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Australie: Étouffer les feux

CAIRNS, AUSTRALIA - AUGUST 07: Aerial views of The Great Barrier Reef are seen from above on August 7, 2009 in Cairns, Australia. A recent report by marine scientist Charlie Veron claims that the reef will be so degraded by warming seas that it will be gone within 20 years, and that this situation is now irreversible. He goes on to predict that once carbon dioxide levels hit levels predicted between 2030 and 2060, that all reefs will become extinct and their ecosystems would collapse. (Photo by Phil Walter/Getty Images) Photo: Getty Images

En un mois, aucune goutte de pluie n’est tombée sur l’est de l’Australie. Un rêve pour les touristes, un cauchemar pour les environnementalistes. Cette absence de précipitations dans les États du Queensland et de la Nouvelle-Galles du Sud est anormale en hiver et laisse présager un été encore plus sec. Or, dans un pays déjà prompt aux feux de brousse et aux sécheresses, la situation a des conséquences dramatiques.

Dans la Nouvelle-Galles du Sud, 525 feux ont été recensés durant la semaine du 16 juillet (une augmentation de près de 100% par rapport à 2017), poussant les autorités à devancer de 2 mois le début de la saison des feux de brousse. Avec l’arrivée du printemps, les inquiétudes augmentent quant aux effets de la sécheresse sur les feux, ainsi que sur les récoltes, les populations animales vulnérables et la santé générale des Australien(ne)s.

Alors que l’Australie est frappée de plein fouet par les effets des changements climatiques, son premier ministre, le libéral Malcolm Turnbull, a perdu un vote de confiance au sein de son parti… à la suite de sa proposition d’adopter des lois visant à diminuer les émissions de GES. Il est le troisième premier ministre en 10 ans à perdre son poste en raison de volontés environnementales.

Alors que la Grande barrière de corail se meurt et que les fermiers de la Nouvelle-Galles du Sud font face à une insécurité économique chronique directement liée à la perte de récoltes attribuable aux sécheresses, force est de constater que la volonté politique n’est pas au rendez-vous. Et ce, malgré une capacité de production d’énergie verte (solaire et marémotrice) plus importante que celle de bien des pays. L’argument économique – dont le poids des lobbys du charbon, l’Australie étant le premier exportateur mondial de cette matière – l’emporte, et toute volonté d’adopter des initiatives environnementales est considérée comme «extrême» et vite évacuée par les partis dominants.

Et pourtant. Après un mois en Australie, je constate que, dans leur quotidien, les habitant(e)s de ce pays ont une conscience plus accrue des pressions environnementales que ce que les dynamiques politiques de Canberra laissent entendre. En 2012, 36% de la population considérait que les changements climatiques constituaient «un problème sérieux et pressant». En juin dernier, ce chiffre était grimpé à 59%, selon un sondage annuel du Lowy Institute. Cette inquiétude quant aux changements climatiques se transpose en gestes concrets dans le quotidien, des tasses réutilisables dans les cafés aux campagnes de soutien pour les fermiers affectés par la sécheresse, en passant par le rejet des sacs et des pailles de plastique.

Bien que petits en soi, ces gestes, lorsque faits par une majorité, ne peuvent qu’avoir un impact positif. Toutefois, ils ne peuvent contrer la totalité des impacts des changements climatiques en Australie. La volonté d’action locale est étouffée par une classe politique sourde aux préoccupations des Australien(ne)s quant aux changements climatiques. Cependant, un jour, la stratégie d’étouffement ne sera – littéralement – plus viable.

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