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Israël: Sara Netanyahou reconnue coupable de mauvais usage de fonds publics

Le premier ministre Benyamin Netanyahou et sa femme, Sara Netanyahou Photo: AP Photo/Francois Mori, Pool, File
Rédaction - Agence France-Presse

L’épouse du premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, Sara, a été reconnue coupable dimanche de mauvais usage de fonds publics pour payer des repas, dans le cadre d’un accord accepté par la justice et prévoyant un allègement des charges à son encontre.

Ce procès ne conclut pas les ennuis judiciaires de la famille Netanyahou, le premier ministre étant lui susceptible d’être inculpé dans trois autres affaires pour corruption, fraude et abus de confiance dans les prochains mois.

Sara Netanyahou avait été inculpée de fraude et d’abus de confiance en juin 2018 pour avoir fait passer pour près de 100 000$ de repas aux frais du contribuable en affirmant, faussement, qu’il n’y avait pas de cuisinier à la résidence officielle du premier ministre.

Son procès s’était ouvert en octobre 2018.

Mme Netanyahou a conclu un accord avec le procureur et reconnu avoir dépensé pour 175 000 shekels (environ 65 000$) sans autorisation.

Selon les termes de l’accord approuvé par un tribunal de Jérusalem dimanche, elle a accepté de rembourser à l’État 45 000 shekels (près de 17 000$) et de payer 10 000 shekels (soit 3700$) d’amende.

En contrepartie, les charges de fraude aux dépens de l’État, pouvant entraîner une plus lourde sanction, ont été abandonnées pour celle, plus légère, d’avoir tiré profit des erreurs des comptables pour outrepasser les restrictions budgétaires imposées à la résidence du premier ministre.

«L’accord signé entre les deux parties est valable et prend en compte de manière appropriée ses actes et leur gravité sur le plan pénal», a affirmé le juge Avital Chen dans son verdict.

Bien que M. Netanyahou soit millionnaire, son épouse a demandé à ce que le paiement soit différé et le juge l’a autorisé à régler les remboursements et l’amende sous forme de paiements mensuels qui prendront effet à partir de septembre.

Selon l’acte d’accusation, Sara Netanyahou, 60 ans, était soupçonnée d’avoir commandé entre septembre 2010 et mars 2013, pour elle-même, les membres de sa famille et des invités, des centaines de repas à différents établissements réputés de Jérusalem.

Mme Netanyahou a nié tout acte répréhensible tout au long de la procédure.

Un recours contre cet accord de plaider-coupable avait été déposé devant la Cour suprême par un journaliste du quotidien Haaretz.

«Comme dans tout accord de plaider-coupable, chaque partie fait des concessions, parfois de difficiles concessions», a déclaré le procureur Erez Padan. «Il est juste et dans l’intérêt public de mettre fin à ce dossier.»

«Nerfs d’acier»
La petite salle du tribunal d’instance de Jérusalem était remplie de journalistes.

L’avocat de Mme Netanyahou, Yossi Cohen, a pointé «la punition inhumaine» constituée par les quatre années «de sinistres fuites et dénigrement» de sa cliente dans la presse.

«Personne d’autre n’aurait tenu dans ces conditions, cette femme a des nerfs d’acier», a-t-il affirmé.

Selon Jenny Avni, qui assiste M. Padan, «ce verdict signifie que tout personne ayant accès à des fonds publics, si haut placée soit elle, ne peut pas les utiliser à des fins personnelles» sans «condamnation et une pénalité financière réelle».

Sara Netanyahou a par le passé fait face à d’autres accusations. En 2016, un tribunal de Jérusalem avait accordé des dommages et intérêts à un ancien majordome de Benyamin Netanyahou qui avait accusé le premier ministre et son épouse de mauvais traitements.

Le chef du gouvernement israélien, 69 ans dont 13 années au pouvoir, doit lui être entendu en octobre pour répondre d’accusations de corruption, fraude et abus de confiance.

Il proclame son innocence et dénonce une «chasse aux sorcières» contre lui et les siens.

Dans le principal dossier, les investigations portent sur la suspicion de faveurs gouvernementales qui pourraient avoir rapporté des centaines de millions de dollars à Bezeq, le plus grand groupe israélien de télécommunications, en contrepartie d’une couverture complaisante pour M. Netanyahou de la part de Walla, un site d’informations propriété du PDG de Bezeq.

Dans une autre affaire, les policiers soupçonnent M. Netanyahou et des membres de sa famille, d’avoir reçu pour un million de shekels (environ 374 000$) de cigares de luxe, bouteilles de champagne et bijoux de la part de richissimes personnalités, en échange de faveurs financières ou personnelles.

Dans le dernier dossier, ils le suspectent d’avoir tenté de conclure avec le propriétaire du Yediot Aharonot un accord pour une couverture plus favorable de la part du plus grand quotidien israélien payant.

M. Netanyahou est en lice pour un cinquième mandat, après avoir échoué à former une coalition à l’issue des législatives en avril. Le prochain scrutin aura lieu le 17 septembre.

Même inculpé, il ne serait légalement pas contraint de démissionner avant d’avoir été reconnu coupable et d’avoir épuisé toutes les procédures en appel, ce qui pourrait prendre des années, selon les analystes.

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