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Nombreuses violences à Paris, entre casseurs et gilets jaunes en colère

A demonstrator wearing a Yellow vest (gilet jaune), holds a French flag as a vehicle is burning, on the Tuileries Garden, in front of the Musee de l'Orangerie, during a protest against rising oil prices and living costs, in Paris on December 1, 2018. - Police and anti-government protesters clashed near the Champs-Elysees and in other parts of central Paris on December 1 with demonstrators hurling rocks and paint at riot police who responded with tear gas. The clashes came as thousands took part in a third weekend of "yellow vest" protests which have morphed from anger over fuel taxes into a broader anti-government movement. (Photo by - / AFP) Photo: AFP

Barricades, voitures brûlées, vitrines brisées … Paris a été le théâtre de très nombreux heurts entre policiers et casseurs en marge des rassemblements de gilets jaunes, ces Français modestes protestant contre la politique fiscale et sociale du gouvernement, dont le mouvement secoue la France depuis deux semaines.

Les violences ont éclaté en plusieurs points des beaux quartiers parisiens, y compris autour du célèbre Arc de Triomphe en haut de l’avenue des Champs-Elysées. Le bilan restait toutefois relativement léger avec 65 blessés vers 15h00 GMT, dont 11 membres des forces de l’ordre. 158 personnes avaient été interpellées en milieu d’après-midi.

Le Premier ministre Edouard Philippe s’est dit «choqué» par les violences à Paris, alors qu’il y avait encore plusieurs rassemblements de gilets jaunes à Paris à la tombée du jour, à l’Arc de triomphe, rue de Rivoli, ou encore dans le jardin des Tuileries, et que des casseurs, sans gilets jaunes en profitaient pour sévir.

Dans la pénombre tombante, incendies, fumées, barricades, plongeaient certains points de la capitale dans une ambiance insurrectionnelle.

Dans l’Ouest parisien, non loin du coeur du pouvoir français, saturé de gaz lacrymogène et des fumées d’incendie de voitures ou de mobiliers urbains, gilets jaunes, casseurs et policiers jouaient au chat et à la souris, au milieu des Parisiens et des touristes qui visitaient ces quartiers commerçants à l’approche des fêtes de Noël.

Sur l’Arc de Triomphe, une main avait tagué «Les gilets jaunes vaincront». Sur l’Opéra: «Macron = Louis XVI», le roi guillotiné en 1793. 

La place de l’Opéra était couverte d’une épaisse fumée noire vers 16h00 GMT. Une nacelle a été incendiée face au très chic café de la Paix. «Paris debout, soulève toi», scandait une poignée de manifestants. 

Toutes les entrées du café de la Paix avaient été vite barricadées. «C’est fermé», hurle un serveur, qui accepte de mauvaise grâce de laisser entrer une femme et sa fille en larmes.

Sur l’avenue des Champs-Elysées, sécurisée par un quadrillage policier très serré, les manifestants rassemblés dans le calme craignaient que leur message soit éclipsé par les heurts.

«Nous sommes un mouvement pacifique, c’est juste que nous sommes désorganisés», déplorait Dan Lodi, retraité de 68 ans. «Il y a toujours des abrutis venus pour se battre, mais ce n’est pas du tout représentatif» du mouvement, très largement soutenu par une majorité de Français, selon les sondages.

«Il faut qu’il (Macron) descende de son piédestal, qu’il comprenne que le problème c’est pas la taxe, c’est le pouvoir d’achat. Tous les mois je dois piocher dans mon livret d’épargne», dénonçait Chantal, retraitée de 61 ans.

Calme en province

Selon les autorités, environ 75 000 manifestants ont été recensés en France vers 14h00 GMT, moins que lors des deux précédentes journées de mobilisation. Ailleurs en France plusieurs rassemblements de gilets jaunes se sont déroulés, beaucoup plus calmement.

À Nantes (ouest), une cinquantaine de «gilets jaunes» ont fait irruption à deux reprises samedi matin sur le tarmac de l’aéroport tandis que de brèves échauffourées ont éclaté à Strasbourg (est).

Des manifestants occupaient par ailleurs le péage du Perthus, à la frontière entre la France et l’Espagne.

L’autoroute A6, entre Paris et Lyon, un des principaux axes autoroutiers français a été coupée dans les deux sens vers Mâcon (centre) en raison des actions des gilets jaunes.

Désarçonné par ce mouvement né des réseaux sociaux, hors de tout cadre politique ou syndical, qui demande de la «considération» à des élites jugées déconnectées, le pouvoir peine à apporter une réponse.

Au sein de la majorité présidentielle, l’inquiétude monte devant le rejet exprimé, au point que l’idée d’un moratoire sur la hausse des taxes sur le carburant commence à faire débat.

L’opposition, de droite comme de gauche, est en embuscade, tout en se défendant de toute volonté de récupération.

«Le pays tout entier est en mouvement», s’est félicité le dirigeant de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon qui manifestait dans sa circonscription de Marseille (sud), avant d’appeler Emmanuel Macron à «céder» devant cette «révolution populaire et citoyenne». 

Ce mouvement de colère commence à déborder les frontières de l’Hexagone : deux véhicules de police ont été incendiés vendredi soir à Bruxelles, à la fin d’une manifestation d’environ 300 «gilets jaunes», la première du genre organisée dans la capitale belge.

Aux Pays-Bas également, environ 120 gilets jaunes ont manifestement paisiblement devant le Parlement à La Haye.

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