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La COP25 s’ouvre avec des appels à l’action face à l’urgence climatique

COP25 Madrid
Hoesung Lee, président du GIEC, Pedro Sanchez, premier ministre espagnol, Carolina Schmidt, présidente de la COP25, Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies, et Patricia Espinosa, secrétaire exécutive en charge des changements climatiques à l'ONU, lors de l'ouverture de la COP25 à Madrid. Photo: Sean Gallup/Getty Images

Vite et fort ! Les exhortations à agir pour sauver l’humanité qui subit les assauts du dérèglement climatique se sont multipliées lundi à Madrid à l’ouverture de la COP25, qui risque toutefois de décevoir les attentes.

Rapports alarmants des scientifiques, désobéissance civile de citoyens, défilés de jeunes par millions… Depuis un an, les pays signataires de l’accord de Paris sont la cible d’une pression sans précédent que résume le mot d’ordre de ces deux semaines de réunion: #TimeforAction.

Le message a été martelé sur tous les tons dès l’ouverture de cette 25e conférence de l’ONU sur le climat qui va durer deux semaines.

Le monde se trouve à un «tournant» et doit choisir entre l’«espoir» d’un monde meilleur en agissant maintenant de façon radicale, ou la «capitulation», a déclaré le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres.

«Voulons-nous vraiment rester dans l’histoire comme la génération qui a fait l’autruche, qui flânait pendant que le monde brûlait?», a-t-il lancé, accusateur, devant les représentants des quelque 200 pays signataires de l’accord de Paris, dont une quarantaine de chefs d’Etat et de gouvernement.

Dimanche déjà, dénonçant les engagements «totalement insuffisants» des États, il avait mis en garde contre «le point de non-retour» qui approche rapidement, appelant à mettre un terme à «notre guerre contre la planète».

Quelques jours plus tôt, le Programme de l’ONU pour l’environnement portait un coup aux espoirs d’atteindre l’objectif idéal de l’accord de Paris de limiter le réchauffement à +1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle. Il faudrait pour cela réduire les émissions de CO2 de 7,6% par an, chaque année dès l’an prochain et jusqu’à 2030. Alors que pour l’instant elles ne cessent d’augmenter.

Le monde a déjà gagné environ 1°C, entraînant une multiplication des catastrophes climatiques. Et chaque degré supplémentaire va augmenter exponentiellement l’ampleur des dérèglements.

Or au rythme actuel, la température pourrait grimper jusqu’à 4 ou 5°C d’ici à la fin du siècle. Et même si les États respectent leurs engagements actuels, la hausse du mercure pourrait dépasser 3°C.

«Ce qui manque toujours, c’est la volonté politique», a déploré Antonio Guterres, pointant en particulier du doigt, sans les nommer, les pays les plus émetteurs de CO2, «qui ne font pas leur part». Ni le Canada, ni le Japon, ni la Chine, ni l’Australie n’étaient représentés au plus haut niveau lundi.

Quant aux États-Unis, qui viennent de confirmer leur retrait de l’accord de Paris l’an prochain, ils ont envoyé une simple diplomate.

La présence de la démocrate Nancy Pelosi, influente présidente de la Chambre américaine des représentants, a été d’autant plus remarquée. «Nous sommes toujours là», a-t-elle assuré, soulignant la «responsabilité morale» envers les futures générations.

Dans ce contexte, l’Union européenne, présente en force, est très attendue.

«À un moment marqué par le silence de certains, l’Europe a beaucoup à dire dans ce combat», a commenté le premier ministre espagnol Pedro Sanchez, qui accueillait la réunion au pied levé après la défection du Chili.

«Parce que nos sociétés le réclament (…) mais aussi pour des raisons de justice historique: l’Europe a mené la révolution industrielle et le capitalisme fossile, elle doit mener la décarbonation», a-t-il insisté.

Les défenseurs de la planète espèrent que lors du sommet européen des 12 et 13 décembre, les 28 pourront s’entendre sur l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050.

«Nous serons les champions de la transition verte», a assuré le nouveau président du Conseil européen Charles Michel, réclamant une «révolution verte».

Aujourd’hui, seuls 68 pays se sont engagés à revoir à la hausse leurs engagements de réduction d’émissions de CO2 en 2020, avant la COP26 à Glasgow (Royaume-Uni). Mais ils ne représentent que 8% des émissions mondiales, selon les experts.

Les pays du Sud ont aussi fait entendre leur voix, réclamant de l’aide pour faire face aux désastres.

«Les atolls les plus vulnérables comme mon pays sont déjà dans le couloir de la mort», a souligné à distance par vidéo la présidente des Iles Marshall, Hilda Heine. «L’eau recouvre déjà la plus grande partie de notre territoire à un moment ou un autre de l’année (…) En tant que nation, nous ne voulons pas fuir. Mais nous refusons aussi de mourir.»

Vu l’ampleur des réformes nécessaires partout dans le monde pour réduire les émissions, qui risquent d’aggraver les inégalités sociales, la question de la transition «juste» était également sur toutes les lèvres.

«Les crises sociale et environnementale sont les crises du XXIe siècle. Ce sont les deux faces d’une même pièce, on ne peut pas s’attaquer à l’une sans faire face à l’autre», a insisté la ministre chilienne de l’Environnement Carolina Schmidt, présidente de cette COP25. «Il ne faut abandonner personne».

Les déclarations vibrantes n’ont pas convaincu les militants d’Extinction Rebellion, qui ont appelé les «rebelles sans frontières» à rejoindre Madrid pour des actions de désobéissance civile.

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