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Le renvoi de Trump en procès approuvé lors d’un vote préliminaire

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Donald Trump Photo: Mark Wilson/Getty Images

L’acte d’accusation de Donald Trump a été approuvé vendredi par une commission à majorité démocrate du Congrès, franchissant une étape décisive avant un vote historique sur le probable renvoi du président des États-Unis en procès pour destitution.

Deux mois et demi après l’explosion du «scandale ukrainien», la commission judiciaire de la Chambre des représentants a adopté, en suivant des lignes strictement partisanes, deux chefs d’inculpation retenus par les démocrates contre le milliardaire: «abus de pouvoir» et «entrave à la bonne marche du Congrès».

Il revient désormais à la Chambre de voter sur ce texte lors d’une séance plénière attendue mercredi, selon les médias.

Une destitution très peu probable

Compte-tenu de la majorité démocrate dans cette enceinte, Donald Trump est quasi assuré d’être mis en accusation. Il devrait toutefois échapper à une destitution, le Sénat, chargé de le juger, étant contrôlé par les républicains qui font bloc autour de leur président.

Le chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, l’a d’ailleurs affirmé jeudi soir sur Fox News: «Il n’y a aucune chance que le président soit destitué».

Même s’il est acquitté, son renvoi en procès entachera le bilan de Donald Trump et ternira sa campagne de réélection, bien qu’il conserve un soutien massif auprès de sa base républicaine.

Avant lui, seuls deux présidents, Andrew Johnson en 1868 et Bill Clinton en 1998, ont vécu une telle épreuve. Mis en cause dans un scandale d’espionnage politique, dit du «Watergate», le républicain Richard Nixon avait démissionné en 1974 pour éviter cet «impeachment».

Avant de passer au vote, la commission judiciaire a débattu pendant une quinzaine d’heures. Ces discussions fleuves, émaillées de nombreuses escarmouches, ont exposé deux visions diamétralement opposées de la conduite de Donald Trump, qui reflètent les fractures de la société américaine face à ce président atypique.

Le cas ukrainien

Les ennuis du milliardaire ont commencé quand un mystérieux lanceur d’alerte s’est alarmé de la teneur d’un échange téléphonique entre le président américain et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

Dans cet appel du 25 juillet, le magnat de l’immobilier priait son interlocuteur d’enquêter sur de possibles ingérences ukrainiennes dans l’élection de 2016 — reprenant à son compte une théorie en vue dans les milieux conspirationnistes.

Surtout, il lui demandait de «se pencher» sur le démocrate Joe Biden, bien placé pour l’affronter lors de la présidentielle de 2020, et les affaires de son fils Hunter en Ukraine.

Or, une aide militaire cruciale pour Kiev, en conflit armé avec la Russie, avait été bloquée quelques jours avant cet appel, sans explication.

De ces faits incontestés, démocrates et républicains tirent des conclusions aux antipodes.

Pour les premiers, Donald Trump a commis un «abus de pouvoir» pour s’assurer un avantage dans l’élection de 2020, mettant en jeu l’intégrité du scrutin et la sécurité des États-Unis.

Les démocrates lui reprochent aussi d’avoir «entravé» le travail du Congrès en refusant de participer à leur enquête.

Jugeant la procédure «inconstitutionnelle», la Maison Blanche a en effet interdit à des conseillers du président de témoigner ou de fournir des documents réclamés par la Chambre.

Donald Trump et ses partisans jurent de leur côté qu’il n’y a eu «aucune pression» exercée sur l’Ukraine et que les demandes d’enquête étaient légitimes pour lutter contre des soupçons de «corruption».

Selon eux, Hunter Biden a été employé par le groupe gazier ukrainien Burisma uniquement parce que son père était à l’époque vice-président des États-Unis.

Pour eux, la procédure de destitution est motivée par l’aversion des démocrates pour un président au style peu conventionnel, et par leur peur de perdre de nouveau contre lui en 2020.

Au cours des débats fleuves, les républicains se sont attachés à présenter la procédure comme une offensive visant aussi les électeurs de Donald Trump. «Il ne s’agit pas simplement d’une attaque contre la présidence, c’est une attaque contre nous tous», a tonné l’élu Matt Gaetz.

L’impact des débats sur l’opinion est incertain: selon la moyenne des sondages établie par le site FiveThirtyEight, 47,3% des Américains soutiennent une destitution de Donald Trump et 45,9% sont contre.

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