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La Palestine dit rompre «tout lien» avec Israël et Washington après le plan Trump

Le président de la Palestine, Mahmoud Abbas
Le président de la Palestine, Mahmoud Abbas Photo: Stephanie Keith/Getty Images
Rédaction - Agence France-Presse

Le président de la Palestine, Mahmoud Abbas, a annoncé samedi la rupture de «toutes les relations», y compris sécuritaires, entre l’Autorité palestinienne d’une part, et Israël et Washington d’autre part, dans le sillage de l’annonce du plan de l’administration Trump sur le conflit israélo-palestinien.

M. Abbas, qui s’exprimait au Caire à l’occasion d’une réunion extraordinaire de la Ligue arabe à sa demande, avait déjà annoncé en juillet 2019 son intention de «ne plus appliquer les accords signés avec Israël», lors d’une poussée de tensions. Il n’avait toutefois pas traduit cette démarche dans les faits.

Samedi, le président de l’Autorité palestinienne s’est voulu catégorique en affirmant qu’il n’y aurait désormais «aucune sorte de relation» avec les Israéliens «ainsi qu’avec les États-Unis, y compris en matière sécuritaire, à la lumière» du plan américain dévoilé mardi par le président Donald Trump.

Alors que certains pays arabes avaient réagi de manière très prudente au plan dévoilé mardi – certaines capitales appelant même à l’examiner –, la Ligue arabe a rejeté officiellement l’offre de la Maison-Blanche.

Ce plan «ne respecte pas les droits fondamentaux et les aspirations du peuple palestinien», a affirmé l’organisation, en promettant que les dirigeants arabes ne coopèreraient pas avec Washington pour sa mise en oeuvre.

Réunie autour de M. Abbas au niveau de ses ministres des Affaires étrangères, la Ligue arabe a insisté sur la création d’un État palestinien fondé sur les frontières d’avant la guerre des Six jours, en 1967.

Ce conflit avait mené à l’occupation israélienne de la Cisjordanie, de la bande de Gaza et de Jérusalem-Est, partie de la Ville sainte dont les Palestiniens veulent faire la capitale de l’État auquel ils aspirent.

«Puissance occupante»

Lors de cette réunion, Mahmoud Abbas, qui a affirmé avoir averti le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou de sa décision, a appelé l’État hébreu à «prendre ses responsabilités en tant que puissance occupante» des Territoires palestiniens.

Les Palestiniens «ont le droit de continuer leur lutte légitime par des moyens pacifiques pour mettre fin à l’occupation», a-t-il ajouté, justifiant son annonce par le fait que le plan américain constituait une «violation des accords d’Oslo» signés avec Israël en 1993.

Ces accords, dont M. Abbas a été une figure clé durant les négociations, ont permis de créer l’Autorité palestinienne et de définir les relations avec l’État hébreu dans des domaines allant de la gestion de l’eau à la coordination sécuritaire, en passant par les liens économiques.

Si les Palestiniens cessent d’appliquer les accords conclus avec Israël, cela pourrait avoir des conséquences notamment sur la sécurité en Cisjordanie, un territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.

Environ 400 000 colons israéliens y vivent, de manière souvent conflictuelle, avec plus de 2,5 millions de Palestiniens, et la coopération entre services de sécurité palestiniens et israéliens passe pour avoir permis de déjouer des dizaines d’attentats anti-israéliens.

Les Israéliens assurent de leur côté que l’Autorité palestinienne y trouve son compte avec le maintien de la stabilité.

Précédent

Avant cette annonce et ses déclarations de juillet 2019, M. Abbas avait déjà indiqué suspendre la coordination sécuritaire avec Israël en juillet 2017, avant de la rétablir officiellement un an plus tard.

Pendant cette année de pause, elle avait toutefois été maintenue de facto à 95%, d’après la police palestinienne.

Si M. Abbas a en outre gelé les relations entre Ramallah et Washington dès décembre 2017 – après la reconnaissance unilatérale par M. Trump de Jérusalem comme capitale d’Israël –, l’Autorité palestinienne a maintenu ses contacts avec la CIA.

Rejeté en bloc par les Palestiniens mais considéré comme «historique» par le gouvernement israélien, le plan américain présente plusieurs points sensibles, que M. Abbas a parcouru en long et en large pendant la réunion de la Ligue arabe.

Le premier est l’annexion par l’État hébreu de colonies israéliennes, soit environ 30% de la Cisjordanie, selon les calculs du président palestinien.

Selon le plan de M. Trump, Israël peut procéder immédiatement à cette annexion, tandis que les Palestiniens doivent faire preuve pendant quatre ans de «bonne volonté» avant d’obtenir un État morcelé, a dénoncé M. Abbas.

Les Palestiniens doivent de plus reconnaître l’«État juif», désarmer la bande de Gaza –depuis plus d’une décennie sous contrôle du Hamas islamiste –, et renoncer à leur droit au retour après l’exode provoquée par la création d’Israël en 1948, a-t-il résumé.

Le président palestinien a annoncé qu’il se rendrait au Conseil de sécurité de l’ONU – où Washington a un droit de veto – d’ici peu pour appeler à une conférence internationale visant à relancer les négociations avec Israël, sous l’égide d’un quartet incluant la Russie, l’Union européenne, l’ONU et les États-Unis.

«Mais nous n’accepterons pas que ce soit uniquement les États-Unis. Nous avons déjà essayé», a-t-il ajouté.

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