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Brexit: de nouvelles propositions annoncées «très bientôt»

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Boris Johnson Photo: Rui Vieira/AP

Le Premier ministre britannique Boris Johnson a promis mardi des nouvelles propositions à Bruxelles sur le Brexit «très bientôt». Il n’a toutefois pas encore expliqué comment il comptait régler le casse-tête de la frontière irlandaise, s’attirant des réactions agacées.

A moins d’un mois de la date prévue d’une sortie de l’Union européenne qu’il a promis de réaliser coûte que coûte, le chef du gouvernement est pressé de détailler ses intentions sur la manière dont il compte éviter un Brexit sans accord, aux conséquences potentiellement douloureuses pour l’économie britannique.

Le casse-tête irlandais

Bruxelles et Londres ne parviennent pas à se mettre d’accord sur des alternatives concrètes au «filet de sécurité», mécanisme visant à éviter le retour d’une frontière en Irlande entre la province britannique du Nord et la république membre de l’Union européenne au sud, après le Brexit.

«Nous allons faire une très bonne proposition, nous allons la faire formellement très bientôt», a déclaré Boris Johnson à la BBC. Le premier ministre se trouvait à Manchester, où se tient le congrès annuel de son Parti conservateur.

Selon la chaîne de télévision irlandaise RTE, le gouvernement envisage d’organiser des contrôles douaniers à plusieurs kilomètres de la frontière, dans des centres dédiés. Selon un plan informel de Londres cité par RTE, les biens transportés d’un site vers un autre seraient surveillés en temps réel par téléphones portables ou grâce à des dispositifs de localisation embarqués dans les camions.

Boris Johnson a démenti que son plan incluait des «centres de dédouanement». En reconnaissant toutefois que c’était «simplement la réalité» qu’il devrait y avoir des contrôles si le Royaume-Uni quittait l’union douanière et le marché unique.

Des responsables de la Commission européenne ont refusé de commenter officiellement les informations de RTE, indiquant n’avoir reçu aucune proposition. Mais elles ont provoqué de vives critiques, certains y voyant le retour d’une frontière.

Côté irlandais, le ministre des Affaires étrangères Simon Coveney a balayé ces projets.

«Il est temps que l’UE reçoive une offre sérieuse du gouvernement britannique pour qu’un accord de #Brexit puisse être conclu en octobre. L’Irlande du Nord et l’Irlande méritent mieux», a-t-il tweeté.

Interviewée par la BBC, la chef du Sinn Fein (parti républicain qui milite pour une Irlande réunifiée), Mary Lou McDonald, a fustigé les propositions ayant fuité dans la presse, estimant que ces propositions équivalaient à un retour d’une «frontière dure sur l’île d’Irlande» et «sabotait» le processus de paix en Irlande du Nord.

En 1998, la signature de l’accord du «Vendredi saint» avait mis fin à trois décennies de «troubles» en Irlande du Nord, des violences opposant des républicains nationalistes (catholiques), partisans de la réunification de l’Irlande, et loyalistes unionistes (protestants), défenseurs du maintien dans la Couronne britannique.

L’Irlande redoute une résurgence des violences en cas de réapparition d’une frontière terrestre et de contrôles entre les deux Irlande.

Boris Johnson travaille «très dur»

Le président de la commission des Affaires étrangères au Parlement allemand, Norbert Röttgen, a estimé sur Twitter que les projets de Boris Johnson n’étaient «pas sérieux et violaient la loi».

Mardi, Boris Johnson a réaffirmé sa volonté de réaliser le Brexit coûte que coûte le 31 octobre, échéance déjà repoussée deux fois, bien que le Parlement ait voté une loi lui imposant de demander un nouveau report s’il n’obtient pas d’accord avec l’UE d’ici le 19 octobre, juste après le prochain sommet européen.

«Il ne nous reste plus que deux semaines et il n’y a pas de solutions crédibles sur la table», a déploré la secrétaire d’État irlandaise chargée de l’Europe, Helen McEntee à la RTE. «La balle est vraiment dans le camp du Royaume-Uni, comme c’est le cas depuis des mois et des mois».

Boris Johnson a dit travailler «très dur» à l’obtention d’un accord, assurant que des progrès avaient été accomplis. Le dirigeant conservateur a souligné que Londres avait fait une «grosse concession» en acceptant que l’Irlande du Nord et la République d’Irlande suive les mêmes règles en matière d’agro-alimentaire.

Sur les échanges agricoles, «les décisions et propositions en matière de règles sanitaires et phytosanitaires continueraient à être prises à Bruxelles sans que le Royaume-Uni n’ait son mot à dire», a-t-il précisé.

Tout nouvel accord de Brexit devra être approuvé par le Parlement, où Boris Johnson n’a plus de majorité.

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