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Trump blanchi par son ministre avant la publication du rapport Mueller

Le président américain, Donald Trump. Photo: AFP

Le ministre américain de la Justice a confirmé jeudi l’absence d’entente entre l’entourage de Donald Trump et les Russes à la présidentielle de 2016, quelques instants avant la publication du rapport d’enquête du procureur Mueller, qui pourrait toutefois être embarrassant pour le président.

Dans une conférence de presse au timing vilipendé par les démocrates, Bill Barr a également assuré que M. Trump n’avait pas entrepris d’action pour contrarier les 22 mois d’investigations de Robert Mueller.

«Pas de collusion. Pas d’entrave [à la justice]. Game over», a instantanément réagi le locataire de la Maison Blanche, alors que le fameux rapport d’enquête ne devait être transmis au Congrès qu’en fin de matinée jeudi. Seuls Bill Barr et les avocats du président ont eu accès à la teneur de ce document de 400 pages, expurgé de ses données confidentielles.

Dans son tweet, M. Trump a utilisé une affiche inspirée de «Game of Thrones» pour ce qu’il considère être une disculpation retentissante, au terme d’une «chasse aux sorcières» menée par ses ennemis politiques. Le milliardaire républicain avait dénoncé plus tôt «la plus grande arnaque politique de tous les temps», ainsi qu’un «harcèlement présidentiel».

L’opposition démocrate a de son côté critiqué le ministre de la Justice, nommé par M. Trump, l’accusant de gérer avec «une partialité regrettable» la communication autour du rapport que lui a remis le 22 mars le procureur spécial Mueller, un ancien chef respecté du FBI.

Ce document pourrait permettre à Donald Trump de se tourner résolument vers sa campagne de réélection à la Maison Blanche.

Mais l’opposition démocrate se tient à l’affût, convaincue que M. Trump et Barr ont oeuvré ensemble pour dissimuler des actes à mettre au passif du président. Si c’est le cas, elle usera de tous les moyens en son pouvoir, à commencer par son contrôle de la chambre basse du Congrès, pour relancer les poursuites.

Les démocrates ont demandé jeudi au procureur Mueller de témoigner à la chambre des représentants d’ici le 23 mai. M. Barr a dit qu’il ne s’y opposerait pas.

Le procureur spécial Mueller a supervisé pendant 22 mois des investigations tentaculaires, ponctués par l’inculpation de 34 personnes russes et américaines, dont six proches collaborateurs du président Trump pour des malversations diverses.

Cet homme méthodique et austère, qui s’est toujours tenu à l’écart du vacarme politique et médiatique, a simplement remis son rapport final à Bill Barr, sans dire un mot de plus.

Selon ce dernier jeudi, Robert Mueller «a confirmé que le gouvernement russe avait mené des efforts pour s’ingérer de manière illégale dans l’élection présidentielle de 2016, mais n’a pas trouvé de collusion avec la campagne Trump ou d’autres Américains».

Bill Barr a par ailleurs évoqué «dix épisodes» ayant alimenté les soupçons d’entrave à la justice visant le président Trump.

En raison notamment du limogeage du chef du FBI James Comey en mai 2017, qui dirigeait alors l’enquête russe, Donald Trump était suspecté d’avoir abusé de ses prérogatives présidentielles pour mettre des bâtons dans les roues des enquêteurs.

«Des preuves montrent que le président était frustré et en colère, sincèrement convaincu que cette enquête portait atteinte à sa présidence», a ajouté Bill Barr.

«Pour autant, la Maison Blanche a pleinement coopéré avec l’enquête du procureur spécial» et le «président n’a pas agi pour [le] priver des documents et témoins nécessaires pour mener à bien son enquête», a-t-il poursuivi.

Des membres de l’équipe Mueller ont déclaré à la presse que le résumé de Bill Barr ne reflétait pas fidèlement le résultat de leurs travaux.

Soupçonnant le ministre d’avoir édulcoré les conclusions du procureur spécial, les démocrates réclament d’avoir accès au rapport intégral pour se forger leur propre opinion.

La version publiée jeudi sera expurgée des détails risquant de révéler les sources des enquêteurs, de nuire à la réputation d’acteurs «périphériques», de compromettre des enquêtes en cours ou obtenues par un «grand jury».

Agence France-Presse

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