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Le ton monte entre la Bolivie et l’Espagne après un incident diplomatique

Le ton monte entre la Bolivie et l'Espagne après un incident diplomatique
La présidente par intérim de la Bolivie Jeanine Anez et son équipe Photo: AFP
Rédaction - Agence-France Presse

Le ton monte entre La Paz, Mexico et Madrid, après un incident diplomatique impliquant ces trois pays: la Bolivie, qui accuse les deux autres d’avoir voulu exfiltrer l’ancien bras droit de l’ex-président Evo Morales, va expulser les représentants mexicains et espagnols.

Selon le gouvernement bolivien, «des personnes identifiées comme des fonctionnaires de l’ambassade d’Espagne en Bolivie, accompagnées d’hommes cagoulés» ont «tenté d’entrer subrepticement dans la représentation diplomatique mexicaine de La Paz» où ont trouvé asile plusieurs personnes recherchées par la justice, en essayant de forcer vendredi une barrière de sécurité de la police bolivienne.

L’incident, survenu vendredi, s’est produit durant une visite de la chargée d’affaires de l’Espagne Cristina Borreguero à l’ambassadrice mexicaine Maria Teresa Mercado.

L’ambassade du Mexique à La Paz abrite une dizaine d’ex-fonctionnaires du gouvernement Morales qui ont démissionné le 10 novembre dans la foulée du président bolivien, lâché par l’armée après trois semaines de violentes manifestations.

Parmi eux figurent l’ex-ministre à la Présidence Juan Ramon Quintana et l’ex-ministre de la Culture Wilma Alanoca qui, comme leur président, sont recherchés dans le cadre d’une enquête pour «sédition» et «terrorisme».

«Nous pensons que le but était d’extraire le criminel Juan Ramon Quintana» de l’ambassade du Mexique, a déclaré samedi le ministre bolivien de l’Intérieur Arturo Murillo. «Cela a échoué».

«Le gouvernement constitutionnel que je préside a décidé de déclarer « persona non grata » l’ambassadrice du Mexique en Bolivie, Maria Teresa Mercado, la chargée d’affaires d’Espagne en Bolivie, Cristina Borreguero, le consul, Alvaro Fernandez», a déclaré lundi Mme Añez à la presse.

Ils ont «72 heures» pour quitter le pays, a-t-elle ajouté.

En représailles, Madrid a annoncé lundi l’expulsion de trois diplomates boliviens.

De son côté, le Mexique a dénoncé le caractère «politique» de cette décision, estimant que son ambassadrice avait agi dans le cadre du droit international.

Avant cette incident, Mexico avait exprimé à plusieurs reprises sa crainte que le gouvernement bolivien en exercice n’entre de force dans son ambassade pour y arrêter les personnes réfugiées.

Relations tendues

Les relations entre les deux pays sont tendues depuis que le Mexique a accueilli un temps l’ancien président Evo Morales, avant qu’il ne s’installe finalement en Argentine.

La cheffe de la diplomatie bolivienne, Karen Longaric, a précisé lundi que ces expulsions « n’impliquaient aucunement une rupture des relations diplomatiques », mais le Mexique et l’Espagne devront nommer de nouveaux représentants.

Madrid, qui va envoyer des enquêteurs en Bolivie, a nié tout projet d’exfiltration.

« Le ministère souhaite préciser que la chargée d’affaires effectuait une visite de pure courtoisie et nie avec véhémence qu’il y ait eu un but quelconque de faciliter l’évacuation de personnes réfugiées dans le bâtiment », a indiqué samedi un communiqué du ministère espagnol des Affaires étrangères.

Selon des sources diplomatiques et du ministère de l’Intérieur citées par les médias espagnols, ces hommes armés et cagoulés étaient des agents du Groupe Spécial d’Opérations (GEO) chargés de la sécurité des diplomates espagnols à La Paz.

Les membres de l’escorte «ont déposée (la chargée d’affaires de l’Espagne) à la représentation diplomatique (mexicaine) et sont repartis. Une heure plus tard, quand ils sont allés la rechercher, ils se sont trouvés face à un attroupement qui a provoqué un incident», a écrit dimanche El Mundo.

«Plusieurs personnes en civil ont commencé à donner des coups de pied dans les voitures, ont empêché les occupants d’en sortir et leur ont même bloqué la route».

Les agents du GEO sont alors descendus de voiture, le visage dissimulé par une cagoule, pour se frayer un chemin et aller chercher la diplomate. «Les GEO ont agi correctement, ils ont empêché que l’incident s’aggrave, alors que la police bolivienne qui était tout proche ne faisait rien. Et ils avaient le droit d’avoir des armes dans une voiture diplomatique, c’est ce qui est prévu. Ils n’en seraient pas descendus s’il n’avait pas été nécessaire de sortir la chargée d’affaires de là», selon les sources citées par El Mundo.

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