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«Gilets jaunes»: allocution cruciale de Macron, qui tente une sortie de crise

Emmanuel Macron. Photo: AP Photo: The Associated Press

Le président français Emmanuel Macron prononce lundi soir une allocution décisive, après avoir consulté les forces vives du pays, afin de tenter de dénouer la crise des «gilets jaunes», la pire depuis le début de son quinquennat.

Pendant plusieurs heures, le président a consulté à l’Élysée 37 personnes, dont le Premier ministre Édouard Philippe et 12 membres du gouvernement, les patrons des principaux syndicats et du patronat, ainsi que les présidents des deux chambres du Parlement.

Emmanuel Macron n’a donné «aucun élément» sur le contenu de son allocution télévisée lundi à 14h, heure de l’Est, a indiqué à la sortie de la réunion Laurent Berger, numéro un de la CFDT, syndicat réputé modéré.

«J’ai dit que nous vivions une crise démocratique très grave qui prend racine dans les inégalités sociales et territoriales», a-t-il ajouté.

«Nous avons demandé des mesures d’urgence, au-delà des simples mesures de trésorerie» pour les entreprises, a réclamé Geoffroy Roux de Bézieux, le patron du Medef (organisation patronale). «J’ai rappelé la nécessité impérieuse de baisser la pression fiscale», a-t-il ajouté.

Mutique ou presque depuis les violentes manifestations du 1er décembre et les scènes d’affrontements sous l’Arc de Triomphe, M. Macron va présenter «des mesures concrètes et immédiates», a assuré dimanche la ministre du Travail Muriel Pénicaud.

Le président français a besoin de trouver une sortie de crise rapide pour apaiser la fronde populaire qui déchire le pays depuis plus de trois semaines.

Pris à parti par de nombreux manifestants qui réclament sa démission, il est désormais très impopulaire, à tel point que des observateurs se demandent s’il peut encore sauver son quinquennat.

L’issue de cette crise reste incertaine tant la fracture sociale semble profonde entre, d’une part, cette France qui a le sentiment de glisser vers la pauvreté et de ne pas être écoutée des élites et, d’autre part, le gouvernement d’Emmanuel Macron, régulièrement accusé d’être le «président des riches».

Les «gilets jaunes», dont la colère est partie d’une nouvelle taxe sur les carburants avant de s’étendre à des doléances multiples, vilipendent en particulier la suppression de l’impôt sur la fortune, y voyant un cadeau pour les plus nantis.

Dès samedi, après les manifestations des gilets jaunes un peu partout en France, encore marquées par des violences, le premier ministre Edouard Philippe avait estimé que «le temps du dialogue est là». «Il faut désormais retisser l’unité nationale», avait-il dit.

À peine 48 heures après la fin de la quatrième journée d’action des «gilets jaunes», l’allocution d’Emmanuel Macron sera sans doute la plus importante depuis le début de son mandat (juillet 2017), car la mobilisation inédite et déterminée du mouvement populaire ne faiblit pas.

«Quel tournant pour le quinquennat?», se demandait en une le quotidien Le Monde.

Parmi les mesures qui pourraient être annoncées figurent un coup de pouce au minimum vieillesse et une prime mobilité pour ceux qui utilisent la voiture pour se rendre à leur travail.

Mais il n’est pas évident que l’allocution présidentielle suffise à éteindre l’incendie.

Une figure des «gilets jaunes» en région parisienne, Laetitia Dewalle, a ainsi estimé que le mouvement avait «peu d’espoir» de voir le président annoncer des «mesures fortes et concrètes» et qu’il se préparait déjà à une nouvelle mobilisation samedi.

Ces Français issus des classes moyennes et populaires se disent excédés par la politique fiscale et sociale de son gouvernement dont ils estiment qu’elle a érodé leur pouvoir d’achat.

Une impression qu’a confirmée la Fondation Jean Jaurès, organisme positionné à gauche. «Pour l’immense majorité des salariés, des chômeurs, des retraités, impôts supplémentaires et amputation des prestations sociales ont conduit à une baisse du pouvoir d’achat en 2018 et vont se traduire par une hausse imperceptible en 2019», estime l’institut.

Le mouvement des «gilets jaunes» est aussi devenu le creuset d’autres contestations, comme celle des lycéens. Le ministère de l’Éducation recensait lundi moins de blocages que la semaine dernière (120 lycées concernés, contre 400 il y a quelques jours, sur un total de plus de 4.000 en France).

Les inquiétudes montent aussi dans le pays sur l’impact économique des troubles liés aux manifestations qui feront perdre 0,1 point de croissance à la France sur le dernier trimestre de cette année, a avancé lundi le ministre des Finances, Bruno Le Maire.

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