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Boris Johnson: le pays serait «prêt» pour un Brexit sans accord

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Boris Johnson Photo: Aaron Chown/PA via AP

Malgré des prévisions alarmistes de son gouvernement, le premier ministre britannique Boris Johnson a promis jeudi que son pays serait «prêt» en cas de Brexit sans accord, un scénario de plus en plus probable selon l’UE.

«Nous n’avons pas de raisons d’être optimistes» sur les chances de parvenir à un accord de divorce avant le sommet européen des 17 et 18 octobre, a prévenu le négociateur de l’UE, Michel Barnier, dans sa déclaration devant les chefs des groupes politiques du Parlement européen.

L’UE et le Royaume-Uni ne parviennent toujours pas à s’entendre sur la manière d’éviter le rétablissement d’une frontière physique entre l’Irlande, État membre de l’UE, et la province britannique d’Irlande du Nord après le Brexit.

Londres rejette la solution dite du «filet de sécurité» (ou «backstop»), incontournable aux yeux de Bruxelles faute d’alternative crédible. Elle prévoit que le Royaume-Uni tout entier reste dans un «territoire douanier unique» avec l’UE si une meilleure solution n’est pas trouvée à l’issue d’une période transitoire.

«Nous allons voir dans les prochaines semaines si les Britanniques sont en mesure de nous faire des propositions concrètes par écrit, qui soient juridiquement opérationnelles», a souligné M. Barnier.

Selon un porte-parole britannique, «le Royaume-Uni a présenté des idées dans les domaines des frontières et des biens manufacturés» lors de discussions à Bruxelles mercredi. Celles-ci se poursuivront vendredi.

Sortir «coûte que coûte»

Boris Johnson s’est engagé à sortir son pays «coûte que coûte» de l’UE le 31 octobre, malgré une loi du Parlement britannique le contraignant à solliciter un nouveau report en l’absence d’accord le 19 octobre.

Il a assuré que son pays serait «prêt», minimisant la portée d’un dossier officiel présentant, selon Downing Street, «le pire scénario» de l’impact économique et social d’un «no deal».

Le document, publié à la demande expresse du Parlement et intitulé «Operation Yellowhammer» («Opération Bruant Jaune», le nom d’un passereau), estime qu’une absence d’accord pourrait provoquer des troubles et des pénuries de médicaments et nourriture.

«C’est le pire scénario auquel doivent se préparer les fonctionnaires, mais j’ai massivement accéléré nos préparatifs depuis que je suis premier ministre», a déclaré le dirigeant conservateur lors d’une visite sur la Tamise. «Nous essayons d’obtenir un accord» de retrait avec l’UE, «mais si nous devons sortir le 31 octobre sans accord, nous serons prêts: les ports, les fermiers et toutes les industries seront prêts».

Toutefois, le ministre français des Comptes publics, Gérald Darmanin, s’est dit «un peu inquiet» sur les préparatifs britanniques, au contraire de la France qui sera prête selon lui, à l’issue d’un test sur le transit des camions organisé jeudi au terminal ferry de Ouistreham (nord de la France).

L’Irlande prépare de son côté un budget 2020 fondé sur l’hypothèse d’un «no deal», a indiqué mercredi son ministre des Finances, Paschal Donohoe.

«Ces documents confirment les graves risques d’un Brexit sans accord», s’est inquiété Keir Starmer, chargé du Brexit au sein du Parti travailliste, principale formation d’opposition.

Les autorités britanniques prévoient des perturbations à court terme dans 12 domaines-clés, dont l’approvisionnement en eau et nourriture, la santé, les transports et les frontières.

Jusqu’à 85% des poids lourds britanniques pourraient ne pas être en mesure de répondre aux critères des contrôles douaniers français, entraînant une baisse de «40 à 60% du niveau actuel» du trafic. Ces perturbations pourraient durer trois mois et «avoir un impact sur l’approvisionnement en médicaments et matériel médical», ainsi qu’en produits frais.

Downing Street a assuré être en train de «mettre à jour» le document gouvernemental qui est daté du 2 août.

Après sa décision de suspendre mardi le Parlement pour cinq semaines, Boris Johnson a catégoriquement démenti avoir menti à la reine Elizabeth II sur ses motivations, arguant que l’ajournement visait à élaborer un nouveau programme de politique intérieure et non pas à imposer un Brexit sans accord comme l’accusent ses adversaires.

La Cour suprême à Londres entendra mardi les arguments de l’exécutif et de ses opposants sur le bien-fondé ou non de cette suspension controversée.

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