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La reconnaissance du génocide arménien par les États-Unis n’a «aucune valeur» pour la Turquie

Le président turc Recep Tayyip Erdogan
Le président turc Recep Tayyip Erdogan Photo: Sean Gallup/Getty Images
Rédaction - Agence France-Presse

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré mercredi que la reconnaissance du «génocide arménien» par la Chambre des représentants des États-Unis n’avait «aucune valeur» pour Ankara.

«Je m’adresse au public américain et au reste du monde: cette mesure n’a aucune valeur, nous ne la reconnaissons pas», a déclaré M. Erdogan lors d’un discours devant les députés de son parti à Ankara.

«Dans notre foi (musulmane), le génocide est interdit (…) Nous voyons cette accusation comme la plus grande insulte qui soit à notre nation», a ajouté le président turc.

Mardi, la Chambre des représentants des États-Unis a adopté, à une écrasante majorité, un texte appelant à «commémorer le génocide arménien», à «rejeter les tentatives (…) d’associer le gouvernement américain à la négation du génocide arménien» et à éduquer sur ces faits.

Le «génocide arménien» est reconnu par une trentaine de pays et de nombreux historiens. Selon les estimations, entre 1,2 million et 1,5 million d’Arméniens ont été tués pendant la Première Guerre mondiale par les troupes de l’Empire ottoman, alors allié à Allemagne et à l’Autriche-Hongrie.

Mais la Turquie refuse l’utilisation du terme «génocide», évoquant des massacres réciproques sur fond de guerre civile et de famine ayant fait des centaines de milliers de morts dans les deux camps.

Mercredi, le ministère turc des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur américain à Ankara pour lui transmettre la protestation turque.

«Un pays dont l’histoire est entachée par des génocides et l’esclavage n’a ni le droit de nous faire des remarques, ni le droit de nous donner des leçons», a lancé M. Erdogan.

Il a également déclaré que le Parlement turc allait étudier l’adoption d’un texte en réponse à celui adopté par la Chambre des représentants. S’il n’a pas précisé sur quoi celui-ci porterait, M. Erdogan a déjà critiqué dans le passé le traitement des Amérindiens et le passé esclavagiste des États-Unis.

La reconnaissance du «génocide» intervient au moment où les relations entre Washington et Ankara, deux alliés au sein de l’Otan, traversent d’importantes turbulences.

L’opération déclenchée par la Turquie le 9 octobre dans le nord-est de la Syrie contre une milice kurde soutenue par les États-Unis a suscité l’ire de responsables et d’élus américains.

Après le texte sur le «génocide», la Chambre des représentants a d’ailleurs adopté mardi un texte prévoyant des sanctions contre des responsables turcs en lien avec l’offensive en Syrie.

Le président Donald Trump, qui avait dans un premier temps semblé y donner son feu vert en annonçant le retrait de troupes américaines déployées dans cette zone, a durci le ton et autorisé des sanctions contre la Turquie.

Mais celles-ci ont été levées dans la foulée d’un accord conclu entre Ankara et Washington prévoyant l’arrêt de l’offensive turque en échange du retrait des combattants kurdes d’une zone frontalière de la Turquie.

Interrogé par des journalistes après son discours mercredi sur une visite prévue le 13 novembre à Washington, M. Erdogan a déclaré qu’il n’avait «pas encore pris (sa) décision». «Il y a un point d’interrogation», a-t-il ajouté.

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