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Irak: les Américains visés après les obsèques d’un général iranien assassiné

Un membre des forces irakiennes Hachd al-Chaabi marche sur un drapeau américain affichant une photo de Donald Trump avec un grand X.
Un membre du groupe paramilitaire irakien Hachd al-Chaabi. Photo: Hussein Faleh/AFP

Les soldats américains en Irak semblent directement visés par les factions pro-Iran, qui ont fait monter la pression samedi sur les bases abritant des soldats américains. Ce nouveau développement arrive à l’issue d’une journée de défilés monstres pour les funérailles du puissant général iranien Qassem Soleimani tué à Bagdad par les États-Unis.

En soirée a débuté ce qui pourrait être le début de l’escalade tant redoutée depuis le raid qui a pulvérisé vendredi le convoi de Soleimani et d’Abou Mehdi al-Mouhandis, numéro deux du Hachd al-Chaabi, coalition de combattants pro-Iran désormais intégrés aux forces de sécurité irakiennes.

Deux endroits où sont déployés des soldats américains, soit la Zone verte de Bagdad où se trouve l’ambassade américaine et une base militaire plus au nord, ont été visés sans faire de victimes.

«Guerre directe»

«Les États-Unis attaquent directement un général iranien et des groupes combattent désormais ouvertement au service de l’Iran pour venger ce général: ce n’est plus une guerre par procuration, c’est une guerre directe», affirme à l’AFP Erica Gaston, chercheuse à la New America Foundation.

Après les attaques de samedi soir, les brigades du Hezbollah, la faction la plus radicale du Hachd, ont appelé les forces de sécurité irakiennes à s’éloigner «d’au moins 1000 mètres» des bases irakiennes où sont présents les soldats américains, à partir de dimanche à 17h locales.

Plus tôt dans la journée, le parlement doit tenir une séance extraordinaire au cours de laquelle il pourrait voter l’expulsion des 5200 militaires américains déployés en Irak.

L’OTAN a déjà suspendu ses opérations en Irak et la coalition antijihadistes emmenée par les États-Unis les a réduites tout en renforçant la sécurité des bases où se trouvent les Américains. Washington a déjà annoncé le déploiement de 3000 à 3500 soldats supplémentaires dans la région.

En soirée, des drones survolaient la base K1 de Kirkouk, où sont postés des Américains, de même que celle de Balad, au nord de Bagdad, selon des sources sur place.

Appels à la vengeance

Samedi, les appels à la «vengeance» ont fusé au milieu des drapeaux américains en feu et des cris de «Mort à l’Amérique» dans des défilés de dizaines de milliers d’Iraniens en pleurs à Téhéran, ou d’Irakiens en noir et se frappant la poitrine en signe de deuil à Bagdad et à Kerbala et Najaf, deux villes saintes au sud de la capitale.

En présence du premier ministre démissionnaire Adel Abdel Mahdi et de hauts commandants du Hachd, ils ont accompagné dans la Zone verte ultrasécurisée les cercueils des dix hommes tués vendredi par un drone américain près de l’aéroport de Bagdad.

Devant celui de Mouhandis, Hadi al-Ameri, patron des députés pro-Iran au Parlement, a lancé: «Sois-en sûr, le prix de ton sang sera le départ des troupes américaines d’Irak».

Et à l’approche de la réunion au parlement, un député pro-Iran avertit déjà: «chaque député qui n’assistera pas au vote pour bouter l’occupant hors d’Irak sera un traître à la patrie».

Rare consensus contre les États-Unis

L’assassinat de Soleimani a créé un consensus rare contre les États-Unis dans un Irak secoué depuis des mois par une révolte contre le pouvoir et la mainmise de l’Iran.

Depuis l’assassinat de Soleimani il y a près de 48 heures, la communauté internationale redoute la déflagration.

Moscou et Paris ont appelé à ne pas «aggraver sérieusement la situation» au Moyen-Orient.

Justifiant l’ordre de tuer Soleimani, le président américain Donald Trump a assuré qu’il préparait des attaques «imminentes» contre diplomates et militaires américains.

«Personne n’imagine que les Iraniens vont reculer», tranche la spécialiste de l’Iran Erica Gaston.

Malgré l’escalade verbale, le travail diplomatique en coulisses semble s’intensifier. Le chef de la diplomatie qatarie, Mohammed ben Abderrahmane Al-Thani, dont le pays est proche de l’Iran et abrite la plus grande base américaine au Moyen-Orient, a rencontré son homologue iranien Mohammad Javad Zarif à Téhéran.

Enterrement des morts

En Irak, Mouhandis et les quatre autres Irakiens tués ont été enterrés en soirée à Najaf dans le plus grand cimetière chiite du monde.

Les corps des cinq Iraniens tués avec eux, dont Soleimani, seront eux transférés dimanche vers leur pays. Le puissant général sera enterré mardi à Kerman (centre), après trois jours de cérémonies d’hommage.

Son assassinat a été ordonné deux jours après l’attaque de l’ambassade américaine lors du cortège funéraire de 25 combattants des brigades du Hezbollah tués dans un autre bombardement américain dimanche.

Washington avait alors répondu à la mort d’un sous-traitant américain dans une énième attaque à la roquette, attribuées aux pro-Iran par Washington mais jamais revendiquées.

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