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Trump attise le conflit commercial avec la Chine

Donald Trump
Le président des États-Unis, Donald Trump Photo: Chip Somodevilla/Getty Images

Donald Trump a attisé jeudi les braises dans la guerre commerciale contre la Chine, en annonçant son intention d’élargir l’imposition des droits de douane supplémentaires à la totalité des importations en provenance de Chine.

Cette décision inattendue a immédiatement fait plonger les marchés qui redoutent l’impact sur l’économie américaine, pour l’heure encore solide mais dont la croissance ralentit.

Dans une série de tweets, le président américain a précisé que son administration allait infliger «de petits droits de douane supplémentaires de 10% sur les 300 G$» d’importations chinoises jusque-là épargnées.

Additionnées aux droits de douane supplémentaires de 25% déjà imposés à 250 G$ de dollars de biens chinois, c’est ainsi la totalité des importations venant du géant asiatique qui sera surtaxée.

Pour autant, Donald Trump, qui est reparti en campagne et n’a cessé de souffler le chaud et le froid dans ce conflit, affirme que les discussions vont se poursuivre comme prévu.

L’hôte de la Maison Blanche justifie sa décision surprise par le fait que Pékin n’a pas tenu à ses yeux deux engagements très importants: achats massifs de produits agricoles américains et coup d’arrêt aux ventes de fentanyl, un opiacé très puissant qui fait des ravages aux États-Unis et dont la Chine est l’un des principaux producteurs.

Pourtant, Pékin a affirmé jeudi avoir acheté ces dernières semaines davantage de produits agricoles américains.

Depuis le 19 juillet, des entreprises chinoises privées et étatiques ont contacté des fournisseurs américains pour discuter de l’achat d’une variété de produits agricoles, certaines commandes ayant déjà été effectuées, avait ainsi indiqué Gao Feng, le porte-parole du ministère chinois du Commerce.

L’annonce du président a fait l’effet d’une bombe sur les marchés.

Le pétrole chutait de près de 8% à New York à 18H35 GMT et les principaux indices boursiers à Wall Street sont passés nettement dans le rouge.

Les négociations commerciales entre Américains et Chinois avaient pourtant semblé reprendre dans un climat relativement apaisé cette semaine à Shanghai.

Mercredi, les deux parties avaient même fait état de discussions “productives” pour tenter de mettre fin à une guerre commerciale déclenchée il y a un peu plus d’un an.

De plus, elles étaient convenues de se retrouver début septembre, cette fois à Washington. «On ne l’a pas vu venir», a réagi Gregori Volokhine, analyste chez Meeschaert Financial Services qui avance deux interprétations possibles.

«C’est le processus habituel de négociations, ce n’est pas la première fois» que le président met une pression maximale sur les autorités chinoises en pleine discussion, souligne-t-il.

Il se pourrait aussi que le président fasse «un pied de nez» à la Banque centrale américaine qui a, certes, décidé mercredi de baisser les taux d’intérêt mais pas suffisamment au goût de Donald Trump.

«Pour que la Fed fasse ce que Trump voudrait (c’est-à-dire) qu’elle adopte une politique extrêmement accommodante, il faut que la guerre commerciale s’envenime; c’est la seule raison qui pourrait amener la Fed à de nouveau abaisser les taux», avance-t-il.

Washington impose déjà des droits de douane supplémentaires de 25% sur plus de 250 milliards de dollars de biens chinois.

Pékin a rétorqué en imposant en retour des tarifs douaniers supplémentaires sur quelque 110 milliards de dollars.

Jusqu’alors l’administration américaine avait épargné les biens de consommation courante si bien que l’économie américaine, tirée par la consommation des ménages, est restée relativement immune à la guerre commerciale.

Mais la perspective de droits de douane affectant tous les biens a provoqué la stupeur des marchés.

A titre d’exemple: l’action du groupe Best Buy, une chaîne de magasins vendant de l’électronique grand public, a chuté de 9% immédiatement après l’annonce. «Ces 10% de tarifs supplémentaires vont directement atteindre le consommateur américain», avertit Gregori Volokhine.

Le président «joue avec le feu», conclut-il.

L’administration américaine exige des autorités chinoises qu’elles mettent fin aux subventions massives d’État, au transfert forcé de technologies ou encore au vol de la propriété intellectuelle.

Le locataire de la Maison Blanche n’a eu de cesse de dire qu’il voulait «un bon accord» ou pas d’accord du tout.

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