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Paludisme: la résistance aux traitements s’est considérablement aggravée en Asie du Sud-Est

Photo: Luis Robayo/AFP

Le problème de la résistance multiple aux traitements des parasites responsables du paludisme, source d’inquiétants échecs thérapeutiques, s’est considérablement aggravé dans le Sud-Est asiatique, s’alarment des chercheurs.

Plus de 200 millions de cas de paludisme surviennent chaque année dans le monde, en majorité dus au parasite Plasmodium falciparum, responsable de neuf décès sur dix. Les patients sont généralement traités par des dérivés de l’artémisinine, administrés en combinaison avec d’autres médicaments anti-paludéens.

Jusqu’à 80% des parasites les plus courants du nord-est de la Thaïlande et dans d’autres parties de la région sont maintenant résistants à la combinaison de deux médicaments la plus utilisée (l’artémisinine et la pipéraquine), selon deux études, publiées mardi dans la revue spécialisée The Lancet Infectious Diseases.

Cette résistance au traitement avait fait son apparition en 2008 dans l’ouest du Cambodge. Ces parasites (Plasmodium falciparum), qui se propagent rapidement, ont également acquis de nouvelles capacités de résistance aux traitements, par le biais de mutations génétiques.

Ils provoquent ainsi l’échec d’une association médicamenteuse de première ligne contre le paludisme, la «DHA-PPQ» à base d’artémisinine (dihydroartémisinine associée à la pipéraquine), dans la moitié des cas dans le sud-ouest du Vietnam, dans 67% des cas dans l’ouest du Cambodge et 87% des cas dans le nord-est de la Thaïlande.

«Ces résultats inquiétants indiquent que le problème de la multirésistance à Plasmodium falciparum s’est considérablement aggravé en Asie du Sud-Est depuis 2015», déclare le professeur Olivo Miotto du Wellcome Sanger Institute et de l’Université d’Oxford, co-signataire des deux études et qui a codirigé l’étude dite d’épidémiologie génomique.

«Cette souche parasitaire résistante très efficace est capable d’envahir de nouveaux territoires et d’acquérir de nouvelles propriétés génétiques», poursuit-il.

Il évoque «la perspective terrifiante» de la propagation du parasite en Afrique, où la plupart des cas de paludisme surviennent. Une propagation similaire de la résistance à la chloroquine dans les années 1980 a contribué à des millions de décès en Afrique sub-saharienne, notent les chercheurs.

Pour leur part, les auteurs d’un essai comparatif dans trois pays de la région, dirigé par le professeur Arjen Dondorp de l’université Mahidol-Oxford (Bangkok, Thaïlande), appellent à l’abandon de la combinaison thérapeutique de première ligne «DHA-PPQ» couramment utilisée dans la sous-région orientale du Grand Mékong (Cambodge, sud de la Chine, Laos, Birmanie, Thaïlande et Vietnam), même là où la résistance contre ce traitement n’a commencé à se manifester que très récemment.

«L’une des options consiste à remplacer la pipéraquine par un médicament actuellement efficace comme la méfloquine ou la pyronaridine, comme l’ont déjà fait le Cambodge et la Thaïlande», selon l’un des chercheurs, le Pr Tran Tinh Hien (Oxford University Clinical Research Unit, Vietnam).

Une autre option est d’utiliser une trithérapie («triple ACT») associant l’artémisinine à deux médicaments au lieu d’un, relève-t-il.

Les résultats préliminaires de l’essai d’une triple association (dérivé d’artémisinine DHA, pipéraquine, méfloquine) indiquent qu’elle était «pleinement efficace en Thaïlande, Cambodge et au Vietnam», écrivent-ils dans The Lancet Infectious Diseases.

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