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Tous les évêques chiliens démissionnent

Members of Chile's bishops conference Luis Fernando Ramos Perez (R) and Juan Ignacio Gonzalez give a press conference, on May 18, 2018 in Vatican. After three days of meetings with Pope Francis at the Vatican, thirty-four Chilean bishops have tendered their resignation to the pontiff over a child sex abuse scandal within the Church in Chile, a spokesman for the bishops said today. "We, all the bishops present in Rome, have tendered our resignation to the Holy Father so that he may decide freely for each of us," the spokesman announced to the press. / AFP PHOTO / Vincenzo PINTO Photo: AFP
Nicole Winfield - The Associated Press

VATICAN — La totalité des évêques du Chili ont offert vendredi de démissionner dans le cadre du scandale des prêtres pédophiles qui secoue l’Église catholique.

Au terme d’une rencontre d’urgence avec le pape François à Rome, les 31 évêques en poste au Chili ont annoncé avoir signé un document dans lequel ils offrent de démissionner et remettent leur sort entre les mains du pape.

«Nous souhaitons demander pardon pour la douleur que nous avons causée aux victimes, au pape, au peuple de Dieu et à notre pays pour nos erreurs graves et nos omissions», ont écrit les évêques.

C’est la première fois que toute la conférence des évêques d’un pays présente une démission collective en lien avec ce scandale. Le pape peut accepter leur démission, la rejeter, ou reporter sa décision à plus tard.

Le symbolisme d’une conférence des évêques qui offre sa démission pour avoir protégé des pédophiles représente toutefois un moment crucial dans cette saga qui dure depuis des décennies.

Les évêques ont remercié leurs victimes pour leur «persévérance et leur courage» et pour avoir continué à dénoncer les crimes et la dissimulation de l’Église en dépit de «l’incompréhension et des attaques de cette (…) même Église».

«Ils n’ont pas su comment protéger les plus vulnérables, les ont exposés à des agressions et ensuite ont fait entrave à la justice, a dénoncé José Andres Murillo, une victime qui est devenue un des principaux dénonciateurs dans cette affaire. Et pour ça, ils méritent seulement de s’en aller.»

Le pape François avait précédemment reproché aux évêques d’avoir détruit des preuves, incité les avocats de l’Église à minimiser les accusations et fait preuve d’une «négligence grave» quand est venu le temps de protéger les enfants des prêtres pédophiles.

Dans un document dévastateur de dix pages remis aux évêques plus tôt cette semaine, le pape affirme que la totalité de la hiérarchie de l’Église chilienne est collectivement responsable de «graves erreurs» lors de la gestion des dossiers d’agression et de la perte de crédibilité subséquente de l’Église catholique.

Le pape a dit aux évêques que «personne ne peut se disculper et placer le problème sur les épaules des autres».

Les évêques chiliens ont répondu que le contenu du document est «absolument déplorable» et qu’il témoigne d’un «abus de pouvoir et de conscience inacceptable».

«Nous voulons rétablir la justice et contribuer à réparer les dégâts que nous avons causés», ont dit les évêques.

Le pape François avait convoqué la conférence des évêques chiliens au Vatican après avoir admis qu’il a commis «de graves erreurs de jugement» dans le dossier de l’évêque Juan Barros, que les victimes du prêtre pédophile Fernando Karadima accusent d’avoir fermé les yeux sur leurs agressions.

L’évêque Barros et deux autres évêques formés par le père Karadima comptent parmi ceux qui offrent de démissionner. On ne sait pas si le cardinal Javier Errazuriz — que les victimes accusent d’avoir protégé le père Karadima — et deux évêques chiliens retirés à Rome ont aussi offert de quitter.

Le scandale a pris une tout autre ampleur quand deux experts envoyés au Chili par le pape lui ont remis un rapport de 2300 pages. Le contenu de ce document n’a pas été rendu public, mais le pape y fait référence dans le sien.

La chaîne de télévision chilienne T13 a été la première à obtenir une copie du document et le Vatican en a confirmé l’authenticité.

Si certains prêtres coupables ont été expulsés par leurs ordres religieux, a dit le pape, ces mêmes individus «ont ensuite été accueillis dans d’autres diocèses où on leur a confié des tâches (…) qui leur donnaient un contact quotidien avec des mineurs».

Le pape s’est dit «étonné et honteux» de constater que des «pressions» ont été exercées sur les représentants de l’Église qui enquêtaient sur ces crimes, «y compris la destruction de documents compromettants».

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