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Dix ans après la guerre, la Géorgie dénonce l’«occupation» russe

GORI, GEORGIA - AUGUST 11: (ISRAEL OUT) A man looks on as Georgian tanks head towards Tbilisi on August 11, 2008 in Gori, Georgia. Russia called today for Georgian forces to surrender in the separatist enclave of Abkhazia after Georgia called a ceasefire and withdrew their forces from South Ossetia, leaving Russian forces now firmly in control in the disputed region. (Photo by Uriel Sinai/Getty Images) Photo: Getty Images
Rédaction - Agence France-Presse

La Géorgie a condamné mardi l’”occupation” de son territoire par la Russie, à la veille du dixième anniversaire de la “guerre éclair” suivie de la reconnaissance par Moscou de deux territoires séparatistes géorgiens, une étape majeure de la dégradation des rapports Est-Ouest.

“Il s’agit d’une guerre contre la Géorgie, d’une agression, d’une occupation et d’une violation flagrante du droit international”, a martelé le président géorgien Guiorgui Margvelachvili lors d’une réunion avec ses ministres et des responsables venus de Lettonie, Lituanie, Pologne et Ukraine.

“L’appétit de l’agresseur n’a fait que se creuser depuis l’invasion”, a-t-il ajouté, dans une référence à la Russie voisine.

Moscou et Tbilissi s’opposent de longue date sur les ambitions de la petite ex-république soviétique du Caucase de rejoindre l’UE et l’Otan, une éventualité considérée par la Russie comme un empiétement dangereux dans sa zone d’influence.

A l’été 2008, ces tensions se sont transformées en conflit, lorsque l’armée russe intervient sur le territoire géorgien pour voler au secours de la petite Ossétie du sud, territoire séparatiste prorusse où Tbilissi avait lancé une opération militaire meurtrière.

En cinq jour, les forces de Moscou mettent l’armée géorgienne en déroute et menacent de prendre la capitale.

Un accord de paix négocié par le président français Nicolas Sarkozy aboutit finalement au retrait des troupes russes, mais Moscou reconnaît l’indépendance des régions séparatistes d’Ossétie du sud et d’Abkhazie et y maintient depuis une forte présence militaire.

L’Ossétie du sud et l’Abkhazie, qui représentent environ 20% de la totalité du territoire géorgien, avaient déclaré leur indépendance et l’avaient défendu pendant une première guerre contre les forces de Tbilissi après la dislocation de l’URSS au début des années 1990.

La cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a dénoncé dans un communiqué “la présence militaire russe en Abkhazie et Ossétie du sud” comme une “violation du droit international”.

Le ministère allemande des Affaires étrangères a de son côté qualifié d’”inacceptable” la reconnaissance par Moscou des deux territoires.

Le ministre polonais des Affaires étrangères Jacek Czaputowicz avait dénoncé lundi “la première agression militaire, dans l’histoire européenne de l’après-guerre, d’un pays contre un Etat souverain”.

Selon M. Margvelachvili, la réaction plutôt passive des Occidentaux envers la Russie après la guerre de 2008 est l’élément qui a donné assez confiance à Moscou dans ses actions pour organiser l’annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée en 2014, après l’arrivée au pouvoir de pro-occidentaux à Kiev.

“Nous avons vu ce que la Russie a fait en Ukraine en 2014”, où des rebelles prorusses soutenus par Moscou ont instauré deux républiques séparatistes dans l’Est dans le cadre d’une conflit ayant fait 10.000 morts, a-t-il souligné dans un entretien à l’AFP la semaine dernière.

Le Premier ministre russe Dmitri Medvedev, qui était président lors de la guerre à l’été 2008, a pour sa part défendu dans une interview au journal Kommersant la reconnaissance par Moscou de l’Abkhazie et de l’Ossétie du sud comme “la seule mesure possible” afin “de préserver une paix durable et la stabilité dans le Caucase du sud”.

Dans un texte publié lundi sur le site de la radio russe Echo de Moscou, le président géorgien de l’époque Mikheïl Saakachvili a accusé la Russie d’avoir préparé dès 2006 un assaut contre la Géorgie et d’avoir massé des troupes à la frontière avant le conflit, multipliant les “provocations” contre les forces géorgiennes.

Il a assuré que si son pays n’avait aucune chance en 2008 contre son puissant voisin, il avait “donné un coup dans la mâchoire” à la Russie et “gagné du temps avant que la communauté internationale ne se réveille”.

La Cour pénale internationale (CPI) a ouvert une enquête en 2016 sur ce conflit où des crimes de guerre ont été commis des deux côtés et qui a fait plusieurs centaines de morts et plus de 120.000 déplacés, selon un bilan d’août 2008 du Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés.

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