de l’accord nucléaire en 2015, les États-Unis n’ont jamais levé les sanctions bancaires.

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